vendredi 7 février 2014
PARIS: BERTRAND DELANOË QUITTE LA SCÈNE APRÈS DEUX MANDATS
M. Delanoë, qui avait été élu conseiller de Paris en 1977 dans le XVIIIe arrondissement, présidera son dernier conseil de Paris lundi, avant de remettre les clés de l’Hôtel de Ville à son successeur début avril. Sa première adjointe, Anne Hidalgo, est pour l’instant la favorite des sondages, devant la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le maire, âgé de 63 ans, quittera ses fonctions au faîte d’une popularité qui n’a pas fléchi depuis son agression par un déséquilibré, le 6 octobre 2002 lors de la première «Nuit Blanche».
«Bertrand Delanoë est en train de réussir sa sortie. Il s’applique comme il l’avait promis le non-cumul (des mandats) dans le temps. Il n’y a pas tant que ça d’hommes politiques qui l’ont fait avec cette détermination, cette classe», juge Jean-Louis Missika, un des artisans de son élection en 2001.
A la différence de Jacques Chirac, maire RPR de 1977 à 1995, M. Delanoë laisse une maison en ordre, ayant très tôt mis en selle sa première adjointe.
Elu en 2001 à la faveur des divisions de la droite, l’ancien porte-parole du PS, qui avait promis dans son livre programme «Pour l’honneur de Paris» d’éliminer «un système dévoyé», a effectivement mis fin au climat délétère ayant entouré la fin de règne du RPR, et changé en profondeur le visage de la ville.
Ses deux mandats auront été marqués par d’incessants travaux de voirie: pour aménager des couloirs de bus et des pistes cyclables; rendre aux piétons les voies sur berge ou la majeure partie de la place de la République; permettre le passage du tramway T3; installer des stations de vélos et de voitures électriques en libre service (Vélib et Autolib).
Ces deux dernières innovations se sont exportées avec succès à l’étranger, tout comme les incontournables «Paris Plage» et «Nuit Blanche», pendant lesquels la ville s’offre -le temps d’un été, d’une nuit- sous un jour ludique et poétique.
La plus grande fierté de Bertrand Delanoë ? Avoir fait repartir à la hausse la population parisienne (124.000 Parisiens de plus depuis 2001), qui déclinait depuis la fin des années 60. «Je suis un maire aphrodisiaque», a souri M. Delanoë lors de ses derniers voeux à la presse. Le financement de «70.000 logements sociaux», portant leur part à 20% plusieurs années avant l’échéance prévue par la loi, a contribué à cette «vitalité», se félicitait-il aussi récemment.
Si le bilan du maire est controversé -certains dénoncent un «cauchemar pour les automobilistes» sciemment entretenu, le goût prononcé de cet ancien noctambule pour les «paillettes», et le déclin de Paris dans le concert des grandes métropoles- il fait selon les enquêtes d’opinion l’objet d’une très large approbation des Parisiens.
Que fera Bertrand Delanoë de la popularité et de la crédibilité acquises pendant ces deux mandats ? Régulièrement cité parmi les poids lourds susceptibles d’entrer au gouvernement voire à Matignon, M. Delanoë n’a cessé au cours de l’année écoulée de dire son désir de prendre du «recul», d’être «dégagé de toute perspective de pouvoir». Interrogé sur son avenir le 5 janvier, le maire s’est plu à citer Jacques Chirac : «Quand on a été maire de Paris pendant plus de dix ans, on n’a plus envie de patron».
En septembre, il avait dit son souhait de passer «quelques mois par an» à Bizerte, en Tunisie, où il a grandi. Et en mai, il avait affirmé qu’il ne «souhait(ait) pas» entrer au gouvernement, parlant d’un engagement auprès de «fondations» ou de possibles «activités internationales».
Beaucoup dans son entourage pensent qu’il faut prendre M. Delanoë au mot, et que sa carrière comme figure politique de premier plan s’achèvera le 30 mars. D’autres pensent que «si les circonstances politiques lui permettent de jouer un rôle national, il le jouera». Pour son ami de 40 ans et adjoint Pierre Schapira, «il faut le croire. Mais la vie politique ce n’est pas écrit. Il a toutes les potentialités pour qu’on fasse appel à lui».
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