TOUT EST DIT

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samedi 2 novembre 2013

M. Hollande et la gauche foutraque

M. Hollande et la gauche foutraque


Le pouvoir, c'est exactement le contraire de la vie telle que la définissait si joliment Jean Giono, notre panthéiste national : "C'est de l'eau. Si vous mollissez le creux de la main, vous la gardez. Si vous serrez les poings, vous la perdez"(1). Tous ceux qui connaissent la vie savent qu'elle échappe très souvent à ceux qui ont peur de la perdre.
L'erreur de François Hollande est de rarement serrer les poings. Le président confond le pouvoir et la vie : c'est sa tragédie. Quand il hésite ou fait des pas de deux, on ne sait jamais bien si c'est du calcul, de la gentillesse, de la faiblesse ou de la procrastination. Au point que beaucoup de Français ont aujourd'hui le sentiment que la maison n'est plus tenue.
Que n'a-t-il fait carrière en Europe du Nord ! En Suède ou en Norvège, M. Hollande serait sans doute à l'unisson du peuple : comme l'Allemagne du dernier après-guerre, ce sont des pays qui s'accommodent du pouvoir pourvu qu'il soit modeste. Ils n'aiment pas les poses ni les éclats de voix ni les effets de manches, alors que nous autres Français sommes un peuple monarchiste et guillotineur, bonapartiste et éruptif, voire émeutier. Sans oublier un faible pour la gloriole ou la fanfaronnerie, qui ne sont certes pas le fort du président. Chez nous, Mme Merkel n'aurait pu connaître de tels triomphes.
Avec son jugement de Salomon dans l'affaire Leonarda, M. Hollande a donné une image caricaturale de lui-même. L'obsédé de la synthèse. Le petit mitron de la carpe et du lapin. Le pâtre des moutons, des loups, des coqs et des renards. L'homme qui veut être le point centripète d'une gauche soumise à des forces de plus en plus centrifuges, entre les Bisounours à la Duflot ou Taubira et les réalistes façon Valls ou Moscovici. On dirait un curé bénisseur qui chercherait à concilier les catholiques et les huguenots à feu et à sang, en pleine guerre de religion.
Pour lui pourrir son quinquennat, Mme Aubry avait laissé en héritage à François Hollande une majorité avec un gros ver dedans, celui de la gauche foutraque. L'ancienne première secrétaire donna ainsi des brouettes de circonscriptions aux petites frappes de l'écologie politicienne. Sans parler des nombreux agités du bocal du PS, comiques troupiers du socialisme, qui ne font plus rire personne, pâles copies de Jean-Luc Mélenchon, dont ils n'ont ni la verve ni le talent. Autant de bombes à retardement. Elles peuvent exploser à tout moment. Faites les comptes : sans eux, le gouvernement n'a plus de majorité à l'Assemblée nationale. C'est pour ne pas se les braquer que le président semble si souvent changer de pied.
Avec tant de gigotements à donner le tournis et une impopularité qui se creuse au point qu'elle devrait vite l'amener, au train où vont les choses, de l'autre côté de la terre, M. Hollande peut-il reprendre la main ? Il est une vieille règle qui stipule que c'est quand les politiciens sont morts qu'ils finissent par renaître, surtout quand on les a enterrés. Si on regarde les perspectives économiques, on a peine à croire qu'elle puisse s'appliquer au président.
Les courbes de nos finances ont des airs de spirales infernales : l'an prochain, les dépenses publiques vont ainsi progresser de 20 milliards d'euros en valeur absolue, alors que les prélèvements obligatoires augmenteront de 25 milliards. Comment l'économie pourra-t-elle repartir dans ces conditions ? Même si l'Etat prétend se soumettre à une petite diète, la réalité des chiffres est accablante.
Le choc fiscal a provoqué tous les effets prévus, dont le moindre n'est pas une baisse de régime et d'énergie chez la plupart des entrepreneurs. A court terme, c'était peut-être moins dangereux pour le pouvoir que de baisser les dépenses publiques, dont la hausse vertigineuse, causée par l'avidité compulsive d'un Etat jamais repu, fait dérailler notre économie. A moyen terme, sur le plan économique, c'était le contraire de ce qu'il fallait faire.
Il n'y a que les prétendus économistes atterrants et archéomarxistes du PS qui croient qu'en matière fiscale 1 + 1 = 2. Il faudrait leur apprendre aussi l'humain : comme le dit la célèbre maxime, encore vérifiée à cette occasion, trop d'impôt tue l'impôt. Parce qu'il démoralise et démobilise, générant donc moins de richesses. L'économie n'est pas seulement une question d'arithmétique. Pour preuve, après ce choc, nos recettes fiscales supplémentaires ne seront que de 15 milliards, à peine la moitié de ce qui était annoncé.
Si le pays continue à dégringoler la pente sur laquelle il glisse depuis 1981, il ne restera plus qu'une solution à M. Hollande : dissoudre l'Assemblée nationale. Le scénario : la gauche perdrait les élections législatives qui suivraient, laissant le pouvoir à une droite divisée et pas encore reconstruite, ce qui ouvrirait la voie à une nouvelle candidature en 2017 du président sortant, lequel se présenterait alors comme le meilleur rempart contre le FN.
M.Hollande peut même être condamné au scénario de la dissolution. Cette année, on peut encore penser, même si ce n'est pas tout à fait sûr, que sa gauche foutraque votera le budget. Mais l'année prochaine ?
1. Cf. "Hortense ou l'eau vive"

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