TOUT EST DIT

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dimanche 10 février 2013

Divorce syndical


Un parfum de radicalité souffle sur la CGT. Thierry Lepaon, qui va succéder à Bernard Thibault, clame : « L’heure de la mobilisation a sonné. » La fracture se creuse avec la CFDT. Son nouveau patron, Laurent Berger, dénonce la position dogmatique de la centrale sur le dossier Goodyear et les méthodes d’intimidation à Aulnay. Deux visions du syndicalisme s’affrontent.
Leur différence s’est affichée le 11 janvier quand la CFDT, la CFTC et CFE-CGC ont signé avec le Medef un accord sur la sécurisation de l’emploi qui a jeté les bases d’une flexisécurité à la française. La CGT et FO se sont abstenues. François Hollande s’est réjoui de cette réussite du dialogue social. Il menaçait de recourir à la loi en cas de blocage. Il avait besoin de cet accord, traduction de sa ligne sociale-démocrate, pour rassurer ses partenaires européens. À Berlin, Angela Merkel l’a félicité.
La CGT n’a pas signé mais son refus n’est pas permanent. Il lui est arrivé aussi de ratifier des accords, y compris sous le quinquennat précédent. Mais il est clair que, le 11 janvier, Bernard Thibault aurait préféré que la négociation échoue, ce qui aurait masqué l’échec de ses efforts pour moderniser la centrale. Il a pourtant essayé. Avant de partir, il voudrait empêcher la transposition dans la loi de l’accord du 11 janvier. Il a rencontré mardi les députés PS mais sa plaidoirie avait peu de chances d’être entendue.
En réalité, sur beaucoup de dossiers, Bernard Thibault est dépassé par ses troupes dont il ne cautionne pas toujours les méthodes. C’est flagrant à Aulnay où le leader Jean-Pierre Mercier, ex-candidat de Lutte ouvrière, pratique un quasi-sabotage avec intimidation, injures et jets de boulons. L’usine, qui fermera en 2014, tourne au ralenti et 150 à 200 agents empêchent de travailler plus de 2 000 salariés exaspérés de voir leur salaire amputé. Une stratégie de rupture qui ne mène à rien.
Le scénario est identique à Amiens-Nord chez Goodyear où le CGT Mickaël Wamen, ex-candidat communiste, refuse toutes les souplesses acceptées par son homologue chez Dunlop, à Amiens-Sud. La surenchère permanente, c’est le refus de regarder la réalité en face : avec la crise de l’automobile, l’industrie du pneu est forcément pénalisée. À l’automne, Wamen a éconduit le repreneur potentiel, l’américain Titan, qu’Arnaud Montebourg voudrait ramener autour de la table.
Le magazine du Monde a publié une enquête sur une demi-douzaine de leaders syndicaux, principalement CGT, fortement médiatisés, qui ont tenté d’empêcher des fermetures avec souvent la manière forte. Pour tous, ça s’est mal fini. Ils y ont perdu leur emploi, leur femme, leur syndicat les a lâchés. Ils ont sombré dans la dépression. Le jusqu’au-boutisme ne paie pas.

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