mercredi 27 novembre 2013
Des clients de prostituées témoignent : «On ne peut pas me punir d'avoir des besoins»
Le projet de loi visant à pénaliser les clients de prostitué(e)s sera probablement examiné à l'Assemblée nationale à partir de ce mercredi. Interrogés par Le Figaro via un appel à témoignages sur notre page Facebook, les clients se confient sur leur pratique et l'impact que pourrait avoir la menace d'une amende sur leurs habitudes.
Ils ont entre 25 et 45 ans, exercent des métiers très différents: cadre dans une compagnie d'assurance, agriculteur, ingénieur, proviseur dans un lycée…Des monsieurs tout le monde, au look et physique passe-partout. Certains sont en couple. Mais tous ont un point commun: avoir fait appel à des prostitué(e)s. La première fois s'est souvent déroulée dans le cadre d'une soirée potache, lors d'une virée en Espagne ou ailleurs. «J'étais comme un gosse à la Grande Récré, elles étaient toutes magnifiques», se souvient Mathieu (tous les prénoms ont été modifiés), cadre en région parisienne, à propos d'une virée il y a plus de dix ans dans une discothèque-maison close à la frontière espagnole. Tous y sont retournés, seul, via Internet ou dans la rue.
Quand on leur demande pourquoi, ces hommes mettent en avant une forme de solitude. «J'ai décidé d'aller voir des escort-girls à une période très particulière de ma vie», raconte Thimothé , 34 ans, assistant d'éducation dans une école. «J'étais seul, et j'avais envie d'être libre.» Jeremy, 37 ans, en couple, évoque de son côté un vide affectif. «Ça dépasse l'aspect sexuel, mon couple est tombé dans la routine. Je trouve avec Sofia, l'escort que je vois environ une fois tous les deux mois, ce jeu de séduction que je n'ai plus chez moi.» «Ma femme ne voulait plus faire l'amour avec moi depuis plus d'un an...Vous imaginez, j'ai des besoins. La loi ne peut pas me punir d'avoir des besoins», enchaîne Stéphane, ingénieur à Bordeaux.
Au fur et à mesure des conversations, les masques tombent et les désirs et fantasmes moins avouables se dévoilent. «Je fais appel à la prostitution masculine pour pouvoir pendant un temps posséder ces garçons, qui n'ont pas leur mot à dire dans le lit, c'est l'action de domination par l'argent qui m'excite», confie Pascal, 28 ans. «C'est horrible à dire, mais faire appel à la prostitution, c'est une façon de prendre le pouvoir sur les femmes. Celui de dire, ‘toi je te baise, et tu peux pas dire non'», renchérit Thimothé. «Elles font des trucs que les autres femmes n'acceptent pas. Et surtout elles te font pas ch...r. Comme disait mon grand-père, ‘c'est celle que tu payes qui au final te coûte le moins cher'», lâche Mathieu.
Les faiblesses, aussi, se laissent entre-apercevoir. Julien, agriculteur dans le Sud-Ouest, se sent lui plus à l'aise avec ces femmes. «Mon ex était une femme magnifique, elle me rendait fou. Elle m'excitait trop et avec elle j'étais éjaculateur précoce. Parce qu'il ne faut pas croire, quand vous êtes un homme, vous avez la pression. Vous devez assurer, donner un maximum de plaisir, tenir le plus longtemps possible. Avec les prostituées, je me sens libéré.»
La morsure des remords n'est pourtant jamais loin. «Il y en a une, elle avait le même âge que ma fille. Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer que cela aurait pu être elle. J'ai dû arrêter de la voir», poursuit Stéphane, que ça n'a pas empêché de continuer à fréquenter d'autres prostituées. Chacun trouve l'arrangement qu'il peut avec sa conscience. «Bien sûr que si elles avaient le choix, elles ne coucheraient pas avec moi. Mais je suis gentil et doux avec elles, et pas trop moche, je dois pas être le pire», se défend Mathieu. «Ma régulière, je l'emmène dîner, au restaurant, je lui offre des fleurs, on discute», renchérit Julien. «Je crois qu'elle prend du plaisir, elle me dit que oui, enfin, au fond, j'en sais rien», admet le jeune agriculteur. «Elles ne sont pas vraiment consentantes, mais c'est pas vraiment du viol non plus», estime Thimothé. Aucun ne juge mériter une amende ou pense cesser de fréquenter des prostituées à cause d'une loi. «On ne peut pas pénaliser ma misère affective», estime Thimothé. «Ce sont les proxénètes qu'il faut poursuivre! Même si on n'est pas complètement con... On sait bien qu'on est leurs complices».
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