TOUT EST DIT

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vendredi 6 août 2010

Dilemme afghan

Les opinions publiques des pays engagés en Afghanistan s’interrogent sur le bien-fondé de leur présence en cette terre étrangère, dont le but était d’éradiquer l’un des foyers les plus virulents du terrorisme islamiste. Le doute se fait pressant sur l’efficacité de ce qu’il faut bien appeler une guerre et sur le risque d’enlisement. L’opération est coûteuse en vies humaines pour les soldats occidentaux, coûteuse aussi pour les civils afghans pris au piège des combats : jeudi 5 août, le président Karzaï demandait une enquête après la mort de 12 civils tués lors d’une frappe de l’Otan. La mort de civils est en soi scandaleuse, mais en outre elle ruine les efforts déployés pour obtenir l’adhésion de la population afghane. Le général Petraeus, nouveau commandant des forces internationales, a d’ailleurs dû redéfinir les conditions d’engagement pour « réduire les pertes de civils innocents à un minimum absolu ».

Aux États-Unis le sujet demeure brûlant pour l’administration Obama, notamment après les critiques du général McChrystal sur la stratégie américaine qui avaient provoqué sa mise à l’écart et la publication de documents militaires secrets, révélant certaines bavures sur le terrain. Si le débat en France reste feutré, il a conduit les Pays-Bas à décider le retrait de leurs troupes, malgré les demandes de l’Otan de prolonger leur présence un an encore. Ce départ a été salué dans un communiqué des talibans, rendu public par le Centre de surveillance des sites Internet islamistes (SITE). Les talibans se félicitent de la volonté néerlandaise de « rejeter l’insistance des États-Unis à prolonger le mandat de leurs troupes » et souhaitent que d’autres pays, « comme l’Allemagne », prennent la même direction. Leur ennemi est clairement désigné : « Les troupes américaines devront rester seules en Afghanistan et payer les conséquences de leur invasion » !

Par cette satisfaction affichée, les talibans offrent, à leur manière, l’argument susceptible de justifier l’engagement en Afghanistan. Du moins obligent-ils à s’interroger sur le moment où il sera possible de désengager les troupes, sans « laisser tomber » les Afghans. Pour que le dernier mot ne revienne pas à ces talibans.


Dominique Quinio

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