TOUT EST DIT

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dimanche 10 février 2013

Exilez-vous plutôt en Patagonie !


Décidément, la présidence “normale” de M. François Hollande suscite des réactions ou des rejets pour le moins inattendus. Après les “salauds de riches” qui, promis à une fiscalité confiscatoire et discriminante, ont pris, dès le joli mois de mai le chemin de Bruxelles, de Genève et de Londres, voici venu le tour des artistes, sans doute moins nombreux mais bien plus tonitruants. De Gérard Depardieu qui, lassé d’être pris pour une vache à lait, part pour la Belgique, puis, traité de “minable” par le premier ministre soi-même, oblique vers la Russie où il se voit offrir appartement, datcha et portefeuille de ministre de la Culture dans l’improbable République de Mordovie, à Brigitte Bardot qui, “traînée dans la boue” depuis des lustres, menace, elle aussi, de partir au pays des ours au motif que la Ville de Lyon entend euthanasier des éléphantes tuberculeuses. Et jusqu’au réalisateur Mathieu Kassovitz, icône d’un public branché, qui clame son intention de s’exiler aux États-Unis non pour raisons fiscales mais artistiques, sous prétexte que la France ne lui permet plus d’exprimer ses talents de créateur. Où et quand s’arrêtera cette hémorragie de “riches cons” et d’artistes “minables”, provoquée par une politique dogmatique, imbécile et stérile ?
Ce malaise français, un indice aussi sûr qu’il est méconnu permet de le diagnostiquer depuis longtemps : le taux des demandes de naturalisation au consulat général de Patagonie. Le royaume onirique de Patagonie, dont le monarque français, Orélie-Antoine Ier, règne depuis cent cinquante-trois ans, est en effet le refuge et la patrie de rechange de tous ceux qui ne se reconnaissent plus dans un pays qui, comme le poisson, pourrit par la tête, et dont les gouvernants, de toutes obédiences politiques, n’ont de cesse que de décourager les citoyens à se vouloir encore français. Un pays dominé par le ressentiment, qui, sous couvert de “justice sociale” et de lutte vertueuse contre les inégalités, entretient une guerre civile larvée et une lutte des classes endémique.
Quand Jean Raspail, dans la foulée de son roman le Jeu du roi, inventa, en 1976, le royaume de Patagonie et l’allégeance symbolique à un souverain qui règne par « l’éternel pouvoir de l’absence », il n’imaginait pas qu’il serait un jour presque débordé par le succès de ce canular, plus sérieux qu’il n’y paraît, comme tous les jeux. À lire le Moniteur de Port- TounensBulletin de liaison des amitiés patagonnes, à la parution capricieuse (le numéro14 vient de paraître), à parcourir son volumineux et irrésistible « Annuaire général et diplomatique », on sera surpris non seulement de la diversité des quelque 5 000 sujets du royaume, mais aussi et surtout — signe inquiétant — du nombre d’officiers et de fonctionnaires qui ont choisi la Patagonie comme patrie du coeur et de l’esprit.
À chaque crise de notre vieux pays, observe Jean Raspail dans son éditorial, la chancellerie voit affluer les demandes de naturalisation. Il serait rassurant que le royaume de Patagonie compte moins de sujets qu’il n’est de sujets de mécontentement en France.
Le Moniteur de Port-Tounens (162 pages, 33 €). Rens. : chancellerie de Patagonie, 20, avenue de Lowendal, 75015 Paris.

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