TOUT EST DIT

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mercredi 9 décembre 2009

Le débat sur l'identité nationale tourne au débat sur l'islam

La tribune de Nicolas Sarkozy au "Monde" privilégie la question religieuse. Le chef de l'Etat suscite des critiques à gauche et ne lève pas l'embarras à l'UMP.
Après son discours sur l'identité nationale à La Chapelle-en-Vercors le 12 novembre, le président de la République vient de livrer, dans les colonnes du Monde du 9 décembre, sa nouvelle vision du débat lancé par le ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale, Eric Besson.

Il y rappelle sa conception de la laïcité, "principe de neutralité et non principe d'indifférence" envers les religions, et demande fermement aux musulmans de respecter "le pacte social et civique" français. Les croyants doivent "savoir se garder de toute ostentation et de toute provocation", insiste-t-il aussi, dans une allusion implicite au débat sur le port du voile intégral (niqab).

En novembre, le chef de l'Etat s'était essayé à une définition de l'identité française, en convoquant tour à tour – au risque de contradictions –, les racines chrétiennes et les vertus de la laïcité, la Révolution, l'Ancien Régime et les Lumières, le terroir et le métissage.

Depuis, les discussions voulues par M. Besson se sont déplacées sur le terrain quasi exclusif de l'immigration, avant de se concentrer sur l'islam et la question de son rejet mise en lumière par la votation suisse interdisant les minarets.

En revenant sur ce sujet polémique, et alors que le problème des minarets demeure en France une question plus virtuelle que réelle, M. Sarkozy semble vouloir prendre acte de l'évolution observée ces dernières semaines : sa nouvelle contribution au débat réduit spectaculairement la question de l'identité nationale à la présence de l'islam en France et en Europe.

Dans un préambule consacré aux vertus de la démocratie populaire, qui justifie le vote suisse contre les minarets, le président de la République prend clairement le parti du peuple contre "le mépris du peuple". Ce faisant, il s’inscrit dans un contexte marqué au niveau européen par une poussée du populisme.

"Les peuples d’Europe ne veulent pas que leur cadre de vie, leur mode de pensée et de relations sociales soient dénaturés", insiste-t-il, tout en reconnaissant que "leur longue histoire leur a appris que pour rester soi-même il faut accepter de changer"…

Puis, son propos s’adresse explicitement aux musulmans, "à mes compatriotes musulmans", insiste le chef de l’Etat. Il leur rappelle sa conception de la laïcité, qui "n’est pas le refus de toutes les religions mais le respect de toutes les croyances" et les assure de sa volonté de lutter contre "toutes formes de discrimination" à leur égard.

"DÉFI"

Mais, dans un climat marqué par le rejet d’une partie de la société française du voile intégral ou de la construction de mosquées, M. Sarkozy assortit désormais son discours d’une nette mise en garde aux musulmans : "Tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à l’héritage [chrétien] et aux valeurs condamnerait à l’échec l’instauration si nécessaire d’un islam de France", prévient-il.

Deux ans tout juste après son discours sur la "laïcité positive" prononcé au Latran, dans lequel il louait le rôle essentiel des "croyants" dans la République, le chef de l’Etat exige désormais de leur part "une humble discrétion".

Parallèlement, M.Sarkozy ramène l’islam à l’immigration et semble réduire l’immigré à sa religion. "Respecter ceux qui arrivent c’est leur permettre de prier dans des lieux de culte décents", écrit-il.

Cette insistance à définir le nouvel arrivant comme musulman occulte le fait que l’immigration actuelle trouve ses sources en Afrique noire, en Asie et en Turquie – ce qui relativise le caractère exclusivement musulman de ces populations.

C’est oublier que l’on peut être de culture musulmane sans être un fervent pratiquant de l’islam. C’est faire mine d’ignorer que depuis une dizaine d’années, l’islam, au niveau local, s’implante de manière généralement apaisée. C’est oublier, enfin, que l’islam est aujourd’hui une réalité en partie franco-française.

Si les chiffres concernant la population musulmane en France varient de 3,5 à 6 millions, selon les méthodes de comptage, les sociologues des religions estiment que près de la moitié est désormais de nationalité française.

Quant à "tout ce qui pourrait apparaître comme un défi" à la République, autrement dit les pratiques religieuses ostentatoires, elles ne se résument pas au port du voile intégral mais restent marquées par une grande diversité.

Un tiers des personnes issues d’une famille d’origine musulmane se déclarent "croyants et musulmans", selon une étude de l’IFOP parue en août 2009, mais seuls 23 % fréquentent une mosquée le vendredi. C’est le jeûne du ramadan, suivi par 70 % des personnes interrogées, qui constitue la pratique religieuse la plus répandue chez les musulmans de France.
Stéphanie Le Bars

LE DÉBAT ÉTAIT INÉVITABLE, L'ISLAM NE FAIT PAS PARTIE DE L'HISTOIRE DE FRANCE, SINON EN TERMES DE CONFLITS.

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