Si on veut le limiter à 2 °C, il faut inverser la tendance avant 2020, explique le climatologue Jean Jouzel, avec qui nous poursuivons notre présentation des enjeux du sommet sur le climat.
Entretien
Quel est, pour vous, l'enjeu du Sommet de Copenhague ?
Savoir si l'on est capable, d'ici à 2020, de mettre en oeuvre des politiques qui commencent à faire descendre les émissions de gaz à effet de serre, alors qu'elles n'ont jamais autant augmenté que depuis dix ans.
Pourquoi 2020 ?
Les responsables politiques ont signé la Convention climat en 1992. L'objectif principal est de tout faire pour que l'effet de serre se stabilise. Depuis, il y a un consensus pour limiter le réchauffement à 2 °C par rapport au climat préindustriel (il y a 200 ans). Pour atteindre cet objectif, il faut diviser les émissions mondiales de gaz à effet de serre par trois, d'ici à 2050 (par rapport aux émissions de 1990). Si on n'a pas commencé à redescendre en 2020, on n'y arrivera pas. La prochaine décennie va donc être essentielle.
Que représente un réchauffement moyen de 2 °C ?
Ce sera plutôt 3 °C sur les continents, qui se réchauffent plus vite que les océans. 2 °, ça correspond à un déplacement du climat d'environ 300 km du Sud vers le Nord. Jusqu'à 2 °C, le réchauffement ne met pas en cause la production alimentaire mondiale. Au-delà, la productivité diminuera dans les régions tropicales et équatoriales. Elle risque de diminuer partout, si le réchauffement dépasse 3 °C.
Quelle conséquence sur le niveau des océans ?
Le Giec prévoit entre 20 et 60 cm à la fin du siècle. Si on est à 2 °, on a des chances de rester dans la fourchette basse. Peut-être 30-40 cm. Mais les chiffres du Giec ne tiennent pas compte de l'accélération récente de la fonte des glaciers du Groenland. Certains tablent sur une élévation de 1 m à la fin du siècle. Si le Groenland fondait complètement, cela équivaudrait à 7 m d'élévation. Moi, j'espère que les chiffres du Giec restent valables.
Vous n'êtes pas inquiet ?
Ma crainte principale, c'est la dilatation. Même si on a stabilisé le climat, elle va se poursuivre jusqu'à ce que la température des océans soit en équilibre avec l'atmosphère. Ça prendra trois ou quatre siècles et ça fera certainement entre 1 et 2 m.
Certains affirment que le réchauffement est stoppé.
Les températures ont tendance à se stabiliser, 2008 a été plus froide que 2007. Mais ça ne remet pas en cause le réchauffement des dernières décennies. La notre est la plus chaude depuis 150 ans.
Le Soleil ne pourrait-il pas être le responsable ?
Si l'activité solaire était la cause du réchauffement actuel, les basses couches comme les hautes couches de l'atmosphère devraient être affectées. Si c'est l'effet de serre, les basses couches se réchauffent et les hautes couches se refroidissent. C'est ce qu'on observe.
Aucun doute sur la responsabilité humaine ?
Si on s'en tient aux variations naturelles, on n'arrive pas à expliquer le réchauffement récent. On a la certitude que le réchauffement est inéluctable et neuf chances sur dix pour que l'augmentation récente de la température soit liée aux activités humaines.
Reste-t-il des incertitudes ?
Oui, sur l'ampleur du réchauffement - entre 2 et 6 °C à la fin du siècle -, sur les caractéristiques régionales... Le prochain rapport du Giec (2013) prendra plus en compte le rôle des océans et la fonte des glaces polaires.
samedi 21 novembre 2009
Réchauffement climatique : dix ans pour agir
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