vendredi 18 octobre 2013
Pourquoi l'obsession française sur les revenus des riches nous fait passer à côté du problème du poids croissant des rentiers
Affaire Bettencourt, feuilletons Bernard Arnault ou Gérard Depardieu : depuis un an, les "riches" font figure de bouc émissaire idéal aux problèmes économiques de la France. Au risque de détourner l’opinion publique d'autres catégories plus "gênantes" que sont les rentiers. Quatrième épisode de notre série "Les riches, entre fantasmes et réalité".
Bernard Zimmern : Depuis plus de 10 ans, une campagne s’organise pour essayer de faire croire que nos sociétés, à commencer par les USA, souffrent d’inégalités de fortune et de revenus. C’est absolument faux car lorsque l’on regarde attentivement les statistiques corrigées de l’âge, qui est le principal facteur de changement de revenu, des retraites, des transferts de sécurité sociale, ou des impôts, les écarts de richesse apparaissent finalement normaux, de 1 à 9, ce qui correspond à la moyenne historique.
Pour en savoir plus, retrouvez les autres articles de la série "Les riches, entre fantasmes et réalité" dans notre dossier spécial.
Plus grave, non seulement ces statistiques sont fausses, mais elles nous trompent également sur le profil-type des 1% les plus riches. Alors qu’on nous laisse penser qu’il s’agît le plus souvent de banquiers, de financiers ou de traders, les statistiques montrent au contraire qu’aux Etats-Unis, 75% des 1% les plus riches sont des gens qui détiennent un patrimoine de moins de 10 millions de dollars. En outre, 60% de ce patrimoine est généralement constitué d’une entreprise unique, très souvent créée par eux. De même, dans le classement annuel de Forbes, entre 2/3 et 3/4 des "lauréats" proviennent de la "new money", c’est-à-dire d’une fortune qu’ils ont eux-mêmes créés à partir de rien.
Laisser croire que les 1% les plus riches sont des rentiers est donc grave. Cela amène en effet à penser qu’il faudrait accroître les taxes qui pèsent sur eux en oubliant que ces 1% sont à l’origine de plus de la moitié des investissements industriels aux USA et en France. Les hausses d’ISF et autres taxes pénaliseraient les investissements de ces gens-là. Or il ne peut y avoir d’économie en expansion sans prises de risque de la part d’entrepreneurs, dont la grande majorité, rappelons-le, essuie des échecs. Ces idées fausses ne conduisent donc pas à moins d’inégalité mais en créent au contraire car on elles produisent du chômage.
Lorsque l’on voit combien les charges sociales ont explosé ces dernières années, il est certain que beaucoup de personnes bénéficient de ces sommes. Il n’est pas si compliqué en France, en étant malin, de bénéficier d’avantages cumulés de la part des communes, des départements, des régions, et même de l’Etat. Ces fraudes peuvent parfois représenter jusqu’à plusieurs milliers voire dizaine de milliers d’euros par mois.
Quand ces aides sont méritées parce qu’elles correspondent à une situation familiale ou professionnelle difficile, il n’y a aucun problème. En revanche, je suis certain que tous les français seraient outrés d’apprendre que des jeunes en abusent pour faire le tour du monde au frais de la société.
Il est impossible pour la Sécurité sociale de contrôler réellement les congés maladie ou le respect des jours de carences de tous les salariés par exemple. Une solution pour y remédier serait la fiscalisation de ces aides sociales. Sans forcément les taxer mais en obligeant en tout cas les organismes qui les distribuent à les déclarer à Bercy. Cela permettrait d’éviter de nombreux abus. C’est une proposition à la fois simple et sensée.
Mais le vrai problème français se situe plutôt du côté des entrepreneurs et de la création de richesse que de la chasse aux abus. Pour supporter la charge publique, si nous avons plus d’emploi, la dépense publique serait beaucoup plus supportable.
Il est certain que les meilleurs riches sont ceux qui appartiennent à la "new money" et ont créé leur richesse par eux-mêmes. Quand ils arrivent vers les 60 ans, ils utilisent en effet leur fortune accumulée à créer des fondations et essayer d’aider leurs semblables. C’est cela la vocation des bons riches dans une société. Aux USA, ce phénomène est particulièrement remarquable : pratiquement tous les entrepreneurs devenus riches, à l’image de Bill Gates, le font, et ce, tant qu’ils sont encore en possession de leurs moyens physiques. Ils mettent ainsi leur imagination et leurs moyens au service de la collectivité. Dans une moindre mesure, les riches de la "old money", qui ont hérité de leur fortune font également profiter l’économie de leurs moyens en essayant le plus souvent de maintenir des entreprises familiales dans le tissus économique français. En revanche, je en sais pas ce qu’est un "mauvais riche" pour une société.
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