TOUT EST DIT

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mardi 18 mai 2010

Ces anglo-saxons pour qui l'euro est condamné

Ils s'appellent Joseph Stiglitz, Nouriel Roubini, Paul Krugman ou Paul Volker et ils ne cachent pas leur doutes sur la pérennité de la zone euro. Explications.

La zone euro risque de s'effondrer. Peut-être pas d'ici 3 ans, grâce au répit offert par le plan de sauvetage massif de 750 milliards d'euros... Mais d'ici 10 ans, cette issue semble de plus en plus réaliste du point de vue de nombreux économistes anglo-saxons. Y compris les plus influents : Joseph Stiglitz, Nouriel Roubini, Paul Krugman et Paul Volker ont tous récemment émis des doutes sur l'intégrité à moyen terme de l'union monétaire. Voici pourquoi.

La zone euro n'a pas été dotée des armes capables de la défendre contre un choc asymétrique.
C'est l'argument du « péché originel» que les eurosceptiques brandissent depuis toujours : si un pays devait un jour être touché plus qu'un autre par une récession ou par un taux de chômage élevé, comment arriverait-il à s'ajuster tout en étant privé de sa politique monétaire ? Réponse : il ne le pourrait pas. Aux Etats-Unis, le gouvernement est fédéral. Si un des Etats est frappé par une crise, il est donc immédiatement renfloué. Et la forte mobilité du marché du travail signifie que si le chômage est élevé dans un Etat, la population cherche un emploi ailleurs. En contraste, la zone euro n'a ni système budgétaire centralisé ni une forte mobilité des travailleurs.

Autre tare originelle : la zone de monnaie unique a été instaurée sans le corollaire indispensable de coordination budgétaire. Certes, le Pacte de stabilité devait faire converger les finances publiques des différents Etats, mais ces limites de déficit et de dette n'ont été ni strictement appliquées, notamment par la Grèce, et n'apparaissent pas pertinentes pour des pays comme l'Espagne. Car comme le fait remarquer Martin Wolf dans le Monde, il était facile pour l'Espagne de respecter les critères de dette publique alors que l'endettement privé explosait... C'est pourquoi le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz affirme que si l'Europe "ne règle pas ses problèmes institutionnels fondamentaux, l'avenir de l'euro sera peut-être très bref".

Les causes de la crise sont mal diagnostiquées, donc les remèdes ne sont pas appropriés.

Selon Wolfgang Munchau, directeur d'Eurointelligence, dans les colonnes du Financial Times, aussi bien la France que l'Allemagne se fourvoient dans leur analyse de la crise. Pour simplifier : les Français croient que les spéculateurs sont à blâmer, d'où la nécessité de leur faire barrage grâce au plan de soutien massif UE-FMI. Les Allemands estiment que c'est « la débauche budgétaire » qui est l'origine de tous les maux, d'où leur volonté d'imposer de l'austérité et de renforcer le Pacte de stabilité. Sauf qu'ils « se trompent tous les deux » tranche le chroniqueur, qui affirme d'une part que l'euro n'est pas victime d'attaques spéculatives mais d'une perte de confiance légitime de la part des investisseurs, et d'autre part que l'origine des maux portugais et espagnols n'est pas le déficit mais le manque de compétitivité du marché du travail et un endettement privé excessif. Or rien n'est fait actuellement à Bruxelles pour s'attaquer à ces problèmes structurels. « Personne ne se pose la question de savoir comment l'économie espagnole va sortir de son trou », constate Wolfgang Munchau. La réponse, Paul Krugman la fournit : il faut baisser les salaires des pays périphériques, sauf que...

...Les salaires des pays périphériques ne pourront pas suffisamment baisserTant qu'ils sont coincés dans la zone euro, les Etats ne peuvent activer le levier de la dévaluation monétaire pour rendre leurs exportations plus compétitives. La seule variable d'ajustement qui reste est la donc dévaluation salariale. Les salaires dans les pays comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal, la Lettonie doivent chuter de 20 à 30% par rapport à l'Allemagne estime Paul Krugman. Est-ce techniquement et socialement envisageable ? L'exemple de la Lettonie, pourtant élève appliqué de la rigueur, semble démontrer le contraire. L'Etat balte applique depuis la fin 2008 des mesures draconiennes d'austérité budgétaire, à tel point que le chômage a bondi de 6 à 22%. Or les salaires n'ont diminué que de 5,4%. On est loin des 30% préconisés par Krugman.

La BCE limitera trop l'inflation. Paul Krugman rappelle que de 2000 à 2009, les prix ont augmenté de 35% en Espagne, de 30% en Grèce, de 25% au Portugal et en Italie, contre seulement 10% en Allemagne. Afin de rendre ces pays compétitifs avec l'Allemagne, leurs prix doivent tomber en termes relatifs. Cette déflation serait moins forte et douloureuse si de son côté l'Allemagne enregistrait une inflation plus forte, voire même supérieure à son objectif de 2%. La BCE a fait du progrès dans ce domaine avec sa décision de racheter de la dette publique, et la chute de l'euro devrait également contribuer légèrement à l'inflation. Mais dans des proportions encore négligeables, et selon Kruglan insuffisantes.

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