TOUT EST DIT

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lundi 23 novembre 2009

Ce soir, c'est moi le cuistot du bistrot

Un bar-restaurant de Saint-Brieuc ouvre sa cuisine un mercredi par mois à ses clients. Cette formule « Devenez le chef d'un soir » plaît beaucoup. Aujourd'hui, c'est Aurélie Paturel qui s'y colle. Conseillère en gestion du patrimoine, elle relève le défi de régaler trente personnes qu'elle ne connaît pas.
Ce soir, le chef en cuisine, c'est toi », lui a annoncé ce mercredi matin, Gilles le cuisinier du 1701, un bar-restaurant de Saint-Brieuc. Cliente d'habitude, Aurélie Paturel le remplacera derrière les fourneaux. Un moment plutôt particulier pour cette conseillère en gestion du patrimoine.

Depuis plus d'un an, le 1701 ouvre sa cuisine un mercredi par mois aux habitués qui le souhaitent. Le prin-cipe ? Il (ou elle) mitonne un repas qui sera ensuite dégusté par une trentaine de convives. « Un moment de partage, de convivialité pour ceux qui viennent dîner et un échange de savoir-faire entre le chef d'un soir et Gilles, le cuisinier. Ce concept rencontre beaucoup de succès », explique Ludovic qui dirige l'établissement avec Gilles.

Sur la vingtaine de volontaires, Aurélie est la quatrième femme. « Je trouve l'idée sympa. J'adore cuisiner, ça me vide la tête. Mais entre le faire chez soi, pour des copains, et dans un lieu que tu ne connais pas, pour trente personnes, ce n'est pas la même chose. »

Au menu de ce soir, élaboré quinze jours avant : foie gras maison, velouté de potimarron, brochettes de saint-jacques bardées de lard fumé et flans champignons-carottes, tarte banane-chocolat. Avant d'aller au marché, une petite visite de la cuisine s'impose. « Ce n'est pas très grand. Il va falloir être organisé », remarque Aurélie.

10 h, en route pour les courses! Le temps est compté.

11 h. Retour au 1701, les bras chargés de potimarrons, oignons, champignons, bananes, pain au figues... Aurélie doit rejoindre son domicile pour s'occuper de « ses p'tiots » et laisse la place libre pour le service traditionnel du midi.

16 h. Chargée de cinq sacs, la chef amateur franchit la porte du 1701. Elle noue son tablier, vide le contenu de ses paniers : rouleau à pâtisserie, robot ménager, sorbetière... Elle va et vient dans la cuisine afin de « prendre mes marques ». « Top chrono, c'est parti ! », lui lance Gilles qui confie qu'inconsciemment, à partir de ce moment-là, il va regarder sa montre tous les quarts d'heure. Aurélie commence par confectionner ses pâtes sablées pour le dessert. « Gilles, le beurre, ça se trouve où? Les oeufs? Les couteaux? », questionne-t-elle, un peu déstabilisée.

Le patron la rassure, lui file un coup de main, lui montre comment éplucher une carotte rapidement. De son côté, elle lui explique qu'elle n'utilise que les jaunes d'oeufs pour la pâte, mais que les blancs peuvent se congeler. «Ah, je ne savais pas », avoue Gilles qui dans une autre vie a été coiffeur, puis régisseur.

Les fonds de tarte cuisent tranquillement dans le four. Une bonne odeur emplit la cuisine. Aurélie passe à la confection de la ganache au chocolat, puis commence la préparation des flans.

18 h. Ludovic part chercher le vin. Marlène, la jeune serveuse, dispose les tables les unes à côté des autres. Les flans sont prêts à aller au four. « Allez Aurélie, on y va dans le potimarron maintenant.»

19 h 30. Les tartes sont terminées, le velouté mijote doucement dans la grande gamelle, les brochettes de saint-jacques sont dressées et entreposées dans le frigo avant d'être cuites sur la plancha. Aurélie improvise une petite sauce à base de roquette pour décorer les assiettes. Le temps passe vite. Pas le temps de s'ennuyer. « Ce que je trouve stressant, c'est de servir trente personnes en même temps. Mais heureusement, Gilles est là, c'est rassurant ! »

20 h 15. Les premiers convives arrivent. On vient saluer les cuistots, faire les curieux et jeter un oeil au-dessus du passe-plat. Ce mercredi soir, en raison du match de foot France-Irlande, l'assemblée est plutôt féminine : quelques copines d'Aurélie mais pas seulement. Françoise et Stéphanie, « en soirée filles », sont venues boire l'apéritif. « Nous n'avions pas prévu de rester dîner, le menu est alléchant, on s'est laissé tenter. » Elles s'installent pour le repas à côté de Michèle et Jean-Jacques, un couple d'enseignants en retraite de 70 ans. Nouveaux habitants de Saint-Brieuc, ils ont été séduit par cette formule « comme chez soi ». Le repas coûte 20 €, vin compris.

23 h, maîtresse de maison d'un soir, Aurélie sort enfin de sa cuisine. Elle va au devant de ses invités et découvre des mines réjouies. « C'est la plus belle des récompenses. C'est tellement frustrant de cuisiner tous les jours, sans avoir de compliments! »

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