jeudi 6 février 2014
Politique du boomerang
Politique du boomerang
Il y en a vraiment assez de cette « politique du boomerang » qui n'en finit pas, au gré des alternances, de caractériser les rapports de la gauche et de la droite. Dernier exemple en date : la très maladroite pression exercée par le cabinet de Christiane Taubira auprès du procureur général de Paris, François Faletti, pour l'inviter à rejoindre un placard doré à la Cour de cassation. L'intéressé – si l'on peut dire ! – a décliné l'offre en faisant connaître, par lettre opportunément médiatisée, sa réprobation quant à la méthode utilisée. Gardons-nous, dans cette affaire, de toute naïveté en refusant d'entrer dans le jeu outré des uns et la banalisation candide des autres.
Bien sûr qu'il n'y a pas là matière à « scandale d'état », comme a tout de suite voulu l'insinuer la droite, oublieuse de ses pratiques passées. Mais dire qu'il « n'y a pas là de quoi fouetter un chat », ainsi que l'a minimisé la gauche, relève d'une exagération inverse, faisant peu de cas des grandes déclarations de la Garde des sceaux sur l'indépendance des magistrats du parquet. Il fallait aussi le toupet amnésique de Najat Vallaud-Belkacem pour dénoncer « une exploitation politicienne extrêmement choquante ».
Bref, dans ce dossier l'hypocrisie généralisée domine. Christiane Taubira, dont on sait l'aptitude à faire le ménage parmi les collaborateurs ne partageant pas sa « sensibilité », est aussi peu exemplaire que ses prédécesseurs, l'arrogance en plus. Mieux vaudrait, dès lors, plutôt que d'entretenir l'illusion d'une justice totalement indépendante, reconnaître les règles d'un « spoil system » à la française en se gardant bien de faire la leçon aux autres.
Pas plus que la droite, la gauche n'a entrepris une réforme du Conseil supérieur de la magistrature entérinant la coupure radicale du cordon ombilical entre le pouvoir et le parquet dont « l'absence d'indépendance » était justement pointée tout récemment par la Commission européenne. Pas étonnant qu'en France, corruption, conflits d'intérêts et contentieux politico-financiers soient majoritairement enterrés par des magistrats d'un parquet… sensible.
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