samedi 2 novembre 2013
La démocratie piratée
La démocratie piratée
C'est à un véritable piratage de nos institutions que se sont livrées cette semaine quelques bandes de Bretons lanceurs de choux en bonnet rouge. Avec la complicité passive d'un Premier ministre trop peu combatif pour imposer la loi sur l'écotaxe. Une taxe de droite reprise par la gauche a ainsi été blackboulée par une jacquerie d'opérette inspirée des méthodes de Nicoud, le poujadiste anti-impôt des années 70, ou de celles des insurgés Chouans. L'écotaxe, aujourd'hui remisée dans le tiroir des marches arrière, avait été votée, il faut le marteler, à l'unanimité par les députés et les sénateurs. Lorsque la rue manipulée devient plus forte que le parlement représentant du peuple, c'est la démocratie qui est menacée.
Ce nouveau coup de chaleur sur l'action gouvernementale témoigne du triste niveau de la réflexion politique sur le développement local, auquel l'écotaxe est indispensable. Hélas, la peur panique qui paralyse les ministres et le Parti socialiste les a empêchés d'aller devant l'opinion défendre la loi avec des arguments politiques et non d'obscurs arguments de gestion. Quant aux écologistes, ils auraient été plus légitimes à guerroyer pour l'écotaxe qu'en appelant les lycéens à descendre dans la rue au mépris de tous les principes républicains.
Avant de crier à la reculade, l'opposition devrait se souvenir que l'écotaxe est une juste mesure prise pendant le quinquennat Sarkozy. Rebattre les oreilles de l'opinion déboussolée avec le manque de fermeté, c'est ouvrir la voie aux agitateurs de l'extrême droite nostalgiques eux aussi du pouvoir absolu. Sans compter que le vrai courage serait de se demander en quoi la Bretagne est plus délaissée que l'Auvergne, le Limousin ou le Morvan ? Et se demander aussi si la crise du porc n'est pas due autant à la piètre qualité des productions qu'à une surcharge d'impôt.
Entre le futur dangereux d'une reprise de la croissance et de la consommation qui peinent à revenir et la renaissance des corporatismes, François Hollande a choisi d'être le roseau plutôt que le chêne. Mais c'est encore loin, la défaite des municipales ! Le temps de penser sans doute au remaniement et à la future cohabitation. À sa droite avec Manuel Valls, à sa gauche avec Martine Aubry.
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