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lundi 7 décembre 2009

L'inquiétante arrivée du « poisson lapin " près de nos côtes

C'est l'une des (nombreuses) espèces dites « invasives », qui étendent leur habitat en profitant du réchauffement climatique ou du développement des échanges intercontinentaux. Avec des conséquences plus ou moins néfastes pour les équilibres naturels des espaces nouvellement colonisés. Ainsi le « poisson lapin » (Siganus luridus), un herbivore apparu récemment près de nos côtes, serait à classer parmi les envahisseurs particulièrement redoutables. Tant son aptitude à se multiplier pourrait menacer les végétaux de notre littoral et notamment les précieux herbiers de posidonie.

Les prairies sous-marines en danger

Originaire des mers chaudes, ce poisson de couleur brune et d'une vingtaine de centimètres de long est muni d'épines dorsales le protégeant des prédateurs. Après la seconde guerre mondiale, il a traversé le canal de Suez. Il s'est alors répandu dans le bassin oriental de la Méditerranée où il a proliféré. « 70 % des poissons fréquentant les côtes libanaises sont des Siganus luridus » souligne à Nice le professeur Patrice Francour, du Laboratoire environnemental marin littoral de la faculté des Sciences. « Lors de plongées dans les eaux turques, j'ai observé des bancs de 10 000 individus... »

Jusqu'ici, le poisson lapin ne s'était pas aventuré en Méditerranée occidentale. « Sans doute parce que la température de l'eau descendait trop bas en hiver - 13° - pour cette espèce d'origine tropicale » explique Patrice Francour, qui prépare une publication scientifique sur le sujet. Toutefois, cette barrière thermique ne semble plus opérante. En juillet 2007, un Siganus luridus fut ainsi découvert dans les filets d'un pêcheur de Carry-le-Rouet, près de Marseille. Deux explications sont avancées : « La température chute toujours à 13° mais sur une période plus courte. Et puis, de l'eau chaude est drainée de l'est vers l'ouest de la Méditerranée, à la suite d'une modification des courants, vraisemblablement engendrée par une élévation du mercure en Europe orientale ».

Bref, les conditions seraient réunies pour favoriser l'installation sur nos côtes du poisson lapin. Celui-ci va jeter son dévolu sur les algues brunes (cystoseires) et surtout sur les herbiers de posidonies. Au point de mettre en péril ces prairies sous-marines servant de réservoirs de biodiversité, d'amortisseurs de houle et donc de protection contre l'érosion des rivages ? Toute la question est là.


Jean-paul Fronzes

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