Ce sera donc la totale. L'interdiction intégrale contre les intégristes ! La prohibition du niqab partout. Et tant pis pour le Conseil d'État qui recommandait plus de prudence. Pour que le gouvernement s'asseye sur l'avis de la plus haute juridiction administrative française, il fallait, semble-t-il, qu'il y ait péril en la demeure... et des doutes sur la pertinence de ces messieurs (et quelques dames) du Palais-Royal. Après tout, De Gaulle, lui-même, n'avait pas pris davantage de gants avec cette institution non élue quand elle s'était déclarée défavorable à l'élection du président au suffrage universel.
Avouons-le : la décision du Conseil des ministres présente un très gros avantage. Elle est simple. Elle est claire. Elle ne s'expose à aucun risque d'interprétation. Elle met un point final à une dérive intolérable pour l'image et la liberté de toutes les femmes bien au delà de celles qui s'affligent d'une telle servitude volontaire quand elle n'est pas imposée .
Avouons-le aussi, la fermeté de l'exécutif procure la satisfaction, basique mais réelle, de renvoyer dans les cordes l'insolence insupportable de tous les barbus de Nantes et d'ailleurs qui défient les règles du vivre ensemble républicain en instrumentalisant une logique démocratique - chacun est libre de s'habiller comme il veut - pour imposer une logique fondamentaliste dans un pays laïque.
En bonne logique, il ne devrait nous rester qu'une impatience. En finir vite avec ce dossier polémique, important certes, mais tout de même loin des urgences prioritaires du pays. Le soulagement, pourtant, n'est pas au rendez-vous. La manière forte n'est pas sans risque, en effet. Et si le gouvernement était en train de foncer tête baissée dans le piège de la provocation ?
Les extrémistes islamiques n'attendent que ça - l'interdiction générale - pour crier au scandale et jouer la stratégie de la victimisation. Leur objectif, c'est de mettre en porte-à-faux l'immense majorité des musulmans français... qui ne les aiment pas, en instillant en eux le poison de la culpabilisation : ne doivent-ils pas se lever contre cette stigmatisation religieuse ?
Bon nombre de politiques, y compris au sein de la majorité UMP, et y compris le chef de l'État lui même, répugnaient au principe d'une loi dure, porteuse d'effets secondaires contre-productifs. Le débat a finalement tourné le dos à la sagesse et à la réflexion pour s'abandonner à la pression des événements, mélanger sciemment les genres et se laisser pervertir par des considérations électoralistes. La surenchère a prévalu sur l'efficacité. Le réflexe a submergé la raison : certains députés réclament maintenant un référendum en cas de censure, probable, du Conseil constitutionnel saisi à coup sûr. Faut-il vraiment être ultra ?
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