TOUT EST DIT

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mercredi 2 avril 2014

Hollande, ses pactes, notre enfer

Hollande, ses pactes, notre enfer


Il y eut d'abord, en octobre 2012, le "pacte de compétitivité" entre l'État et les PME, qui devaient chacun "prendre leurs responsabilités". Ce pacte, avait précisé le chef de l'État, ne "laissera rien de coté". Las ! Il y eut un "pacte de responsabilité" en janvier dernier. Attention, ce pacte reposait sur deux éléments : d'un côté, la simplification et les baisses d'impôts pour les entreprises, de l'autre, des "contreparties". François Hollande avait même théorisé cette subtile articulation peu après : "Les contreparties forment un tout avec le pacte ; elles sont le pacte." Et dimanche dernier, laFrance émerveillée a appris qu'elle entrait dans un nouveau pacte, "de solidarité" cette fois, qui "correspond" (sic) au pacte de responsabilité.
Gardons la tête froide et posons les bonnes questions : le pacte de solidarité fait-il partie des contreparties du pacte de responsabilité ou lui tient-il lieu de miroir inversé, avec donc ses propres contreparties, qu'on attend de découvrir avec impatience ? Les pactes se superposent-ils ou se substituent-ils les uns aux autres ? Quelle confrérie mystérieuse signe ces fameux pactes, toujours annoncés d'un ton martial par un homme seul derrière son pupitre ? Et surtout : y a-t-il encore non pas 10 %, non pas 1 %, mais un seul Français dans le pays qui accorde encore le moindre crédit à ces expressions usées et grotesques ? Flatus vocis, comme disaient les philosophes : "un souffle de voix", envolé aussitôt qu'exprimé. 

Coût du travail

Pourtant, si l'on reprend les mesures détaillées dans ces trois pactes, on s'aperçoit qu'elles ont un substrat commun et très précis. Pacte de compétitivité : 20 milliards de baisses de charges. Pacte de responsabilité : 30 milliards de baisses de cotisations patronales. Pacte de solidarité : baisse des cotisations salariales, pour un montant encore indéfini.
Ainsi, notre leader éclairé aurait donc compris, après vingt ans de rapports unanimes, qu'il faut baisser le coût du travail en France (rappelons que, selon la Banque mondiale, le taux de taxation sur les profits d'une entreprise française est de 65 % en moyenne, contre 41 % dans les pays de l'OCDE). Et de fait, les conseillers que l'on peut rencontrer à l'Élysée sont tout aussi libéraux que vous et moi. Quant à notre nouveau Premier ministre, il ressemble davantage à Matteo Renzi qu'à Michel Sapin

"Solidarité"

Mais François Hollande noie sa découverte dans son filet de pactes. Le pacte de responsabilité feint d'exiger des "contreparties en termes de créations d'emplois", comme si les entreprises étaient assez vicieuses pour croître sans embaucher. Le pacte de solidarité frappe encore plus fort, puisque "solidarité" devient synonyme de baisse d'impôts, un raccourci que même Alain Madelin hésiterait à prendre.
Cette incapacité à assumer une ligne somme toute réformiste est en soi un drame. On ne comprend rien, on s'énerve, on vote FN. Pourquoi ne pas dire simplement, comme Blair, Schröder et aujourd'hui Renzi, que baisser les impôts, couper les dépenses et simplifier l'administration constituent en eux-mêmes des objectifs politiques, permettant de dynamiser l'activité des entreprises et de libérer les individus d'un sentiment pesant d'extorsion et d'injustice ?
Mais non. Faust continue son baratinage. Il aurait dû écouter l'avertissement de Méphistophélès : "Où les idées manquent, un mot peut être substitué à propos ; on peut avec des mots discuter fort convenablement..." Mais cela vous conduit en enfer.

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