TOUT EST DIT

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mercredi 27 novembre 2013

Les déboires chinois de Pierre Moscovici


La journée d’hier a été désastreuse pour le commerce extérieur et la place de la France dans la mondialisation. La France ne profite pas de la mondialisation et paie le fait de ne pas en assumer clairement les modalités de fonctionnement et les contraintes.
Le plus déçu du Conseil des ministres ce matin sera sans doute Pierre Moscovici, le ministre de l’Économie. Non pas parce qu'il a été écarté de ce chantier de la réforme fiscale, il est évidemment déçu parce qu’il est rentré de Chine les mains vides. Son seul souvenir, celui, amer, d’avoir reçu des leçons d’économie de marché comme savent si bien le faire les Chinois.
Le ministre de l’Économie était à Pékin pour assurer le service après-vente du voyage officiel de  François Hollande. Théoriquement, il allait moissonner les contrats commerciaux qui avaient été semés et allait signer avec des investisseurs pour qu'ils s’engagent en France. Et bien, la France n’a pas récolté grand-chose.  
Bah ! 


Les deux pays se sont fendus de communiqués polis et positifs pour indiquer qu’ils s’engageaient à "renforcer leurs échanges commerciaux et leurs relations d’investissement". La Chine a promis de regarder de près l’impact de sa monnaie ajoutant que la réponse à la crise ne devait pas être défensive et protectionniste. La France a approuvé bien sûr, accompagnant cela d’un bla-bla diplomatique. Mais au-delà de ces relations épistolaires franco-chinoises, les caddies sont restés vides.
L’invitation de Pierre Moscovici auprès des investisseurs chinois a été assez tièdement accueillie. "Les négociations pour faire rentrer les Chinois au capital de PSA sont, selon le ministre français, bien engagées". Même si désormais, on ne sait plus avec quelle direction pourront parler les Chinois. Le départ de Philippe Varin ne donne pas de garantie sur l’issue de cette affaire surtout qu'une grande partie de la famille Peugeot est opposée à l’arrivée des Chinois et a poussé Philippe Varin dehors pour cela.
Le plus important de ces deux jours de négociation a été la leçon d’économie infligée par les autorités chinoises à la délégation française. "Nous sommes dans un univers concurrentiel mondial indiquent les Chinois, et la concurrence a cette immense vertu  que celui qui gagne un marché est celui qui est le meilleur". Sous-entendu, les Français ne sont pas les meilleurs en termes de compétitivité, de sécurité et de transparence. Pour finir, les Chinois ont dit clairement trois choses.
Que d’une part, la France est très compliquée à comprendre, sa fiscalité et ses codes changent tous les jours. D’autre part que la France ne réussit pas à faire les réformes nécessaires pour rassurer les investisseurs. Enfin, la France a un problème de stabilité fiscale et sociale incompatible avec un investissement à long terme. Bref, le discours chinois s’articulait dans la tradition d’un bon cours de politique économique libéral tel qu'on le fait à HEC ou à l’EDHEC.
Moralité, mettez de l’ordre chez vous et nous viendrons collaborer. On ne peut pas dire que la délégation française ait réussi à convaincre les Chinois de notre attractivité. Rien de tout cela n’est surprenant.  
Pendant ce temps à Paris, Arnaud Montebourg qui ne voulait pas rester trop longtemps en dehors des projecteurs, trop braqués à son goût sur Matignon et les problèmes fiscaux, a cru bon de préciser qu'il soutenait PSA au moment même où Pierre Moscovici écoutait les doutes et les inquiétudes de M. Zhu Fuzhou, le patron du constructeur chinois Dongfeng, à propos de sa relation avec PSA. On a compris que cette affaire était encore loin d’être bouclée.
Quelques minutes plus tôt, le ministre du Redressement Productif avait reçu à Bercy le PDG de Huawei venu donner des garanties à la France pour investir et apporter des fournitures à l’Europe. Il faut dire que Huawei est le leader mondial des équipements télécoms et tout le monde à Paris était aux petits soins pour lui.
Mais comment croire le ministre du Redressement quand, le même jour, il fait un sermon en faveur du "made in France" et surtout bouscule la centrale d’achat public en lui reprochant de ne pas être assez franco-française dans ses choix. Les étrangers à qui on dit de venir en France et qui entendent cela, et hallucinent.
Tous cela est sans doute très politique, n’empêche que pour un étranger c’est très étrange ! La fameuse centrale des achats publics n’a pas pour vocation de faire travailler les ateliers nationaux. On nage en pleine hypocrisie. D’une part, la centrale doit respecter une procédure d’appel d’offres. Le ministre le sait. D’autre part, elle a forcément pour vocation d’acheter le meilleur au meilleur prix. Le collègue du Budget est payé pour veiller au grain. Pourquoi pénaliser le contribuable ? On a même créé cette agence dans le but de faire quelques économies…
La vérité, c’est que dans ses propos et ses attitudes la France n’assume pas les codes et les procédures de la mondialisation. D’où les difficultés que l’on rencontre en Chine. D’où les contradictions du ministre du Redressement Productif qui se retrouve à la fois ministre des industriels français, de la protection de l’emploi, de l’aménagement du territoire et de la préservation des intérêts du contribuable. Tout cela est assez contradictoire.
Le fond du problème, c’est le déficit de compétitivité des entreprises françaises. Les produits et les services ne passent pas. On n’a pas compris que la concurrence internationale ne nous obligeait pas à être les moins chers mais à être les meilleurs.
Pour clore cette journée de la cacophonie commerciale, Cointreau, le champion français du cognac, a publié des chiffres désastreux sur le marché chinois : le titre en bourse s’est effondré. Décidément, si les Chinois arrêtent même de boire français, rien ne va plus...

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