TOUT EST DIT

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samedi 22 mai 2010

France-Algérie, le match sans fin

À Cannes, jamais le Palais des festivals n'a autant mérité son surnom de "bunker". Hier matin, à l'heure du laitier, un bataillon de CRS se trouvait mobilisé là. Avant d'entrer, les journalistes mal réveillés éprouvèrent le délice d'une "fouille à corps". Des fois qu'une grenade se soit infiltrée quelque part...

Craignait-on de revivre le terrorisme d'antan, lorsque les cinémas d'Alger sautaient ? Il ne s'agissait pourtant que d'un film. Des tas de gens, qui ne l'avaient pas vu, manifestaient contre le fait qu'on puisse le voir. C'est un peu bête.

Dans "Hors-la-loi", Rachid Bouchareb évoque brièvement le carnage de Sétif en mai 1945. Soit la répression sanglante, par la France, d'émeutes nationalistes qui préfiguraient la guerre d'indépendance. Le réalisateur a beau revendiquer une "fiction", d'aucuns l'accusent de révisionnisme. Un certain parti pris aurait guidé sa caméra. Il ne montre pas, par exemple, que des Européens innocents furent aussi massacrés par les "indigènes" survoltés. 103 morts d'un côté, 15 000 de l'autre, mais quand même...

Voici donc un long-métrage manquant à la rigueur historique. Pas plus qu'"Apocalypse Now", remarquez, qui poussa
jadis l'Amérique à regarder "son" Vietnam en face. Une mini-polémique dans les salles obscures permet parfois d'ouvrir un débat au grand air. En rectifiant, au passage, ce qui doit l'être.

N'est-ce pas, ici, une bonne occasion de solder notre douloureux passé colonial ? Bien sûr, l'intelligence commande la repentance.

M. Bouteflika, pour sa part, devrait lancer une superproduction sur le destin de l'Algérie depuis 1962. On y verrait à l'œuvre le patriotisme désintéressé des descendants du FLN, leur généreuse application à reconstruire le pays. Sans rire.


Gilles Debernardi

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