Depuis 2008, la jeunesse grecque est une des figures les plus sévèrement touchées par la crise. Un désenchantement accompagné d'un faible espoir en l'avenir. Analyse d'une génération plurielle et incertaine en quête d'issues, κρισις [crisis] en grec ancien …
LES JEUNES GRECS, PREMIÈRE VICTIME DE LA CRISE
Au début de l'année 2013, 60,2% (sondage Eurostat) des jeunes actifs grecs de moins de 25 ans étaient au chômage. Les quelques emplois occupés par ces jeunes sont bien souvent des emplois précaires en inadéquation avec leur diplômes obtenus. Alors, beaucoup de jeunes Grecs prennent des cours de suédois ou d'allemand dans l'espoir de quitter le pays et de trouver, ailleurs en Europe, un travail et une qualité de vie meilleure. D'autres ont fui les bancs de l'université pour retourner vivre chez leurs parents et ainsi éviter des dépenses supplémentaires à leur famille.C'est aussi ça la crise pour ces jeunes grecs : une perte d'autonomie, mais un retour aux sources familliales. L'austérité budgétaire s'est également manifestée par des coupes drastiques dans les dépenses publiques et notamment dans le domaine de l'éducation. Ainsi, entre 2009 et 2013, le budget alloué à l'éducation supérieure a diminué de 25%, pas de quoi préparer un meilleur avenir pour la jeunesse hellène. Mais surtout, ce sont les droits des étudiants, hérités de 1974 suite à la chute des colonels, qui sont remis en cause. Pourtant inscrit dans la Constitution, le droit à l'éducation universelle et gratuite, a été très largement bafoué.
En août 2011, la réforme de la ministre Diamantopoulou a mis fin au droit d'asile au sein des universités et a transféré les pouvoirs décisionnels universitaires des étudiants vers des conseils privés indépendants. Le programme Athéna, daté d'avril dernier, donne le coup de grâce au système d'avant crise. Ce programme prévoit la fermeture de 400 facultés et départements, réduit l'accès aux universités pour les jeunes Grecs, et enclenche la privatisation de celles-ci.
UNE JEUNESSE MOBILISÉE
L'activisme de gauche fait partie intégrante de la vie universitaire à la grecque. Le parti de la gauche radicale SYRYZA, le parti communiste grec KKE, ainsi que le mouvement anti-capitaliste ANTARSYA remportent un franc succès auprès des étudiants présents sur les campus. Pourtant, beaucoup de jeunes Grecs ont perdu confiance envers le personnel et les structures politiques. Les voix des étudiants politisés tendent à masquer celles de ceux qui ont perdu foi dans leurs représentants politiques. La crise grecque est aussi une crise politique, une crise de la représentation. Les grecs renouent alors avec la démocratie directe en investissant les rues. Selon l'hebdomadaire Kathimerini, six grecs de moins de 25 ans sur dix ont pris part aux manifestations de l'été 2011.
L'HÉRITAGE DE 1973
C'est pourtant l'insurrection étudiante, partie de l'école Polytechnique d'Athènes en novembre 1973, qui a fragilisé le régime en place et conduit à sa chute en 1974. Les slogans de la contestation étudiante de 1973 sont aujourd'hui repris en chœur lors des manifestations. C'est pourquoi il est toujours émouvant pour un grec d'entendre aujourd'hui retentir dans les rue d'Athènes le célèbre slogan estudiantin : « Pain, Éducation, Liberté ».













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