TOUT EST DIT

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dimanche 24 novembre 2013

« Nervous breakdown »

« Nervous breakdown »
Voici Lautner et Audiard réunis, laissant derrière eux quelques millions d’orphelins. De flingueurs, les malheureux tontons se retrouvent flingués. Évidemment, nous connaissions la fin, inéluctable. Elle est aussi brutale qu’un alcool indéterminé avalé sur un coin de table de cuisine. Au bout du bout, la Camarde finit toujours par triompher.
Lautner, comme tous les grands faiseurs de films, dynamitait, dispersait, ventilait la morosité. Il va sérieusement nous manquer. Non qu’il n’y ait pas de successeurs. Mais on a rarement connu un tel concentré de bonne humeur. Notre époque riche en « nervous breakdown » aurait bien besoin d’autres élixirs de ce genre pour calmer les tord-boyaux que la crise nous distille.
Le réalisateur et son dialoguiste doivent se marrer sur leur nuage en écoutant les éloges funèbres unanimes à propos de Lautner et de ses « films cultes ». Adieu le message « poujadiste » et « franchouillard » que d’aucuns leur collèrent. On encense les triquards, on sanctifie les politiquement incorrects. Le premier qui pense que « les c… ça ose tout et c’est à ça qu’on les reconnaît » gagne une photo dédicacée de Lulu la Polonaise.
Certes, on sait que ce qu’il y a de curieux chez les politiques (comme chez les marins), « c’est ce besoin de faire des phrases ». Mais à force de manier l’encensoir hier, certains risquent la crampe. On peut même se demander si, aujourd’hui, quelques répliques de Michel Audiard ne lui vaudraient pas d’être cloué au pilori par les bien-pensants. Nos cultureux, toujours à la recherche de « l’anti-accord absolu » que mitonnait l’excellent Claude Rich dans son grenier, en avaleraient leur dernière subvention.
Malgré le noir et blanc, l’absence de trucages, les Français, toutes générations confondues, se marrent comme des baleines depuis cinquante ans. Ça mérite le respect. Même François Hollande s’est inspiré de la saine leçon des « Tontons flingueurs » avec sa boîte à outils. Il s’est rappelé ce conseil crucial : « Si on bricolait plus souvent, on aurait moins la tête aux bêtises. » À moins que, las des mauvais sondages, il ne soupire : « On ne devrait jamais quitter Montauban » ou Tulle.

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