Le fou rire de Christiane Taubira, à l'Assemblée nationale, a transformé en séance d'hilarité générale cet interminable débat sur le mariage pour tous. Il a brièvement apaisé quinze jours de crise de nerfs. Pendant ce temps, à Londres, les conservateurs adoptaient le même mariage, comme un seul… homme !
Les questions « par petits bouts » d'un député ont fait craquer la ministre. Petits bouts ? Cela fleurait bon le double sens grivois. Le rire, disait Bergson, cache une arrière-pensée d'entente et de complicité. En riant de concert, ministre et opposition se sont effectivement sentis plus proches. Un court instant.
L'opposition aurait pu profiter de cet éclat de rire libérateur pour se sortir de son propre piège et alléger sa tactique d'obstruction. Le rire, écrivait George Sand à Flaubert, est un grand médecin. Ses vertus thérapeutiques sont connues, mais les politiques préfèrent s'en passer. Levez-vous, clivages désirés !
Pourtant les Français, eux, ont manifestement besoin de rire, même aux larmes. On les dépeint angoissés par le chômage, la précarité, la pauvreté. L'homme souffre si profondément, dit Nietzsche, qu'il a inventé le rire. Pourquoi ne pas y avoir recours plus souvent pour sortir la France de son état dépressif ? Pas le rire béat, ni celui faux et mécanique des plateaux télé. Mais un rire salvateur, en attendant un improbable parti d'en rire.
LES FRANÇAIS ON CERTES BESOIN DE VERSER DES LARMES,
OUI, MAIS DE CROCODILE
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