mercredi 27 novembre 2013
Ayrault le démineur
Jean-Marc Ayrault a ouvert hier le vaste chantier de la réforme fiscale. Le Premier ministre a fait d'une pierre deux coups ! Un : montrer qu'il était bien, pour quelque temps encore, le patron du gouvernement. Et deux : se concilier les bonnes grâces des partenaires sociaux, premiers invités à Matignon. Il convient en effet de ne pas être dupe. Avant de construire un nouvel édifice fiscal, Jean-Marc Ayrault a surtout entrepris une opération de déminage. Par son initiative d'une hardiesse insoupçonnée, il entend combattre le « ras-le-bol » fiscal et ramener dans le jeu des syndicats débordés.
Derrière sa volonté affichée d'entretenir un dialogue permanent avec les partenaires sociaux, il y a, chez le Premier ministre, le souci de s'en faire des alliés pour canaliser la fronde fiscale. Ce n'est pas sans inquiétude que les grandes centrales syndicales ont vu, ces dernières semaines, se développer des manifestations échappant à leur contrôle. Les « Bonnets rouges » ont beaucoup plus mobilisé que ne l'ont fait, samedi dernier en Bretagne, la CGT et la CFDT dans une tentative de récupération.
Il n'est donc pas étonnant que les syndicats aient réservé un accueil favorable à l'invitation de Matignon. Les voici, d'une certaine manière, « relégitimés ». On peut cependant s'interroger sur la pertinence d'une consultation syndicale dans le domaine de la fiscalité qui relève habituellement du pouvoir politique et du législateur. Il n'est pas certain, dans un pays au très faible taux de syndicalisation, que tous les Français se reconnaîtront dans les préconisations d'organisations surtout attachées à leurs privilèges.
Ce qui est à redouter, après qu'aient été reçus les présidents de groupes parlementaires et les rapporteurs généraux du budget des assemblées, c'est un fatras de demandes inconciliables. Comment François Hollande pourrait-il prendre le risque d'une réforme non consensuelle ? Déjà, comme sur la fameuse pause fiscale, on sent poindre une petite divergence de calendrier entre l'Élysée et Matignon. Il ne faut pas se leurrer : Ayrault travaille moins à une vaste réforme qu'à une simple pause… sociale.
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