TOUT EST DIT

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vendredi 6 août 2010

Dites-le avec des taureaux


Le Parlement de Catalogne vient d'interdire les corridas. Cette décision réjouira les défenseurs des animaux, mais il est clair que sa motivation principale n'est pas la sollicitude à l'égard de la gent taurine : les députés qui l'ont votée à une confortable majorité (68 voix pour, 55 contre) appartiennent presque tous aux deux partis autonomistes de la région. En reniant ce symbole de l'identité espagnole, ils ont surtout voulu affirmer l'identité catalane. Le thème de leur attaque est d'ailleurs très bien choisi : d'abord parce qu'il répond, malgré tout, à l'exigence morale d'une opinion, en Espagne comme à l'étranger, de plus en plus hostile aux courses de taureaux. Ensuite parce qu'il ne coûte pas très cher politiquement : Barcelone, qui fut jadis un des hauts lieux de la tauromachie (avec trois arènes, dont la Monumental, la plus grande d'Espagne), a vu fondre depuis quelques années la fréquentation des corridas. Enfin, parce qu'il procure aux autonomistes une appréciable victoire médiatique. Le vote anticorrida, en effet, a occupé plus de place dans la presse internationale que la manifestation qui avait réuni dans les rues de Barcelone, le 10 juillet dernier, plus d'un million de personnes. Le motif de la colère était la décision de la Cour constitutionnelle de Madrid, rendue publique fin juin : elle remettait profondément en cause la charte de 2006 qui définissait le statut de la région - texte pourtant voté par les deux chambres du Parlement espagnol et massivement approuvé par un référendum en Catalogne. La cour déclarait « dépourvu de portée juridique » le terme de « nation » qui figurait dans la charte, et rabotait sévèrement les prérogatives fiscales et juridiques régionales. Beaucoup s'inquiètent, avec raison, des tendances « micronationalistes » qui s'affirment un peu partout en Europe. Il n'empêche : on aimerait que les indépendantistes de tout bord, à l'est du continent comme au Pays basque ou en Corse, trouvent pour s'exprimer des moyens aussi pacifiques que leurs homologues catalans.

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