TOUT EST DIT

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lundi 21 octobre 2013

Eloge de la démission

Pour l'écrivain, il n'y a aucun déshonneur à reconnaître ses limites, une fois atteintes, et à passer la main pour améliorer le sort d'autrui.


À l'heure où le président, après avoir voulu partir en guerre pour punir Bachar el-Assad de ses crimes, se trouve à se laisser guider par les caprices d'une gamine kosovare de 15 ans, le citoyen, complètement déboussolé, cherche à se raccrocher à d'illustres exemples. Ceux où les embarras d'un chef d'État se résolvent dans l'honneur. Le mode d'emploi n'est pas nouveau, déjà, en 1513, Machiavel, dans Le prince, décrit les futures conditions d'un échec. 
"Pour entrer plus particulièrement en la matière, je dis qu'on voit aujourd'hui un prince prospérer et demain s'écrouler, sans qu'on l'ait aperçu changer. À savoir qu'un prince qui s'appuie totalement sur la fortune s'écroule quand celle-ci change. Heureux celui qui sait s'accommoder de son temps, malheureux celui qui est en désaccord avec lui." Après 500 jours et quelques de dégringolade, nous éprouvons tous une forme de compassion pour François Hollande. Nous ne serions pas surpris si ce président, qui aime cultiver la lucidité, tirait les conséquences de son impossibilité à gouverner le pays.

Rappelons-nous Benoît XVI

Cela va d'ailleurs avec l'humilité que chacun souligne en le voyant. Humilité dont il apprend la leçon tous les jours, lorsque ce mal élevé de Mélenchon clame : "De toute façon, ça va craquer. Il dit oui à tout le monde, résultat, on ne sait même plus où il est." D'autres louent son endurance, nourrie, disent-ils, par la fameuse devise de Talleyrand : "Quand je me regarde je me désole, quand je me compare, je me console." On lui reproche de n'avoir aucune expérience diplomatique et d'avoir pris des décisions maladroites dans la gestion des intérêts des Français - encore que ce soit déjà un miracle s'il prend une décision sans faire marche arrière -, mais qui peut, de façon constante, contrarier sa vraie nature ? D'autres, et non des moindres, en ont tiré les conséquences avec courage. 
Rappelons-nous Benoît XVI, le 11 février 2012 : "Je suis parvenu à la certitude que mes forces ne sont plus aptes à exercer mes fonctions de manière adéquate. Je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m'a été confié." Communiqué instantané de François Hollande : la décision du souverain pontife est éminemment respectable. Comme quoi, l'idée l'a déjà effleuré. Et Taubira, qui ne cesse de mettre Aimé Césaire à toutes les sauces, ne lui aurait-elle pas transmis sa fameuse lettre de démission du parti du 24 octobre 1954 adressée à Maurice Thorez ? "Pour revenir à notre propos, l'époque que nous vivons est sous le signe d'un double échec. L'un, évident, celui du capitalisme, mais aussi l'autre, effroyable, que nous avons pris souvent pour du socialisme. Le résultat est qu'à l'heure actuelle nous sommes dans l'impasse." 

Nous vous regretterions

Il n'y a aucun déshonneur, mais, au contraire, beaucoup de grandeur à reconnaître ses limites, une fois atteintes, et à passer la main pour améliorer le sort d'autrui. Le 15 juin 2006, Bill Gates démissionne de Microsoft pour s'occuper d'oeuvres caritatives avec les fonds provenant de sa fortune personnelle. Mais Bill Gates n'est pas un bon exemple, sa décision n'engageait pas un pays. En revanche quand, le 21 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev déclare : "Mes chers compatriotes, en raison de la situation qui s'est créée, je mets fin à mes fonctions de président. Les événements ont pris une autre tournure : le destin a voulu qu'au moment où j'accédais aux plus hautes fonctions de l'État, le pays allait mal et mes réformes n'ont pu être que partielles." Exactement comme Hollande, et il a su en prendre la mesure. 
La rumeur veut que celui-ci se sente tranquille comme Baptiste quant à sa réélection en 2017. Que le seul cap qu'il veuille tenir, c'est la montée du Front national. Pour réitérer le scénario Chirac-Le Pen et triompher dans les urnes. Le seul moyen qu'aurait Hollande de rester dans l'histoire pour un autre motif que son impopularité dans les sondages est extrêmement périlleux. Et glorieux. Est-il capable de prêter à la France une autre ambition que celle de son petit destin personnel ? À l'instar de De Gaulle, aurait-il la sagesse de retrouver une légitimité en proposant aux Français un référendum, dès lors que la faiblesse de son pouvoir est avérée ? En l'occurrence, le thème en est simple, si ce n'est indispensable : rétablir un mandat présidentiel de 7 ans - l'expérience prouve qu'un quinquennat ne mène à rien, sauf à la démagogie - et que ce mandat soit unique. Que la réponse des Français soit un oui ou un non, dans les deux cas, Monsieur le Président, nous vous regretterions lors de votre départ.

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