lundi 30 juin 2014
Ministres-sandwichs
Ministres-sandwichs
On se souvient d'Arnaud Montebourg, égérie du Made in France, posant en Une du Parisien, une marinière Armor Lux sur le dos, une montre Michel Herbelin (bien qu'un peu Suisse aussi…) au poignet et un blender Moulinex dans les bras. Message : achetez français ! On se souvient aussi de Ségolène Royal, pas encore ministre à l'époque mais fortement ministrable, toute en drapé blanc vaporeux, dans le rôle de… « la Liberté guidant le peuple », pour les pages du même quotidien. Message : osez, Monsieur le président !
Le plan com' avec ministre déguisé a encore des ressources. Il y a peu, à la une du Magazine du Parisien\Aujourd'hui en France, c'était au tour du chef de la diplomatie française de tomber la veste… pour un n'ud pap' assorti à sa ceinture nouée haute, le sourire commercial du présentateur météo, devant sa carte satellitaire de flux climatiques… Objectif : vendre la conférence sur le climat de 2015.
Au passage, nous avons échappé au tableau de ce même ministre planté près d'un ours polaire empaillé sur une banquise fondue en polystyrène. La photo-concept n'a pas été validée par le Quai d'Orsay. Trop exotique, paraît-il.
Évidemment, tous ces clichés n'ont pas tardé à être détournés dans la joyeuse bulle virtuelle… Il faut rapprocher les élus du peuple, nous dit-on. Mais sont-ils là pour faire le show ? « La grandeur a besoin de mystère, on admire mal ce qu'on connaît bien », disait le général de Gaulle.
France: La dette publique frôle les 2000 milliards
La dette publique de la France au sens de Maastricht s'établissait à 1 985,9 milliards d'euros à la fin du premier trimestre, soit une augmentation de 45,5 milliards d'euros par rapport au trimestre précédent, a indiqué l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
La dette publique représentait ainsi 93,6% du PIB de la France fin mars, contre 91,8% à la fin du quatrième trimestre 2013, a précisé l'Insee.
L'augmentation de la dette publique au premier trimestre s'explique essentiellement par la hausse de l'endettement de l’État, à hauteur de 43,3 milliards d'euros sur la période, pour atteindre 1.577,3 milliards d'euros au total.
A l'inverse, la dette des administrations publiques locales a reculé à 180,2 milliards d'euros, contre 182,3 milliards d'euros à la fin du trimestre précédent.
L'augmentation de la dette publique au premier trimestre s'explique essentiellement par la hausse de l'endettement de l’État, à hauteur de 43,3 milliards d'euros sur la période, pour atteindre 1.577,3 milliards d'euros au total.
A l'inverse, la dette des administrations publiques locales a reculé à 180,2 milliards d'euros, contre 182,3 milliards d'euros à la fin du trimestre précédent.
Rock n’ roll attitude
Rock n’ roll attitude
Rock n' roll ! Oui, Jean-Claude Mailly, numéro un de Force ouvrière, a prévenu que la conférence sociale des 7 et 8 juillet prochains promet d'être « rock n' roll ». Manière assez peu conventionnelle, il est vrai, d'envisager cette troisième grand-messe sociale du quinquennat hollandais, réunissant (en principe) tous les partenaires sociaux. Il faut dire que la lettre ouverte adressée ce week-end à l'exécutif par huit organisations patronales n'a pas peu contribué à la montée des tensions. Inhabituellement solidaires, les organisations patronales lancent un « cri d'alarme » en demandant au président et au Premier ministre la mise en 'uvre immédiate du Pacte de responsabilité (et accessoirement de solidarité) et un moratoire sur les mesures contraignantes.
Les leaders syndicaux y ont vu une intolérable pression du patronat sur le gouvernement pour lui dicter un ordre du jour. Sans doute n'est-ce pas totalement faux. Mais ils ont tort de sous-estimer une exaspération qui n'est pas seulement l'apanage des grands patrons gavés de dividendes. Ils ne représentent que 6 % des chefs d'entreprise.
Il convient d'ajouter que, depuis des semaines, se multiplient dans le désordre du côté syndical les menaces de boycott de la conférence si tel ou tel sujet qui fâche est abordé. Cuieuse conception du dialogue « sous conditions » quand l'installation du pays dans un chômage de masse et une absence de croissance imposeraient une concertation renforcée et sans préalable.
Il faut dire que les hésitations et les reculades du pouvoir, ajoutées aux critiques de sa propre majorité, conduisent à une semi-paralysie. Elles encouragent aussi les surenchères contradictoires des corps intermédiaires sur un exécutif fort en promesses et faible en actes. François Hollande, lui-même, a fait le cruel aveu d'un blocage des réformes. Il voulait renouveler la démocratie sociale. Il lui a hélas manqué le courage politique pour surmonter la force stérilisante des technocrates de la fonction publique et des apparatchiks syndicaux. D'où l'ambiance « rock n' roll » !
Chômage: Maintenant ça suffit !
Chômage: Maintenant ça suffit !
On ne peut continuer à regarder le chômage exploser sans rien faire. 24,800 chômeurs de plus en Mai. Plus de 5 millions de chômeurs toutes catégories. 500 chômeurs par jour de plus depuis le début d'année. Et pendant ce temps les politiques de tous bords ne pensent qu'à leur carrière. L'heure n'est plus aux mesurettes mais à un véritable état d'urgence sur l'emploi.
LE DRAME DU CHÔMAGE
Les chiffres du chômage sont désastreux. Dramatiques. Et un constat insupportable : malgré la gravité extrême de la situation, on ne sent toujours pas de mobilisation politique. Cela fait des mois que l'on aurait dû déclarer un véritable état d'urgence en matière d'emplois et y consacrer toutes les énergies. On attend encore et toujours le pacte de responsabilité. Mais c’est le problème. On n’a plus le temps d’attendre. Chaque jour qui passe est un pas de plus vers le précipice.
ÉTAT D'URGENCE SUR L'EMPLOI
Et pendant ce temps on a l’impression que le gouvernement, la majorité ou ce qu’il en reste et l’opposition ne pensent qu’aux élections de 2017 en priant pour que la situation s’améliore par miracle d’ici là. Il n’y a pas de solution miracle au problème de l’emploi. Mais ce qui tue l’emploi c’est l’immobilisme et les mesures absurdes. Le ministre de l’économie a passé les trois derniers mois sur le dossier Alstom pour son image politique, l’ancienne ministre du logement a détruit le secteur mais on l’a laissée faire pour des questions d’alliance politique et tout est comme ça. C’est inacceptable. Les députés se sont mobilisés jours et nuits pour le mariage pour tous. Il est temps qu’ils se mobilisent enfin pour l’emploi, en pensant aux 5 millions de chômeurs et pas à leur poste en 2017.
L'ANGLETERRE S'ATTAQUE A LA BULLE
immobilière. La Banque d'Angleterre a décidé de prendre des mesures "historiques" et ciblées.Elle va encadrer plus sévèrement le crédit hypothécaire des banques, limite des prêts, tests de la solvabilité des emprunteurs. Mais les experts pensent que les prix vont quand même continuer à monter de 20% à Londres....
CE SOIR C'EST VOTRE ARGENT
À ne pas manquer. On rejoue la semaine, vous donne des conseils d'achat et de vente. Le boss de la semaine c'est le patron de Fleury Michon et le thème de la semaine: La cession d'entreprises.
LES FOLLES ALLIANCES
La situation est d'une telle complexité au Moyen Orient qu'on arrive à des alliances aberrantes: le gouvernement Irakien a remercié hier la Syrie de Bachar Al Assad d'avoir bombardé les rebelles, tout cela avec l'approbation muette...des États Unis... Pendant ce temps la Jordanie mobilise son armée. La partition du Moyen-Orient est en marche.
ET MAINTENANT LES DARK POOLS
Les dark pools, ces systèmes de transaction de blocs hors marché, sont selon la justice américaine le haut lieu des manipulations. Et Barclays va se prendre une méga amende sur cette activité et les autres banques vont suivre... L'action Barclays a chuté hier de 6%. Les États-Unis continuent à collecter des taxes bancaires par dizaines de milliards.
LES IMPÔTS DU CAC 40
Les Echos consacrent leur une à ce sujet: les sociétés du CAC 40 ont payé 33.4 milliards d'euros d'impôts contre 36.2 en 2012 et 37.4 en 2011. Vive l' "optimisation fiscale".
UN BUSINESS CASE PASSIONNANT
Comment transformer une entreprise comme la Poste dont le business "classique" décroit inexorablement. Le patron de la Poste, Philippe Wahl, a présenté son plan stratégique horizon 2020. Les moteurs: la banque, le mobile, la proximité, l'e commerce...
LA BOURSE SOUS PRESSION
entre les mauvais chiffres Américains, les chiffres dramatiques en France, le CAC continue sa glissade et s'approche des 4400 points
VOILÀ C'EST TOUT
BONNE JOURNÉE
MAY THE FORCE BE WITH YOU
La sonnette d'alarme
La sonnette d'alarme
Enfin. Cela fait des mois qu'on appelle ici à l'état d'urgence en matière d'emplois et d'économie. Mais les 8 organisations patronales ont mis du temps à se mobiliser. Elles ont publié hier dans le JDD un appel à la mise en place de réformes. C'est bien mais ce n'est pas suffisant. Le pacte de responsabilité n'est déjà plus adapté à la gravité de la situation.
L'APPEL DES PATRONS
Ils réclament l'adoption rapide du pacte de responsabilité, la mise entre parenthèses de certaines mesures comme le compte pénibilité et la simplification de la réglementation actuelle. C'est bien. Mais ce n'est pas suffisant. Il faut frapper vite et plus fort car la situation est préoccupante
BNP SUR LE PODIUM
des amendes records du gouvernement Américain. Avec ses 9 milliards de dollars annoncés officiellement ce soir, elle se place derrière JP Morgan et ses 13 milliards et Bank Of America et ses 10 milliards. Enfin une banque Française en tête d'un classement international. La BNP a de quoi payer mais cette affaire va porter un coup à son image à l'étranger.
LE ROYAUME UNI PRES DE LA SORTIE?
Le Royaume Uni sort de l'Union Européenne. Lentement mais sûrement. Après la défaite annoncée de David Cameron sur la nomination de Jean Claude Juncker, un cercle vicieux (ou vertueux?), s'est enclenché. Cameron aura du mal à freiner les ardeurs anti européennes de l'électorat anglais grisé par le contraste entre sa performance économique et celle du reste de l'Europe...Voir l'édito en vidéo
LE CONTRASTE ENTRE LES PATRONS ANGLAIS
et les patrons Français est saisissant. La confiance des entrepreneurs Anglais est au plus haut depuis 22 ans. 22 ans! On rêve.
ATTENTION A LA DÉCONNEXION
Pour la BIS, la Banque des Règlements internationaux, les marchés sont totalement déconnectés de la réalité. Leur niveau actuel ne reflète ni la faiblesse de la situation économique ni l'incertitude du contexte géo politique.
JE PRÉFÈRE NE PAS EN PARLER
pour ne pas vous saper encore plus le moral un lundi mais les projections des comptes pour l'Arrco, la retraite du privé, et de l'Agirc, pour les cadres, sont une cata. En gros, en 2019, il n'y aura plus d'argent et les retraites baisseront de 11%... La semaine commence bien non ?
LA PHRASE DU JOUR
"Même en période de crise, il existe des opportunités": Paul Bulcke. Nestlé. Alors, c'est pas une bonne nouvelle ça ?
GO CRAZY
La fête continue sur le Nasdaq. Le roi de la mini caméra a vu son titre exploser de plus de 50% deux jours après son introduction en Bourse. 4.4 milliards de dollars de valorisation pour un CA au premier trimestre, en baisse, de 235 millions de dollars et un bénéficie...de 11 millions de dollars. Si elle perdait de l'argent Gopro vaudrait le double...
CE SOIR
On s'arrête de bosser à 18h. Et à 22h, on se planque.
UN MOIS AVANT LA FAILLITE
L'Argentine a un mois pour négocier avec les fonds vautours. En cas d'échec, c'est, encore, la faillite.
CE SOIR A 18h
L'actionnaire italien qui a bloqué l'OPA sur le Club Med devra décider s'il lance une contre OPA...
CE BON FILLON...
Il propose des mesures résolument libérales comme l'abolition des 35 heures... Il a juste oublié qu'il avait été premier ministre pendant 5 ans et qu'il n'a adopté aucune des mesures qu'il prône.
L’économie n’est pas le football
L’économie n’est pas le football
La gauche au pouvoir peut-elle faire gagner les Bleus ? En foot, c’est possible (bien qu’en 2014, cela reste à confirmer). En revanche en économie, c’est mal parti. L’équipe de France des entrepreneurs, qui, toutes chapelles confondues, vient de faire entendre sa voix dans le Journal du Dimanche, n’a plus confiance, ni dans le sélectionneur François Hollande, ni dans le coach Manuel Valls. C’est un carton jaune que les huit associations patronales signataires remettent à l’exécutif, sommé de passer enfin de la parole aux actes : appliquer le Pacte de responsabilité, stabiliser l’environnement fiscal et réglementaire, mettre en œuvre les réformes structurelles.
Car ce dont souffrent les entreprises, c’est de la modification incessante et incohérente des règles du jeu, de l’intervention intempestive sur le terrain d’arbitres qui se prennent pour des joueurs et, surtout, de ministres ou d’élus qui marquent contre leur camp. On a vu, encore la semaine dernière, l’Assemblée nationale augmenter deux taxes de séjour qui pénalisent un secteur, le tourisme, représentant plus de 7 % du PIB français. Après la vindicte anti-patrons qui a stoppé l’investissement, le choc fiscal qui a asséché la consommation et la loi logement qui a bloqué la construction, il ne faut pas s’étonner si la France est à l’arrêt.
Le vrai drame est que l’économie n’est pas un match de foot : ce n’est pas parce que certains perdent que d’autres gagnent. Au contraire, quand les entrepreneurs ont le dessous, ce sont les chômeurs, les consommateurs et l’ensemble des citoyens qui trinquent. Mais s’ils venaient à retrouver les moyens et l’envie d’investir, d’embaucher et d’innover, tout le pays en profiterait. Allez les Bleus !
Mauvais genre
Mauvais genre
Sur le fond, l’affaire est fort complexe. Quant à la forme, il n’est pas facile non plus de s’y retrouver. Aujourd’hui, les « ABCD » de l’égalité vont disparaitre. Sans doute, pensera le naïf, parce qu’ils étaient contestés. Eh bien pas du tout. Compte tenu de leur succès, a annoncé hier, sans rire, la ministre des droits des femmes, ils ne seront plus appliqués mais remplacés par un programme plus ambitieux touchant tous les élèves. Bref, les partisans des ABCD vont être déçus par cette suppression. Quant à leurs adversaires, ils ne se contenteront pas d’un simple changement de nom pour taire leurs critiques. Personne ne sera satisfait. Pour ou contre, tu perds. C’est une nouvelle manière de gouverner que de mécontenter tout le monde. En tous cas, cela fait mauvais genre.
La désinvolture face au chômage
On connaissait la langue de bois, outil utilisé dans l’univers politique. Voici maintenant le silence de bois : c’est ainsi que François Rebsamen a décidé d’accueillir la publication des derniers chiffres du chômage. Ils sont si mauvais que, s’avouant vaincu à l’avance, incapable de trouver un bois assez dur pour les commenter, le ministre du Travail s’est tu. Lui qu’on entend commenter avec expertise les matchs de foot ne juge même plus utile de tenter d’expliquer l’inexplicable.
On connaissait la langue de bois, voici maintenant la blague en bois : c’est ainsi que le ministre des Finances a choisi de traiter l’incapacité de la France à créer des emplois. La rigidité des lois sociales n’entrave-t-elle pas l’embauche, le Code du travail n’est-il pas devenu monstrueusement épais ? « Il suffit de l’écrire plus petit », a répondu avec désinvolture Michel Sapin. Responsable, lui l’ancien ministre du Travail, de l’échec de l’inversion de la courbe du chômage, il paraît tellement désarmé face à l’atonie de l’économie française et à son incapacité à créer des emplois qu’il se réfugie dans l’humour facile.
A un moment où les relations du pouvoir se tendent, aussi bien avec les syndicats qu’avec le patronat, et alors que plusieurs partenaires sociaux s’interrogent sur l’opportunité de participer à la prochaine conférence sociale, la dégradation des chiffres du chômage et des indicateurs de croissance devrait inciter le gouvernement à plus de professionnalisme. Silence et petite blague ne font pas un discours politique.
Manuel Valls, dont la communication et l’autorité sont sans conteste une force, ne devrait-il pas reprendre cela en main ? Il pourrait ainsi montrer de quel bois politique il est fait.
La grande récup’ (pris pour des cons)
La grande récup’ (pris pour des cons)
Les responsables politiques, qu’ils soient de gauche, du centre, de droite ou des extrêmes, ont pour la plupart une fâcheuse habitude: celle de prendre les gens pour des cons. Je les ai suffisamment fréquentés pour le savoir. Rares sont les exceptions. A force de faire des bises sur les marchés, de prodiguer des sourires, poignées de main, compliments dont ils ne croient pas un mot, ils finissent, enfin beaucoup d’entre eux, par sombrer dans la maladie du mépris. La récupération de la coupe du monde de football en est un exemple sidérant. Nous voyons les socialistes au pouvoir se contorsionner pour tirer parti des bons résultats de l’équipe de France. "La France gagne quand les socialistes sont au pouvoir" titre un article du Point. Les salons des Palais de la République sont mobilisés pour de grands spectacles de projection des matchs. Une rumeur, à laquelle je refuse de croire, fait même état d’un projet de déplacer les célébrations de la fête nationale au 15 juillet afin de permettre aux plus hauts dirigeants du pays de se rendre au Brésil pour assister à une éventuelle victoire française… Je ne vois dans ces attitudes qu’un détournement, une trahison de l’esprit du sport et du football. Mais comment peut-on imaginer un instant que les Français sont assez stupides pour relier les résultats d’une équipe de football à la politique du gouvernement ou à la personnalité de ses leaders (de droite ou de gauche, peu importe) et ainsi faire passer au second rang de leurs préoccupations, la violence, le chômage de masse (5 millions de demandeurs d’emploi), la destruction de l’Europe (voir billet précédent), le déclin de la France? D’ailleurs, la surexploitation idéologique par l’extrême droite des destructions – ignobles et grotesques – qui accompagnent en France le déroulement de la compétition, est de la même veine, celle de la récupération la plus cynique. Certes, contrairement à une légende, le peuple n’a pas "toujours raison", il n’est pas infaillible, éclairé par un bon sens de nature mystique et l’idée d’un peuple éclairé et porteur de la raison est parfaite utopie comme le soulignent tant d’exemples dans l’histoire. Pourtant, de là à prendre les gens pour des cons, à ce point, il y a quand même une marge…
vendredi 27 juin 2014
La 3ème plus grande économie du monde n'a que 1,6% d'immigrés dans sa population active, et elle n'est pas prête de changer quoi que ce soit
La population totale du Japon est de 127 millions d'habitants, dont 32 millions, soit plus d’un quart, sont des plus de 65 ans. La démographie japonaise implose depuis plus d'une décennie et vers 2060, le nombre de plus de 65 ans atteindra les 40%. Le taux de natalité est si faible et l'espérance de vie est si élevée que le pays « évolue vers un type de société que l'on ne voit que dans les films de science-fiction », a conclu le démographe Nick Eberstadt en 2012. L’année dernière, la population du Japon s’est réduite de 244.000 personnes.
Pourtant, Tokyo continue de s'opposer à l'immigration. A la fin du mois de juin 2013, on comptait 2,04 millions d'immigrés dans le pays, et ils ne représentent que 1,6% de la population active. L'opinion publique reste hostile à l'immigration, parce qu'elle est convaincue que l'harmonie du pays a été construite sur « une nation, une civilisation, un langage, une race », selon les propres mots de l'actuel ministre des Finances, Taro Aso. La nation pense que son uniformité est essentielle pour sa cohésion.
Mais le nombre des actifs décline inéluctablement, alors que les retraités représentent une fraction de plus en plus importante de la population, ce qui pose le problème du financement des pensions. Ces déséquilibres sont devenus si préoccupants que le Premier ministre Shinzo Abe a suggéré que le pays allait devoir augmenter temporairement le nombre des travailleurs étrangers dans le cadre de son plan de relance économique, surnommé « Abenomics ».
« Les gens ne sont pas favorables à l’immigration, mais l’ouverture d’un débat, qui durera probablement longtemps, devrait montrer que le pays n’a, en fait, plus d’autre choix. Nous sommes à un tournant historique», dit Hidenori Sakanaka, l'ancien directeur du Bureau de l'immigration à Tokyo, dont les propos on été rapportés par le journal suisse Le Temps.
Depuis la fin des années 2000, la population du Japon se réduit, en raison de la baisse de la natalité et de l'augmentation de l'espérance de vie. D'ici 2060, il ne recensera plus qu’à peine 86,7 millions d'habitants (contre 127 millions aujourd'hui). Et 40% de cette population seront des plus de 65 ans.
Le pays est déjà confronté aux problèmes posés par ces tendances démographiques catastrophiques, notamment au travers des pénuries de main d’œuvre dans certains secteurs. On manque d'infirmières dans les maisons de retraite, et de maçons sur les chantiers de construction. Les calculs du think tank Japan Center for Economic Research montrent que le pays ne pourra assurer son maintien que s’il accepte de faire entrer plus de 10 millions d'immigrants d’ici 2050, ou 200.000 par an, si le taux de fécondité du pays parvient à se hisser à 1,8 enfant par femme, afin de stabiliser la population à 90 millions d’habitants.
Or, le pays ne compte que 717.504 actifs étrangers, et sur les 6 derniers mois, il n’est entré que 15.000 nouveaux immigrants. La plupart des étrangers qui vivent au Japon sont des Sud-Coréens et des Chinois. Seuls les cuisiniers, les professeurs de langue, ou les professionnels qui ont des compétences spécifiques peuvent obtenir un visa à long terme.
Selon certains experts, une politique plus accueillante à l’égard des immigrés est la seule planche de salut pour le Japon, mais Abe demeure frileux sur cette question et le pays continue d’octroyer principalement des visas de court terme. Lors d'un débat télévisé récent, le Premier ministre a justifié cette réticence en affirmant qu'il y avait «beaucoup de «frictions et de mécontentement» dans les pays qui ont eu des politiques d’immigration plus souples. Il n’a pas précisé quels pays étaient visés par cette remarque...
L'ancien aéroport d'Athènes, objet de convoitise et de polémique
A l'abandon depuis treize ans, l'ancien aéroport international d'Athènes est en voie de résurrection sous la forme d'un clinquant complexe touristique.
Évaluée à sept milliards d'euros, la transformation d'Hellenikon - un site trois fois plus vaste que Monaco - est l'un des projets immobiliers les plus ambitieux d'Europe et pourrait constituer une précieuse source d'activité pour un pays, la Grèce, il y a peu au bord de la faillite.
Pour les nostalgiques, l'aéroport renvoie aux heures fastes de la jet-set des années 1960, quand l'armateur Aristote Onassis dirigeait la compagnie aérienne Olympic Airways et avait pour maîtresse la diva Maria Callas.
Mais l'époque est révolue. La gauche grecque et les riverains critiquent aujourd'hui un projet réservé selon eux à une riche élite dans un pays qui émerge à peine de six années de récession et d'une cure d'austérité sévère.
Ces dernières années, les initiatives visant à transformer le complexe aéroportuaire de 620 hectares en projet rentable ont toujours capoté, y compris l'idée, en 2011, de transformer Hellenikon en quartier d'affaires, comme celui de Canary Wharf à Londres, avec le soutien financier du Qatar. L'émirat s'est finalement désisté l'an dernier.
Lamda Development, un consortium contrôlé par la puissante famille grecque Latsis, comprenant des sociétés chinoise (Fosun) et émiratie, nourrit cependant de grandes ambitions depuis qu'il a repris en mars le bail du site, pour un montant de 915 millions d'euros et une durée de 99 ans.
SEPT MILLIARDS D'EUROS
Le groupe espère transformer Hellenikon en complexe balnéaire de luxe avec des hôtels, une marina, une plage longue d'un kilomètre et un vaste parc.
"L'aéroport a fermé le 30 mars 2001 et a été complètement abandonné pendant treize ans", a rappelé le directeur général de Lamda, Odysseas Athanassiou, cette semaine en présentant le projet à la presse, promettant de transformer Hellenikon en "destination internationale".
Pendant six décennies, Hellenikon a été le seul aéroport d'Athènes. Construit en 1938, il a été utilisé pendant la guerre par la Luftwaffe, puis l'US Air Force. L'un de ses terminaux a été dessiné par Eero Saarinen, l'un des pionniers du style néo-futuriste des années 1960.
Mais l'usure a fait son oeuvre et les autorités ont décidé de fermer le site en 2001, trois ans avant les Jeux olympiques d'Athènes, au profit d'un aéroport plus moderne.
Aujourd'hui, les terminaux sont jonchés de vieilles cartes d'embarquement, des débris d'un toit qui s'est effondré. Un vieux Boeing 747 rouille parmi des chiens errants et les mauvaises herbes ont envahi les pistes.
Lamda Development promet d'investir plus de sept milliards d'euros dans ce chantier colossal de quinze à vingt années qu'il espère lancer en 2016, une fois obtenus tous les permis.
Le projet a été capital pour qu'Athènes obtienne le feu vert de ses créanciers - Union européenne, Fonds monétaire international -, dans le cadre de son programme de cession d'actifs.
En dépit de la promesse de création d'emplois et d'investissements, le plan fait l'objet d'une forte opposition en Grèce.
"Hellenikon n'est pas à vendre", lisait-on cette semaine sur des banderoles déployées par des manifestants devant l'hôtel de luxe où Lamda a présenté son projet.
Le parti de gauche Syriza, vainqueur des élections européennes en Grèce, qui défend l'idée d'un parc gratuit pour tous, accuse l'agence des privatisations de "liquider" les biens de l'Etat contre l'intérêt public. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Tangi Salaün)
Évaluée à sept milliards d'euros, la transformation d'Hellenikon - un site trois fois plus vaste que Monaco - est l'un des projets immobiliers les plus ambitieux d'Europe et pourrait constituer une précieuse source d'activité pour un pays, la Grèce, il y a peu au bord de la faillite.
Pour les nostalgiques, l'aéroport renvoie aux heures fastes de la jet-set des années 1960, quand l'armateur Aristote Onassis dirigeait la compagnie aérienne Olympic Airways et avait pour maîtresse la diva Maria Callas.
Mais l'époque est révolue. La gauche grecque et les riverains critiquent aujourd'hui un projet réservé selon eux à une riche élite dans un pays qui émerge à peine de six années de récession et d'une cure d'austérité sévère.
Ces dernières années, les initiatives visant à transformer le complexe aéroportuaire de 620 hectares en projet rentable ont toujours capoté, y compris l'idée, en 2011, de transformer Hellenikon en quartier d'affaires, comme celui de Canary Wharf à Londres, avec le soutien financier du Qatar. L'émirat s'est finalement désisté l'an dernier.
Lamda Development, un consortium contrôlé par la puissante famille grecque Latsis, comprenant des sociétés chinoise (Fosun) et émiratie, nourrit cependant de grandes ambitions depuis qu'il a repris en mars le bail du site, pour un montant de 915 millions d'euros et une durée de 99 ans.
SEPT MILLIARDS D'EUROS
Le groupe espère transformer Hellenikon en complexe balnéaire de luxe avec des hôtels, une marina, une plage longue d'un kilomètre et un vaste parc.
"L'aéroport a fermé le 30 mars 2001 et a été complètement abandonné pendant treize ans", a rappelé le directeur général de Lamda, Odysseas Athanassiou, cette semaine en présentant le projet à la presse, promettant de transformer Hellenikon en "destination internationale".
Pendant six décennies, Hellenikon a été le seul aéroport d'Athènes. Construit en 1938, il a été utilisé pendant la guerre par la Luftwaffe, puis l'US Air Force. L'un de ses terminaux a été dessiné par Eero Saarinen, l'un des pionniers du style néo-futuriste des années 1960.
Mais l'usure a fait son oeuvre et les autorités ont décidé de fermer le site en 2001, trois ans avant les Jeux olympiques d'Athènes, au profit d'un aéroport plus moderne.
Aujourd'hui, les terminaux sont jonchés de vieilles cartes d'embarquement, des débris d'un toit qui s'est effondré. Un vieux Boeing 747 rouille parmi des chiens errants et les mauvaises herbes ont envahi les pistes.
Lamda Development promet d'investir plus de sept milliards d'euros dans ce chantier colossal de quinze à vingt années qu'il espère lancer en 2016, une fois obtenus tous les permis.
Le projet a été capital pour qu'Athènes obtienne le feu vert de ses créanciers - Union européenne, Fonds monétaire international -, dans le cadre de son programme de cession d'actifs.
En dépit de la promesse de création d'emplois et d'investissements, le plan fait l'objet d'une forte opposition en Grèce.
"Hellenikon n'est pas à vendre", lisait-on cette semaine sur des banderoles déployées par des manifestants devant l'hôtel de luxe où Lamda a présenté son projet.
Le parti de gauche Syriza, vainqueur des élections européennes en Grèce, qui défend l'idée d'un parc gratuit pour tous, accuse l'agence des privatisations de "liquider" les biens de l'Etat contre l'intérêt public. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Tangi Salaün)
Sans commentaire
Sans commentaire
On ne saurait trop féliciter François Rebsamem, ministre du Travail, d'avoir décidé de ne plus commenter les chiffres mensuels du chômage. Dans le genre, son prédécesseur, Michel Sapin, avait épuisé toutes les excentricités sémantiques possibles et imaginables pour faire dire aux chiffres le contraire de ce qu'ils signifiaient. Et l'on ne voit pas comment pourrait être aujourd'hui « positivée » la nouvelle accélération de la hausse des demandeurs d'emploi. Outre le chômage de plus en plus longue durée des seniors, celui des jeunes est également en progression malgré les aides étatiques.
Michel Sapin ne pouvant, lui, se résoudre au mutisme, a tout de même donné son explication : si le chômage monte, c'est que la croissance est plate. Mais si la croissance est plate, c'est que des palliatifs ont été préférés aux vrais remèdes. Pour Manuel Valls, venu à la rescousse, il faut refuser le fatalisme et persévérer dans une politique cohérente sur la durée. Sauf que le volontarisme du Premier ministre ne résistera pas davantage à l'absence de résultats que les prophéties toujours démenties du Président.
Quand l'exécutif va-t-il sortir de ce déni de réalité qui explique la stagnation de la France par rapport à ses voisins ? Alors que l'Insee, la Cour des comptes, le Haut Conseil des finances publiques expriment les mêmes doutes sur les prévisions budgétaires, le gouvernement paye (et nous fait payer) des choix fiscaux qui ont cassé la croissance en freinant la consommation et les investissements des entreprises.
Le paradoxe tient à ce que la France, qui se dit en perpétuelle ébullition réformatrice, ne se réforme finalement jamais. Voilà ce qui ressort du rapport (un de plus) demandé à Jean Pisani-Ferry par François Hollande. Reste l'Europe, comme planche de salut pour le chef de l'État. Puisqu'il ne parvient pas à changer la France, il se pique de réorienter l'Europe avec son nouvel allié, le Premier ministre italien, Matteo Renzi. François Hollande veut imposer un plan de relance en faveur de la croissance et plus de flexibilité dans le pacte de stabilité. Comme si tout ce qui nous arrive était de la faute de Bruxelles. Sans commentaire.
Le nouveau cas le plus désespéré de l'UE... La Croatie est la nouvelle Grèce
aintenant que l’économie grecque donne quelques signes d’amélioration, c’est la Croatie qui pourrait reprendre le titre de cas le plus désespéré de l’UE, affirme Gideon Rachman dans le Financial Times.
Ce petit pays de seulement 4,3 millions d’âmes a rejoint l’UE au mois de juillet dernier, mais il ne fait pas partie de l’euro. Ses îles merveilleuses et ses magnifiques plages expliquent peut-être pourquoi ses graves problèmes économiques sont aussi méconnus, spécule le journaliste. Jugez plutôt :
- La Croatie connait une sévère récession qui dure depuis six ans, et au cours de laquelle elle a perdu près de 13% de son PIB.
- Le taux de chômage global s’établit à environ 17%, et il atteint même près de 50% chez les jeunes. Le secteur public, pléthorique et inefficace, a surtout pour objet d’occuper une partie importante des actifs, et ainsi de masquer l’ampleur réelle du problème du chômage.
- En effet, le secteur privé n’est pas assez compétitif pour affronter la concurrence de l’UE et créer suffisamment d'emplois.
- Moody a dégradé la note de crédit de la Croatie l'année dernière. Le pays est maintenant classé dans la catégorie spéculative. L’agence a justifié sa décision en invoquant « l’inertie en matière de réforme ».
- Les politiques, qu’ils soient sympathisants du gouvernement de coalition de centre-gauche, ou de l'opposition conservatrice manquent de l'énergie et de la vision nécessaires pour mener les réformes dont le pays a cruellement besoin pour alléger le secteur public, et rendre le climat des affaires plus attractif pour les investisseurs étrangers. Les programmes de privatisation n’avancent pas.
- La classe politique croate est trop motivée par le clientélisme et ses représentants s’intéressent surtout à leur propre carrière.
Les problèmes économiques de la Croatie sont à bien des égards similaires à ceux d'autres pays en difficulté comme la Grèce ou l'Espagne. Mais en Croatie, qui faisait autrefois partie de la Yougoslavie communiste, c'est surtout la tradition de favoritisme politique, se manifestant par l'octroi de postes de fonctionnaires, qui annihile la possibilité de toute réforme. Ce problème se retrouve dans les autres Etas issus de la partition de la Yougoslavie : la Macédoine, la Serbie et la Slovénie.
L'adhésion des pays de l’Est à l'UE leur permet d’obtenir des milliards d’euros de subventions pour les aider à investir dans des projets d’infrastructure et de modernisation, comme cela avait été fait pour l’Espagne dans les années 1990. La Pologne s’est particulièrement bien distinguée pour le bon usage qu’elle en a fait. Mais la Croatie manque de gestionnaires efficaces et d’un cadre juridique adéquat pour utiliser ces fonds, malgré la création d’un ministère dédié à cette tâche. Du coup, la mise en œuvre de ces fonds est lente.
Rachman conclut en écrivant que les politiciens croates doivent faire preuve de courage politique et retrousser leurs manches pour engager le pays dans les réformes dont il a tant besoin pour dégriper sa bureaucratie et redynamiser son secteur privé.
jeudi 26 juin 2014
Verdict populaire
Verdict populaire
L'acquittement, sous les applaudissements, de l'urgentiste Nicolas Bonnemaison par la Cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques prend une signification toute particulière au lendemain de la décision du Conseil d'État concernant Vincent Lambert. Cet arrêt audacieux des jurés d'assises met en relief, par contraste, la prudence des 17 juges du Palais-Royal. Beaucoup y verront une plus grande accessibilité de la justice populaire à « l'air du temps », en comparaison des sentencieuses délibérations du Conseil d'État. Ce qui constitue au demeurant un mauvais procès fait à la plus haute juridiction administrative française.
Il ne fait pas de doute que l'émotion a imprégné les débats à Pau, quand la solennité et le juridisme pointilleux ont prévalu au conseil d'État. Faut-il pour autant se réjouir d'un verdict qui, au motif de la compréhension éprouvée pour un urgentiste livré à lui-même face à la lente agonie des malades, a sciemment violé la loi ? Faut-il l'absoudre des fautes qu'il a commises au risque, pour le coup, de créer une diabolique jurisprudence ?
En s'abstenant de prévenir les familles et de consulter ses collègues, Nicolas Bonnemaison s'est arrogé un droit exorbitant, pratiquant une sorte d'euthanasie par nécessité. Sauf qu'en droit pénal, « l'état de nécessité » ne vaut pas nécessairement acquittement en cas de crime ou délit. Une condamnation de pur principe s'imposait donc, sans pour autant céder à la moindre stigmatisation de l'urgentiste.
Il n'empêche que l'évolution de la loi Leonetti apparaît, dans ce contexte, inéluctable. Encore devra-t-elle intervenir dans un climat apaisé refusant le piège d'une nouvelle confrontation sociétale. François Hollande l'a bien compris qui vient de confier une mission sur la fin de vie aux députés Jean Leonetti (UMP) et Alain Claeys (député PS, spécialiste de la bioéthique). Pressé de sortir de l'ambiguïté par les partisans d'une légalisation de l'euthanasie, le chef de l'État avancera à pas comptés. À juste titre. Sur cette question de vie ou de mort, une réforme ne peut être que consensuelle.
François Hollande est vraiment le dernier à croire à la reprise économique
C’est assez incompréhensible et d’ailleurs personne ne comprend. François Hollande persiste à croire possible une reprise de l’économie française cette année. Tous les chiffres, tous les indicateurs et toutes les prévisions prouvent le contraire. A tel point que la France va rester la seule économie de la zone euro en panne de croissance.
Du coté des entreprises, rien ne brille.
Le moral est en berne. Il n’a pas bougé depuis presque un an. Ce moral s’était un peu redressé en fin d’année 2013 quand le président a amorcé son virage de politique économique. A ce moment-là, il a pris en compte les contraintes européennes, il a abandonné les facilités du rêve de la relance et il a implicitement admis que la charge fiscale avait plombé la reprise.
Le problème, c’est que le pacte de compétitivité (cette combinaison savante entre une baisse des charges, une baisse des dépenses publiques, un retour en grâce de l’entreprise considérée enfin comme l’acteur majeur de la création de valeur) n’a encore trouvé aucune traduction réelle. Le miracle ne s’est toujours pas produit.
Les difficultés politiques pour faire adopter une loi de finances rectificative hypothèquent encore les projections. Comment prévoir et investir dans un univers qui n’est pas stabilisé et sécurisé ? Plus grave, on sent bien que Manuel Valls est obligé d’acheter des voix pour trouver une majorité socialiste. En achetant des voix, il dépense de l’argent, il freine ses recettes. Donc, il creuse le déficit qu’il a pourtant promis de réduire.
Les indicateurs de climat dans le secteur des services, de l’industrie et du bâtiment sont actuellement très dégradés. La température dans les entreprises est plus basse aujourd’hui qu’en juin de l’année dernière.
Autre facteur, la perspective de prix est médiocre. Les prix sont stables. Les entreprises ne peuvent pas espérer une croissance en valeur. A défaut d’une croissance en volume, la valeur nominale (l’inflation) pourrait faire illusion et amorcer les moteurs.
Ce qui est à peine croyable aujourd’hui en France, c’est que tout le monde a ces chiffres : les chefs d’entreprise, les responsables politiques, les membres du gouvernement, les syndicats. Tout le monde … et pourtant le président de la République fait comme si ces chiffres étaient faux. Il croit au retour de croissance, au retournement économique. Et l’Élysée donne des éléments de langage aux ministres pour qu’ils tiennent un discours optimiste. Alors que personne n’est dupe. Tout se passe comme si le président voulait avoir raison contre tout le monde.
Premier point, il est évident que la croissance française est plombée, parce que les trois moteurs de l’activité sont plombés. La consommation est freinée par la hausse de la TVA, et la crainte d’une baisse des dépenses publiques. L’investissement des entreprises est paralysé par l’incertitude, la fiscalité sur le capital et la complexité administrative.
Second point, il est évident que la croissance ne reviendra pas sans confiance et que la confiance sera restaurée que si et seulement si le gouvernement ouvre les chantiers de réformes structurelles capables de baisser les frais généraux de la maison France et d’accroître sa compétitivité.
Il n’a encore rien ouvert.
Troisième point , il est évident que la France n’a plus de bouc émissaire pour l’exonérer de l’effort de redressement qu’ont fait tous les pays en Europe depuis 2009. La gauche n’a rien tenté de sérieux. Elle a cru qu'il suffirait de changer de président de la République, elle a cru qu’une politique de relance par la dépense suffirait, elle a cru aux vieilles utopies keynésiennes, elle a cru que la Banque centrale européenne ferait un job à la place du gouvernement. La banque centrale est allée au bout du bout de sa capacité d’intervention. La gauche a même cru que tout était de la faute de l’euro.
Résultats, le gouvernement n’a plus aucun levier pour espérer sortir du piège de la stagnation . Jamais la France ne s’est retrouvée dans une situation aussi handicapée.
Suppression des notes : Benoît Hamon mérite un zéro pointé !
Je vais révéler un secret aux lecteurs de Vox - j'espère que mes collègues ne m'en voudront pas trop de trahir ce que notre ministre qualifierait sans doute de «délit d'initié». Nous autres, enseignants, nous sommes fondamentalement malveillants à l'égard de nos élèves. Lorsque nous les évaluons, notre but est de les humilier en leur montrant toute la profondeur de leurs lacunes. Nous nous délectons de leurs mines déconfites devant leurs sales notes, devant leurs zéros à répétition - que nous ne manquons jamais d'assortir d'une appréciation aussi méchante que laconique. Nous espérons ainsi les décourager et détruire en eux les belles dispositions dont ils étaient évidemment nantis à leur entrée dans nos classes: ils débordaient de bonne volonté, mais ce n'est certes pas avec nous qu'ils trouveront à l'employer! C'est bien pour cela que nous avons choisi ce métier, bien plus que pour la sinécure ou les salaires rondelets: nous voulons produire de l'échec afin de jouir du spectacle quotidien d'élèves démotivés par nos soins, et, petite satisfaction incidente, causer du tort à l'image de notre pays telle qu'elle se reflète dans l'enquête Pisa.
Bon, trêve de plaisanterie. L'interview donnée par Benoît Hamon au journal Le Parisien, où il dénonce le système actuel de notation et annonce l'ouverture d'une «consultation» pour le réformer, fait vraiment peine à lire.
D'abord parce qu'elle se fonde sur un certain nombre de clichés, que l'on pardonnerait sans doute au profane mais que l'on est beaucoup plus surpris d'entendre du ministre. L'école serait un lieu de souffrance pour les élèves (ils n'osent même pas répondre quand on leur pose une question, les pauvres), et de souffrance telle qu'on la rumine encore des années plus tard: «Tout le monde a le souvenir d'un échec à l'école», ne manque pas de noter M. Hamon, ce qui risque surtout d'alimenter les spéculations sur son propre parcours. Et par ailleurs, les notes telles qu'elles sont actuellement utilisées seraient un vecteur des inégalités sociales: «Si vous avez 10 de moyenne, on considère que vous “valez” 10. Cela satisfait d'abord les familles qui maîtrisent les codes de la réussite à l'école.» Eh oui, pas évident ces maudits codes: écoute ce que dit la maîtresse, fais tes devoirs, ne passe pas huit heures par jour devant les écrans, comment expliquer cela aux malheureuses victimes de l'élitisme?
Ensuite parce que l'on trouve, dans les propos du ministre, certaines inexactitudes qui semblent trahir une maîtrise insuffisante de ses dossiers ou, à tout le moins, de sa communication. Ainsi la dictée aurait-elle pour objet d'évaluer la maîtrise de la grammaire et de la syntaxe ; or le terme syntaxe désignant l'agencement des mots dans la phrase, on voit mal comment une dictée pourrait mesurer la maîtrise qu'en ont les élèves. De même on est très surpris de lire un éloge des «travaux personnels encadrés» (TPE) effectués par les lycéens de première. Cet exercice est donné en exemple des méthodes permettant d'«apprendre et d'évaluer différemment». Or les TPE donnent lieu à une notation sur 20 tout à fait classique, qui est indispensable pour qu'il puisse en être tenu compte dans le calcul des résultats du baccalauréat. Par ailleurs, dans mon expérience personnelle (aux enseignants qui liront ce billet de me dire si elle constitue une exception), les TPE consistent dans un grand nombre de cas en des séances hebdomadaires de glandouille collective sur poste informatique, conclues par la rédaction précipitée d'un document comprenant rarement moins de 70 % de copier-coller. Que le ministre pose ce pseudo-travail comme le modèle d'une pédagogie enfin positive ouvre de bien riantes perspectives à ceux qui ont encore la prétention de transmettre quelque chose à leurs élèves.
Enfin, M. Hamon se focalise sur la note comme si en elle se résumait tout le travail d'évaluation et de conseil fourni par les enseignants. Comme si ces derniers n'annotaient pas les copies qu'ils rendent à leurs élèves, comme s'ils ne consacraient pas une part substantielle de leurs heures de cours à la correction collective des exercices (en répondant aux questions de ceux qui veulent bien se donner le mal d'en poser), comme s'ils ne prenaient jamais le temps de revoir avec son auteur un travail raté, comme s'il n'y avait rien pour aider les élèves à connaître leurs faiblesses et à les surmonter - par exemple les soixante heures annuelles dues par tout enseignant du primaire aux élèves en difficulté, ou les soixante-douze heures d'accompagnement personnalisé intégrées dans l'emploi du temps de toute classe de lycée. En réalité la plupart des élèves savent très bien ce qu'ils doivent améliorer ; mais bien souvent ils n'en ont pas la capacité ou la volonté. Dans mon lycée (et ce n'est pas le pire de France, loin s'en faut), des élèves de terminale S ne savent pas leurs tables de multiplication, des élèves de terminale L avouent sans détour que la lecture de livres les ennuie profondément. Je ne pense pas qu'une réforme de l'évaluation, si bien pensée soit-elle, remédiera à des problèmes de cette nature.
Que souhaite obtenir le ministre au fond? Il est bien évident que la consultation annoncée aboutira, comme c'est toujours le cas, aux conclusions souhaitées par son commanditaire. Or les intentions de M. Hamon apparaissent assez clairement dans son interview: il souhaite une évaluation qui ne se présente pas forcément sous la forme d'une note, qui soit bienveillante et non anxiogène ; il veut aussi qu'elle permette «de mesurer les progrès accomplis et ceux qui restent à accomplir» mais qu'elle ne brusque pas les apprentissages, puisqu'«on peut concevoir qu'un certain nombre de connaissances attendues à la fin de la 6e ou du CE2 puissent être acquises plus tard.» En termes clairs, il s'agit de systématiser la méthode d'évaluation par compétences qui prévaut déjà dans la grande majorité des écoles primaires, en l'assouplissant un peu pour achever de la rendre illisible et inutile.
Prenons un exemple clair. Les écoliers d'il y a trente ans ramenaient cinq fois par an à leurs parents émerveillés un petit livret où figuraient une dizaine de notes correspondant aux matières étudiées (l'approche par compétence n'étant pas totalement négligée puisqu'on distinguait évidemment grammaire, orthographe et rédaction). Ce document donnait aussi le rang de l'élève, ce qui chagrinait les derniers, mais remplissait les premiers d'une légitime fierté. Les appréciations portées par le maître ou la maîtresse pointaient les efforts accomplis ou leur absence. C'était finalement bien clair pour tout le monde.
Aujourd'hui, ah, le bel aujourd'hui de la pédagogie moderne! J'ai sous les yeux les livrets scolaires de mes deux garçons, élaborés par l'inspection académique du Val-de-Marne «en référence aux programmes nationaux». Dans le livret de Fifils n°2, actuellement en classe de CP, 89 items regroupés en 18 chapitres ont été notés de A (acquis) à D (non acquis). J'apprends ainsi que pour l'item n° 6, «prendre part à des échanges verbaux tout en sachant écouter les autres», mon cadet a obtenu un B+ fort encourageant ma foi. Et à présent qu'est-ce que je peux bien faire de cette information? En «pratiques artistiques et histoire de l'art», des évaluations ont permis de vérifier que les élèves savent «observer, écouter, décrire et comparer des œuvres» (les italiques sont d'origine), «proposer (ou utiliser) des procédures simples mais combinées (recouvrement, tracés, collage/montage)», et «chanter en portant attention à la justesse tonale, à l'exactitude rythmique, à la puissance de la voix, à la respiration et à l'articulation». Quand je pense qu'à cet âge je n'ai eu que de malheureuses notes sur 10 en «dessin» et en «chant», je me dis que j'ai vraiment manqué quelque chose.
Le livret de Fifils n°1, élève de CM1, compte huit pages. On y trouve 280 (deux cent quatre-vingts) items répartis en 70 chapitres. C'est, me suis-je laissé dire, le palier 2 du socle simplifié. On dirait le nom d'un talisman précieux dans un roman d'heroic fantasy ; celui qui le possède doit luire d'une étrange aura. Toujours est-il que j'ai photocopié le document pour les nuits d'insomnie. -Fifils n° 1, lui, a pris les choses avec beaucoup de pragmatisme. Il a parcouru le livret en diagonale pour compter le nombre de A qu'il a obtenus et a transformé cela en une note ; puis il a comparé cette note avec celle de ses camarades (qui avaient tous fait la même chose), et a abouti à une idée très précise de son classement. C'est ainsi qu'il entretient sa motivation. Ingénieuse méthode, pas vrai?
Si, comme je le crois très fermement, ce qui vient d'être décrit préfigure la réforme de l'évaluation voulue par M. Hamon, un certain nombre de questions méritent à mon sens d'être posées:
- en quoi obtenir un D (compétence non acquise) est-il moins humiliant et moins anxiogène que d'obtenir un 0, ou une autre mauvaise note chiffrée?
- en quoi une évaluation comme celle que l'on vient de décrire est-elle plus compréhensible pour les élèves et leurs parents, en particulier «les familles qui ne maîtrisent pas les codes de la réussite à l'école»?
- est-il possible ou même souhaitable de travailler à la mise en place d'une école dont seraient exclus classement, compétition et «anxiété» - sachant que ce dernier mot ne désigne rien d'autre dans le discours officiel que le désir de bien faire?
- comment le ministère envisage-t-il de rémunérer le surcroît monstrueux de travail inutile que la mise en place d'un système d'évaluation «réformé» produirait pour les enseignants?
Nul doute que la Grande Commission Consultative mettra tout son soin à éluder ces questions, et quelques autres encore…
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