vendredi 7 février 2014
Devises olympiques
Devises olympiques
Il faudra bien se résoudre, à un moment ou un autre, à réviser la célèbre devise olympique « Plus vite, plus haut, plus loin » pour la mettre au goût du jour. Il ne serait pas exagéré d'y substituer un triptyque du genre « Plus cher, plus fou, plus inhumain ». Ce n'est pas qu'il faille jouer à tout prix les grincheux et gâcher le plaisir du milliard et demi de téléspectateurs qui vont suivre les 22 es JO d'hiver à Sotchi, mais, plus lucidement, de dénoncer la « récupération » et la défiguration du sport par complicité des instances sportives avec les dirigeants politiques. Ce n'est certes pas d'aujourd'hui que le sport sert d'outil de propagande à des régimes en quête de respectabilité, mais l'on assiste désormais à une surenchère qui défie l'entendement.
C'est ainsi que Vladimir Poutine a obtenu l'organisation des JO d'hiver dans une station balnéaire au climat subtropical où il ne neige pas. La « poudreuse » a été livrée par camions pour couvrir les pistes. De quoi ouvrir des perspectives au Qatar qui, pour l'heure, se contentera d'accueillir en 2022 un Mondial de football se disputant dans des stades climatisés pour échapper aux conditions caniculaires.
Les plus condamnables, dans tout cela, sont les notables du CIO (pour les Jeux) ou de la FIFA (pour le foot), plus sensibles aux « attentions » corruptrices des pays candidats qu'à l'intérêt des sportifs qu'ils représentent. Et que dire, dans cette course au gigantisme, des populations « saignées », au propre comme au figuré sur des chantiers titanesques, pour satisfaire la folie des grandeurs de leurs dirigeants ?
Les JO de Poutine vont coûter deux fois plus cher (37 milliards d'euros) que les JO d'été de Pékin. Avec quel profit pour les Russes ? Jamais une compétition sportive planétaire n'a été à ce point le fruit de la volonté d'un seul homme et l'occasion, pour lui, d'exalter sa présidence musclée. Il ne sera pas interdit, ce soir, pour la cérémonie d'ouverture, d'accorder aux compétiteurs l'attention qu'ils méritent, tout en déplorant cette perversion de la devise olympique devenue devises sonnantes et trébuchantes.
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