TOUT EST DIT

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mercredi 19 mai 2010

Libération à trois bandes

Bien sûr il y a eu tractations évidemment le gouvernement a eu raison de ne pas abandonner Clotilde Reiss à sa captivité. Même si la libération des deux Iraniens par la justice française apparaît comme une lourde concession, malgré les dénégations puériles de Bernard Kouchner, il n'y a rien de scandaleux à ce que la France ait payé pour rapatrier sa ressortissante. Ce qui est étonnant c'est le débat que suscite toute cette mise en scène et le questionnement sur les conditions de règlement de l'affaire. Bien au-delà de la libération de Clotilde Reiss et du renvoi de l'assassin de Chapour Bakhtiar dans son pays, l'heureux dénouement signe surtout une victoire politique de l'Iran qui fait passer au second plan la "mousse" de cet épilogue aux allures de billard à trois bandes.

Clotilde Reiss n'a pas été graciée mais libérée contre une amende dont s'est acquittée la France. Notre diplomatie reconnaît implicitement, en faisant ce chèque, que la jeune fille n'est peut-être pas seulement la timide lectrice de l'université d'Ispahan passionnée par l'Iran. « Collaboratrice discrète » de notre ambassade ou pas, les médiations du président brésilien Lula, du Turc Erdogan, de la Syrie et du Sénégal, ont sans aucun doute aidé à la solution du cas Reiss devenu embarrassant pour Téhéran. Mais elles visaient d'abord et avant tout à tenter l'accord de la dernière chance sur la question du nucléaire iranien.

En acceptant d'enrichir une partie de son uranium en Turquie, Ahmadinejad cherche sans doute écarter, au moins provisoirement, les menaces occidentales. Mais il fait aussi la démonstration que l'Iran n'est pas un pays isolé qu'il dispose de puissants relais internationaux et que l'on peut utilement négocier avec lui.

Grâce à ses soutiens, en particulier ceux du Brésil et de la Turquie, membres du Conseil de sécurité, le régime des mollahs a réussi à imposer à l'agence internationale de l'énergie atomique de prendre en compte dans ses considérations le nucléaire israélien. Ahmadinejad espère ainsi passer entre les gouttes des sanctions, et déplace la pression sur Israël. Pendant ce temps la répression et les exécutions des opposants continuent en Iran.

DANIEL RUIZ

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