TOUT EST DIT

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mardi 18 mai 2010

L'euro coule, l'Eurogroupe dit sa confiance

Les ministres des finances de la zone euro se sont dits préoccupés, lundi, par la chute rapide de l'euro, et promettent de redoubler d'efforts pour réduire leurs déficits afin d'enrayer la crise de confiance qui continue d'ébranler l'Union monétaire. Malgré le gigantesque plan de soutien de 750 milliards d'euros mis sur pied il y a une semaine, les marchés restent nerveux et continuent à être préoccupés à la fois par la dette accumulée par les Etats, et par l'impact négatif de leurs plans de rigueur sur la croissance.
Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a tenté de rassurer en affirmant que l'euro restait "une monnaie crédible". "Je ne suis pas préoccupé par le taux de change actuel [de l'euro] mais par la vitesse à laquelle le taux de change s'est détérioré", a-t-il toutefois reconnu. Le commissaire européen au marché intérieur, Michel Barnier, estime mardi que le niveau de l'euro, actuellement chahuté sur les marchés, devait être jugé "sur une certaine durée". "L'euro a regagné du terrain après être tombé lundi à son plus bas niveau depuis quatre ans contre le dollar, en raison des craintes persistantes liées aux dettes souveraines de la zone euro", a-t-il déclaré sur France-Inter. L'euro demeurait sous pression mardi face au billet vert. Vers 8 heures (heure de Paris), la monnaie européenne valait 1,2363 dollar contre 1,2394 dollar lundi soir. La monnaie européenne était tombée à 1,2235 dollar lundi matin, son plus bas niveau depuis le 18 avril 2006.

Pour ne rien arranger, le mécanisme sans précédent de 750 milliards d'euros de prêts et de garantie de prêts décidé le 10 mai, pour les pays de la zone euro qui auraient des difficultés à emprunter sur les marchés financiers, peine à être finalisé. M. Juncker a dû convoquer une nouvelle réunion des ministres des finances de la zone euro pour vendredi afin de boucler "les détails techniques". Toutefois, selon des sources diplomatiques, de longues et difficiles discussions ont eu lieu lundi soir à ce sujet à Bruxelles, notamment entre l'Allemagne et la France. Le dispositif prévoit 60 milliards de prêts européens gagés sur le budget de l'UE, 440 milliards d'euros de garanties apportées par les pays de la zone euro pour des prêts, et 250 milliards d'euros de prêts du FMI, soit 750 milliards d'euros au total.

Dans le même temps, M. Juncker a reconnu à demi-mot qu'un des points difficiles porte sur l'adoption par les Parlements nationaux du déblocage de garanties pour des prêts, si un pays de la zone euro venait à faire appel au mécanisme. La Finlande serait dans ce cas mais, selon une source diplomatique ; l'Allemagne aurait aussi longuement évoqué cet aspect, lundi soir, lors de discussions avec la France.

Les pays membres de l'Eurogroupe ont également soutenu la proposition de la Commission européenne d'organiser au premier semestre de chaque année un examen contradictoire des projets de budgets nationaux ,et ont estimé que la réduction des déficits publics ne devrait pas se faire au détriment de la croissance. "En ce qui concerne le mécanisme européen de stabilité financière, nous en avons discuté les principes et les paramètres (...) afin que les travaux techniques puissent être conclus prochainement", a déclaré le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.

Michel Barnier estime que cet examen des projets de budgets nationaux par l'Union européenne est un "progrès". "C'est un pouvoir supplémentaire pour chaque député que de voter en toute connaissance de cause", a déclaré M. Barnier sur France-Inter. "C'est une des leçons de la crise, je souhaitais depuis longtemps cette évolution vers davantage de gouvernance économique et budgétaire économique", a ajouté l'ancien ministre français. "On a la même monnaie, on est dans le même marché, on est totalement interdépendants", a-t-il fait remarquer.

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