Inquiets de ne pas conquérir les PME ou les jeunes, ils restent plus divisés que jamais.
«Limiter la casse» pendant la crise et, au-delà, poursuivre les «conquêtes sociales» : les patrons des huit confédérations françaises, exceptionnellement réunis ce lundi par l'Association des journalistes de l'information sociale pour débattre de l'avenir du syndicalisme, assurent n'avoir renoncé à aucune de leurs ambitions. Mais alors, où est passée l'intersyndicale qui, en début d'année, a rassemblé des millions de Français dans la rue et obtenu des réponses non négligeables face à la crise (chômage partiel mieux indemnisé, allocations, Fonds d'investissement social…) ? «L'intersyndicale, répond Gérard Aschieri (FSU), travaille à des précisions sur la plate-forme» de revendications. Pas très spectaculaire…
«Les congrès qui viennent font peut-être qu'on n'arrive pas à faire repartir cette intersyndicale», admet Alain Olive (Unsa). De fait, d'ici à juin, l'Unsa, puis la CGT, la FSU, la CFE-CGC et enfin la CFDT tiendront leur «grand-messe» respective - une période plus propice à la surenchère qu'au consensus. Gérard Aschieri évoque, lui, «les suspicions et les craintes» qui découlent de la loi sur la représentativité syndicale de 2008. Ce texte, voulu par les deux plus grosses organisations (CGT et CFDT) mais rejeté par d'autres comme FO ou la CFTC, privera de tout rôle d'ici à 2013 les syndicats n'ayant pas recueilli 10 % des voix dans leur entreprise et 8% au niveau national.
Améliorer «le pouvoir d'attraction»
Plus d'un an après son adoption, ses opposants et possibles victimes ruminent encore leur amertume. «Un mauvais coup porté au syndicalisme», grogne Jacques Voisin (CFTC) qui, directement menacé, dénonce une atteinte au «pluralisme». «Les endroits où on trouve un seul syndicat sont les systèmes anglo-saxons et les dictatures», grince Jean-Claude Mailly (FO). Plus nuancé, Alain Olive rappelle que l'Unsa est «très critique» (les seuils fixés risquent de priver la jeune organisation de toute représentativité nationale), mais «préfère mille fois une légitimité assise sur les élections que sur un arrêté de 1966», comme c'est le cas jusqu'ici au bénéfice de la CGT, la CFDT, FO, la CFTC et la CFE-CGC.
Au-delà de ces tensions conjoncturelles, les syndicats, qui souffrent déjà de la faiblesse de leurs effectifs, reconnaissent l'ampleur de leur tâche pour les années à venir. «L'économie est de plus en plus globale, et nos organisations ont toutes des bases nationales. On a du mal à relever ce défi», note Bernard Thibault (CGT). «40% des militants seront à la retraite d'ici à dix ans», relève Bernard Van Craeynest (CFE-CGC). Sauf à améliorer le «pouvoir d'attraction des syndicats», ils seront «moribonds» à cet horizon, prévient-il. Mais comment peuvent-ils être attractifs quand «les syndicats défendent les salariés qui en ont le moins besoin : ceux du secteur public et ceux des grandes entreprises, en CDI», s'interroge sans fard Alain Olive, dont le syndicat est pourtant né sur les décombres de la FEN (Éducation nationale). «Le syndicalisme doit devenir plus représentatif du monde du travail, renchérit Annick Coupé (Solidaires) : femmes, jeunes, sous-traitants, salariés précaires…»
François Chérèque (CFDT) ne veut toutefois pas plaider coupable seul, dénonçant la «schizophrénie bien française» de l'État sur le dialogue social. Et d'épingler le ministre du Travail, Xavier Darcos, «un champion». «On ne supporte pas l'autonomie des partenaires sociaux et de la négociation. On intervient tout le temps dans la discussion. On espère à la limite qu'il n'y ait pas d'accord sur les négociations en cours pour pouvoir dire “C'est moi qui ai fait”.» Le patronat, lui aussi, est visé par Chérèque mais aussi par Thibault, pour qui «la première raison pour un salarié de ne pas se syndiquer, c'est la trouille».
mardi 17 novembre 2009
Les doutes existentiels des syndicats
LA RÉUNION DES NASES.
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