TOUT EST DIT

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jeudi 6 février 2014

Une seule solution... la dissolution ?


Les péripéties politiques du 3 février et leurs suites autour des questions de Loi sur la Famille, de PMA et de GPA méritent de retenir toute notre attention. Et en en premier lieu s’agit-il de péripéties ? ou d’une nouvelle fêlure du lien entre démocratie et orientations libérales ?
Rappel du contexte :
Le 26 janvier, une manifestation baptisée rageusement « Dies Irae » rassemble plusieurs (dizaine de ?) milliers de factieux d’origine diverses, de « Riposte laïque » à Civitas et traverse Paris en vociférant des slogans haineux et de guerre civile qui auraient dû valoir à ses organisateurs des poursuites. Seuls des « casseurs » furent inquiétés.
Une semaine après, le 2 février, des dizaines de milliers de catholiques, accompagnés de quelques autorités d’autres religions, sous l’appellation « la manif pour tous » a poursuivi l’offensive réactionnaire qu’ils avaient menée au printemps dernier (qu’ils qualifient de « français ») en essayant d’imposer par la force le retrait d’une mesure largement accepté par une majorité de citoyens et portée par une très large majorité de parlementaires : le mariage pour tous (on parlera même alors d’une délirante organisation de putsch à laquelle auraient été mêlés des proches de hauts gradés de l’armée dont le chef du cabinet militaire du Président de la République). Cette fois-là la cible était les amendements PMA et GPA que des parlementaires socialistes étaient censés porter dans la cadre de la loi sur la Famille, et le délire portait sur le « poison » qui serait instillé parmi les écoliers par l’imposition d’une « théorie du genre », obsession imaginaire de ces milieux catholique, pour reprendre les mots de Christian Estrosi.

Rappel des faits :
Le 3 février, le Ministre de l’intérieur, ministre de la police et des cultes, proclame clairement la capitulation du Gouvernement devant un lobby ayant pris goût à la rue et s’érigeant comme seul détenteur des valeurs de la famille et de la société française. Le Ministre indique que tout amendement relatif à la PMA et à la GPA serait bloqué sans même qu’il soit question de débat. Il s’arroge ainsi les prérogatives de la Ministre en charge de la Famille et celles du Ministre chargé des relations avec la Parlement, s’érigeant pour sa part en « principal ministre » comme sous la monarchie.
Le Président du Groupe PS à l’Assemblée nationale renâcle mais est « recadré », comme on dit aujourd’hui, par le Premier ministre qui annonce purement et simplement le retrait de l’ordre du jour de la session parlementaire d’un projet de loi sur la famille par ailleurs intéressant.

Questionnements :
Ces errements formels au regard de pratiques gouvernementales et parlementaires montre la dégradation continue d’institutions à bout de souffle. Les Parlementaires socialistes, élus sur un programme « raisonnablement » progressiste, se trouvent muselés dans leurs éventuelles initiatives. Le PS qui dans l’opposition se gaussait des parlementaires « godillots » voit sans rien dire se renforcer cette pratique de concentration des pouvoirs entre les mains du Président et du « principal ministre ». Faut-il rappeler la rebuffade subie par le Premier Ministre au lendemain de son annonce d’une profonde remise à plat fiscale, ou l’éviction de la Ministre, socialiste, de l’Ecologie défendant son budget, et tout ce que l’on appelle « couacs » et qui ne sont la plupart du temps que une prise de contrôle sur de toute expression personnelle ?
Au-lendemain de cette « folle journée », quelques parlementaires socialistes ont cependant exprimé le désir de représenter sous forme de propositions de loi des segments de la loi de Madame Bertinotti. Nous verrons ce qu’il en adviendra. Car pour ajouter au trouble, le Canard Enchaîné le 5 février qu’une reculade sur la loi Famille était envisagée depuis longtemps. Et le Premier ministre semble cèder du terrain devant la grogne des élus. En tout état de cause, félicitons le Ministre de l’Intérieur d’avoir, par ses déclarations à l’emporte-pièce, donné le crédit de ces positions incertaines à la Manif pour tous qui n’en demandait pas tant !
On rêve !

Mais ce pas-de-clerc n’est pas le seul. Et la chanson du moment devrait être « La défense élastique » lancée par Pierre Dac sur la Radio de Londres « Chaque pas en avant doit être immédiatement suivie de deux pas sur le côté… »http://www.deezer.com/track/13775059.
Les épisodes se succèdent qui vont tous dans le même sens. Les moindres protestations des « pigeons » et autres volatiles sont suivis de reculs du Pouvoir. Les cartons jaunes brandis par le MEDEF à Lyon suffisent à mettre en place ce Pacte de responsabilité, non social-démocrate, mais libéral, que tout le monde a considéré comme un changement radical (ce qui n’est pas évident à nos yeux) de la politique gouvernementale.
En tout cas, ce n’est en rien le « Changement maintenant » pour lequel, nombreux nous nous sommes battus en 2012.

Et pendant ce temps-là, les élus et militants, dans les contraintes électorales et d’appareil qui pèsent sur eux, avalent couleuvres sur couleuvres et font en privé la soupe à la grimace.
Dès lors, on se demande en quoi le cumul des mandats serait un problème dès lors que l’Assemblé ne serait qu’une Chambre d’enregistrement ?
On se demande s’il est moralement possible de maintenir des femmes et des hommes de gauche en situation d’entériner une politique pour laquelle ils n’ont pas été élus et vis-à-vis de laquelle ils sont de plus en plus nombreux à exprimer, à voix plus ou moins haute, des doutes ?
On se demande si les palinodies auxquels se livrent dirigeants et élus EELV et que dénonçait récemment, sur France Culture, Hervé Kempf, peuvent être vraiment « durables » ?

Plus profondément et compte tenu de la crise des institutions souvent évoquée, du décalage entre le Président et l’opinion publique (ce qu’avère les sondages malgré la légère hausse récemment enregistrée) on peut légitimement se demander si la solution ne serait pas purement et simplement une dissolution et un retour aux urnes qui donnerait (ou non) au Président une majorité conforme à ses nouvelles orientations et au changement dans lequel il est désormais engagé.
La démocratie, en gagnant en clarté et en sincérité, s’en trouverait sans doute renforcée.

Mais est-il encore temps ? Mario Soares, militant social-démocrate, un des fondateurs du PS portugais, ancien premier ministre, ancien cacique de l’Internationale socialiste, interrogé par l’Humanité-Dimanche, après avoir constaté : « Mais il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui il n’existe plus ni partis socialistes, ni démocrates chrétiens. Ils ont été détruits ou convertis. Il n’existe plus que des partis ultra-réactionnaires, plus ou moins néo-libéraux et favorables aux marchés » n’hésite pas à mettre en garde : « Il faut mesurer que l’austérité conduit le Portugal, mais aussi l’Europe, sur le chemin de la dictature ».
Faut-il rappeler qu’ Hayek disait qu’il préférait un dictateur libéral à une démocrate qui ne le serait pas ? Rappeler que Maggie Thatcher encourageait Friedmann et les Chicago Boys auxquels Pinochet avait livré le Chili au lendemain de son coup-d’état ?
Peut-on ne pas envisager les conséquences politiques du développement des inégalités, du rétrécissement de l’oligarchie, des pratiques de l’austérité au profit de la finance ?
Peut-on devant la preuve quotidiennement faite de ce que la doxa nous conduit au mur continuer à penser que "There is no alternatives", le TINA thatchérien ?

Une récent sondage internet conduit par le groupe S0S montrait que 70% des personnes ayant répondu affirmaient que l’on ne pourrait sortir de la crise actuelle que par un profond bouleversement des règles. C’est optimiste !
Paul Jorion dans son dernier ouvrage "Misère de la Pensée économique" [2013-Fayard] développe des "solutions" pour endiguer et subvertir le capitalisme financier ; à l’issue de son analyse des mécanismes de la fianance, dont il a été un acteur, ces solutions paraissent évidentes, aussi hérétiques soient-elles. Et à partir de là, l’anthropologue et sociologue crie "There is ALWAYS an alternative"
Il est plus que temps de se rassembler, d’y travailler, de la faire triompher.

Nous sommes loin de la question initiale de la PMA et de la GPA ? pas sûr.

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