Condamné mardi dans l'affaire de l'Angolagate, le sénateur Charles Pasqua a immédiatement contre-attaqué en mettant en cause Jacques Chirac, Edouard Balladur et Alain Juppé et en réclamant la levée du secret défense dans ce dossier mais aussi dans d'autres affaires politiques sensibles.
Il a enfoncé le clou dans la soirée de mercredi 28 octobre sur le plateau du "Grand Journal" sur Canal+ en affirmant que cela "fera trembler un certain nombre de personnages de la République" et garnira "probablement" les prisons. "Jacques Chirac était parfaitement au courant de cette affaire", assène-t-il.
Dans un entretien au Figaro à paraître jeudi, il cite "le président de la République, le premier ministre, le ministre des finances et le ministre de la défense. Tous les quatre étaient forcément au courant", estime-t-il avant de préciser : "Sous le mandat de François Mitterrand de 1993 à 1995, puis sous la présidence Chirac de 1995 à 1998. Plus, les deux premiers ministres concernés que sont Édouard Balladur et Alain Juppé".
BALLADUR : "PAS SPÉCIALEMENT INFORMÉ"
Premier ministre de François Mitterrand de 1993 à 1995, Edouard Balladur a semblé nier ces accusations mercredi lors de l'émission "Questions d'info" sur la chaîne LCP : "Le problème des ventes d'armes en France est un problème récurrent depuis que la France fabrique des armes. Concernant l'Angola, je n'en ai pas été spécialement informé", a-t-il affirmé.
Réplique de Pasqua dans les colonnes du Figaro : "Balladur peut dire ce qu'il veut. Malheureusement pour lui, un document a été présenté au tribunal montrant que son directeur de cabinet lui avait fait remonter une note. M. Balladur n'a plus de mémoire, cela peut arriver."
"LES FRANÇAIS ONT BESOIN DE LE SAVOIR"
L'ancien ministre de l'intérieur, 82 ans, a été pour la première fois condamné mardi à une peine de prison ferme pour son rôle dans le dossier de l'Angolagate, une affaire de trafic d'armes remontant aux années 1990. Dans son jugement, le tribunal semble accréditer les accusations de M. Pasqua en dénonçant "l'incurie" des autorités, sans pour autant exonérer les prévenus de leurs responsabilités.
Relevant des "coïncidences" entre son ambition présidentielle déclarée en 2000 et le début de ses "ennuis" judiciaires, Charles Pasqua demande "la levée du secret défense sur toutes les ventes d'armes afin que l'on sache s'il y a eu des retours de commissions en France et qui en a bénéficié". Une mesure qu'il réclame pour d'autres dossiers sensibles comme Clearstream, les frégates de Taïwan: "Il faut tout lever ! Les Français ont besoin de le savoir." Les juges d'instruction chargés de ces dossiers ont jusqu'ici vu leurs investigations bloquées ou entravées par le secret défense.
TAIWAN, CLEASTREAM, KARACHI…
Le juge Renaud van Ruymbeke a rendu un non-lieu dans l'affaire des frégates de Taiwan, où l'on soupçonne le versement de rétrocommissions à des politiques, après avoir essuyé des refus de déclassification de documents. L'affaire Clearstream, qui a vu l'affrontement entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, avait pour origine des documents falsifiés prétendant révéler le nom de bénéficiaires de rétrocommissions. L'hypothèse d'une implication des services secrets a été évoquée.
Dans l'affaire de l'attentat de Karachi, des juges travaillent sur la piste d'un contentieux franco-pakistanais qui pourrait être lié au non-versement de commissions liées à la vente de sous-marins. Les noms d'Edouard Balladur et de Nicolas Sarkozy ont été cités par les enquêteurs à propos d'éventuelles rétrocommissions.
jeudi 29 octobre 2009
Angolagate : Chirac, Balladur et Juppé "étaient forcément au courant", selon Pasqua
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