TOUT EST DIT

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mardi 17 août 2010

Au miroir des solitudes

Un Français sur dix serait en situation de solitude objective et un sur quatre, faute de diversité suffisante dans ses relations sociales, pourrait le devenir. C'est ce que révèle l'enquête menée à la demande de la Fondation de France (zoom ci-contre), conduite auprès de plus de 4 000 personnes âgées de 18 ans et plus.
Selon cette étude, plus de quatre millions de Français, soit un adulte sur dix, n'accéderaient à aucun des quatre grands réseaux de sociabilité identifiés que sont la famille, les amis, la vie professionnelle et la vie associative. Dans la mesure où 25% des Français interrogés ne participeraient qu'à un seul de ces réseaux, le risque est patent : « Fragilisées, ces personnes se trouvent dans une situation d'exclusion potentielle sans en avoir conscience », commente la Fondation de France. Qui propose, avec son aide, de promouvoir de nouvelles formes d'habitat collectif, des gardes d'enfant 24 h sur 24 ou des cafés sociaux.
La tâche paraît immense face à un phénomène d'isolement qui certes n'est pas nouveau. La recomposition des familles, la précarisation des revenus et le sous-emploi chronique, le vieillissement de la population et même une forme de dénuement de l'urbanisme et des services collectifs concourent à alimenter la machine à produire des solitaires. Aussi efficace dans sa dureté à la campagne qu'en ville.
Les déchirures familiales sont citées comme étant à l'origine de l'isolement dans 56% des cas, loin devant les rupture à caractère professionnel. Souvent mésestimée par les politiques publiques, la famille française, on le sait, a considérablement contribué à adoucir les conséquences des crises économiques depuis près de quarante ans. Cet amortisseur, quasi invisible dans le budget de la Nation, montre désormais des signes d'essoufflement..
Paradoxe, à l'heure des réseaux sociaux électroniques ? Les bulletins de victoire des grands attrape-tout virtuels, qui alignent des millions d'adhérents, sont à côté de la plaque. Neuf solitaires sur dix ne fréquentent pas ces réseaux qui ne touchent que les meilleurs revenus. On peut d'ailleurs s'interroger sur le décrochement qui commence à se produire entre des tranches de populations gavées par un « hyperlien social » et les autres. « Les réseaux sociaux électroniques restent l'apanage de personnes disposant d'un capital social important », affirme la Fondation de France. Dans un pays collectivement convaincu par sa douceur de vivre, Internet n'est pas le grand rassembleur dont rêvent certains.

Antoine Latham

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