TOUT EST DIT

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mercredi 2 avril 2014

Nantes : un Ayrault très discret


Sa nomination avait surpris. Son départ était attendu. Jean-Marc Ayrault n'est plus le Premier ministre de la France. Chacun y va de son analyse et je ne ferai pas de commentaire politique. Enfin, presque pas.
Il se trouve que je connais Jean-Marc Ayrault, qu'il est le maire deNantes quand je passe par la case FC Nantes, qu'il vient parfois au stade de La Beaujoire encourager les jaunes, accompagné de Brigitte, son épouse. Je le rencontre. Nous échangeons. Ayrault s'exprime peu, manifeste encore moins durant le match, quitte à s'effacer dans la tribune protocolaire où sa présence devient discrète. Question de caractère, sans doute.
Il me semble que cette nature freine la réussite de Jean-Marc Ayrault à Matignon. Ce goût du retrait handicape un chef de gouvernement. Ayrault ne multiplie pas les interviews, les voyages en province, les prises de parole pour un oui ou pour un non. Ayrault ne brasse pas d'air, parle gris et garde ses distances. Paris Match lui fiche la paix. Il ne squatte pas la télévision, refuse le service après-vente pour expliquer et convaincre. Bref, l'anti-Sarkozy. Or, l'ancien président de la République a changé la com'. Il faut paraître pour exister. L'effacement est un suicide. 

Pour vivre heureux, vivons cachés

Jean-Marc Ayrault est nommé Premier ministre et sa parole ne varie pas. Il reste le maire de Nantes. Les Nantais ont aimé cette retenue, passeport pour séduire la bourgeoisie locale. Nantes affiche ses foulards Hermès dans les rues, inscrit ses enfants dans les écoles catholiques et fuit le bling-bling comme la peste. On part le samedi ou le dimanche pour Noirmoutier ou pour La Baule, comme bon-papa ou bonne-maman l'ont fait au XXe siècle. Pour vivre heureux, vivons cachés. Ayrault, l'homme de gauche, répond à cet ADN.
De 1989 à 2012, la presse locale épargne le premier magistrat de la ville. Ouest-France et Presse-Océan, les deux quotidiens locaux, apprécient ce maire de proximité, pas bégueule et toujours disponible, qui transforme la belle endormie - le surnom de Nantes - en une ville ouverte et moderne. Ayrault parie sur la culture. Elle colore ses quatre mandats à coups de folles journées ou d'éléphant géant.
"Petit lapin ne vient pas à Paris", chante Henri Salvador. "Les gens d'ici ne sont pas tous gentils." La presse parisienne matraque Jean-Marc Ayrault. Il le regrette en off. C'est sa principale surprise, dit-il volontiers, la dureté des journalistes de la capitale. Remarque intéressante, mais fausse. Jean-Marc Ayrault n'est plus le maire d'une ville de 250 000 habitants. Il dirige la France. Un changement de braquet s'impose. Impossible de se planquer. Hélas, par honnêteté ou par nature, par choix ou par conviction, Jean-Marc Ayrault reste Jean-Marc Ayrault, affable et réservé. Mauvais casting. Le premier rôle n'a pas la gueule de l'emploi, pas le charisme qu'il faut. Le film ne fonctionne pas. Le metteur en scène remplace sa vedette. Plus jeune, plus beau, cheveux noirs et dents blanches. Manuel Valls occupe l'espace. Il prend la lumière. Il affiche sa détermination. Il pousse des coups de gueule. Il existe, quoi. Appelons cela la présence ou le charme. A-t-il des résultats ? Peu importe. Il parle. Il communique. On le voit. On l'entend. En 2014, ça suffit ? À votre avis ?

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