jeudi 20 février 2014
Le Lion et le Dragon
Le Lion et le Dragon
De quel hybride va accoucher l'union entre le Lion PSA et le Dragon Dongfeng ? Quel rôle entend jouer l'État français dans ce « mariage à trois » où il n'envisage pas de se contenter de tenir… la bougie ? Voici les questions qui se posent après l'arrivée au capital de PSA Peugeot Citroën, du constructeur automobile chinois Dongfeng et de l'État français. Les « entrants » s'acquitteront chacun d'un apport de 800 millions d'euros leur garantissant, tout comme à la famille Peugeot « diluée », une participation au capital de 14 % figée pour dix années. Ce strict égalitarisme entre actionnaires, qui se voudrait rassurant pour tout le monde, témoigne plutôt d'une forme de défiance et porte en lui-même les germes de futures difficultés.
Qui décidera quand surviendront des divergences sur des choix stratégiques ? Bien sûr, nous n'en sommes pas là. Il s'agissait prioritairement de sauver PSA Peugeot et d'imaginer une solution où chacun trouve son compte. Ce qui est le cas, pour le moment, même si des mobiles restent cachés.
Toujours emphatique, Arnaud Montebourg a souligné une « décision de patriotisme économique et industriel », se félicitant que l'État participe au sauvetage d'une entreprise stratégique employant 90.000 salariés. C'est assurément moins révolutionnaire mais plus pertinent que de plaider bruyamment, comme il le fit en son temps, pour la nationalisation de groupes sinistrés. Encore faudra-t-il que les représentants de l'État exercent leur influence. Présent à 15 % dans le capital de Renault, l'État n'a pas pour autant regimbé contre les mesures de délocalisations vers des pays à bas coût.
Rien ne permet non plus d'affirmer que l'entreprise étatique Dongfeng s'en tiendra toujours à un rôle d'apporteur de « cash ». Ce serait mal connaître l'appétence des Chinois pour les transferts de technologies et leur volonté de conquête des marchés mondiaux. La seule chose dont on puisse être sûre, c'est que les bisbilles entre héritiers de Peugeot, la mondialisation et les besoins de capitaux, ont conduit à la disparition de l'attachant mais obsolète « modèle familial ».
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