TOUT EST DIT

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mardi 6 août 2013

Hollande et Le Drian engagés dans un exercice de « com » qui ne trompe pas un seul militaire

Hollande et Le Drian engagés dans un exercice de « com » qui ne trompe pas un seul militaire


Comme avant même le dernier Conseil des ministres, vendredi matin, qui a adopté la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2014-2019, on en connaissait déjà les grandes lignes (voir Présentde samedi 3 août), restait à savoir comment Jean-Yves Le Drian allait se tirer de l’exercice bien difficile de présentation de celle-ci et comment il allait s’y prendre pour défendre les choix idéologiques (plus que logiques) de François Hollande. Et pour justifier les économies que le président de la République escompte ainsi faire, une nouvelle fois, sur le dos des armées et de nos soldats, persuadé que ces derniers, « bêtes et disciplinés » par définition, ne réagiront pas. Mais attention : à trop tirer sur la corde, celle-ci parfois finit par casser…
Et, disons-le tout de suite, malgré un réel talent de comédien, le ministre de la Défense a dû ramer pour faire passer la pilule auprès des armées et devra encore le faire pour défendre son budget à la rentrée sans perdre complètement la face, car la réalité est beaucoup moins rose qu’une communication aussi habile que politique voudrait nous le faire croire, en choisissant soigneusement ses mots.
« Le Livre blanc fixait un cap, la LPM définit un cadre », a rappelé Le Drian, en soulignant qu’au terme d’« un travail difficile de plusieurs mois », il lui avait fallu trouver « un équilibre entre les deux impératifs » auxquels notre pays est confronté : la nécessité de « conserver notre autonomie stratégique » et l’impératif de « redresser les comptes publics de la Nation » qui sont un élément de notre souveraineté.
« Je propose donc une LPM équilibrée, qui sera examinée cet automne au Parlement », a enchaîné le ministre de la Défense, visiblement fier de ce travail d’équilibriste, en observant que « tout ce projet a été accompagné par l’opération Serval » où « nos armées ont fait preuve, une fois de plus, de leurs hautes compétence et valeur ». Histoire de flatter l’honneur et l’ego de nos militaires, que l’on va pourtant encore priver de moyens.
Mais qu’on se rassure, avec moins d’hommes et de moyens, nos armées pourront faire tout autant. Elles conserveront pleinement les trois missions fondamentales que le président de la République leur a assignées en sa qualité de chef des armées : 1/La protection et la sécurité du territoire et de nos compatriotes ; 2/La dissuasion nucléaire avec ses deux composantes stratégiques : aérienne et navale ; 3/l’intervention sur des théâtres extérieurs » où elles garderont « la possibilité d’entrer en premier ». Cocorico !
« Les régiments appelés à disparaître
ne sont pas encore identifiés… » 
Avec une LPM qui prévoit 190 milliards d’euros courants jusqu’en 2019, « c’est un effort très significatif ainsi consenti », s’est même réjoui Le Drian, qui n’a pu s’empêcher de nous répéter que « le budget de la Défense est ainsi sanctuarisé » à 31,4 milliards d’euros pour les trois prochains exercices. Ce qui est une belle imposture car, en raison même de l’inflation, le budget de la Défense va, en réalité, mécaniquement baisser chaque année.
Le « renouvellement de nos équipements sera assuré » et nous allons « remédier à certaines lacunes », a cependant promis le ministre aux militaires qui demandent encore à voir… car on leur a fait jusqu’à présent tellement de promesses qu’ils n’y croient plus.
Pour mieux donner le change et camoufler ce subterfuge, le ministre de la Défense s’est d’ailleurs laissé aller à quelques belles tirades de langue de bois et quelques beaux morceaux de bravoure, dont voici pêle-mêle quelques extraits qui me reviennent à l’esprit. « Ce projet de loi est résolument tourné vers l’avenir » car il vise à « adapter l’armée d’aujourd’hui aux guerres de demain ». Fermez le ban !
« Moindre que la précédente », qui touchait 54 000 postes et qui n’est pas encore achevée, la déflation supplémentaire d’effectifs de quelque 23 500 postes à supprimer dans les armées « sera difficile à mener », a cependant reconnu le ministre, en qualifiant celle-ci d’ « effort sur la gestion des hommes et des femmes de la Défense ». Il fallait oser !
Mais là encore, qu’on se rassure puisque – si l’on en croit le ministre – « seulement un tiers de cette déflation proviendra des unités opérationnelles », ce qui fera tout de même 8 000 combattants en moins. Au nom de quelle logique ? On cherche encore à comprendre.
Toujours aussi rassurant (mais s’en rend-il seulement compte ?), Le Drian a confirmé que la France compterait bien « une brigade opérationnelle de moins », mais que « les régiments appelés à disparaître ne sont pas encore identifiés » ! Et le ministre, qui ne veut « pas être brutal », de nous faire part de son souhait de mener cette énième réforme « en évitant au maximum les fermetures (de bases et d’unités), même s’il y en aura ». Les annonces concernant ces éventuelles fermetures en 2014 ne seront donc faites qu’à la rentrée en septembre… Que tous les militaires qui risquent de voir leurs régiments prochainement dissous ne s’inquiètent guère et partent en vacances comme si de rien n’était.
Dans l’entourage du chef de l’Etat, fait de « bénis oui-oui », on aimerait que quelqu’un ose lui dire que la Défense n’est pas un budget comme un autre et qu’il faut briser une bonne fois pour toutes cette « logique d’économies » qui se veut vertueuse, mais a d’ores et déjà des effets pervers. C’est devenu, en réalité, une « dynamique de l’échec », en passe de compromettre à tout jamais notre outil de Défense, dont la France ne peut se passer si elle veut encore garder un tout petit peu d’influence sur la scène internationale.
Au sein de cette haute hiérarchie militaire, méprisée mais aux ordres et qui sera demain réduite comme peau de chagrin, trouvera-t-on à la rentrée – à la veille de l’examen de la LPM et du budget de la Défense – un seul général qui ait des cou… pour démissionner avec fracas en dénonçant publiquement haut et fort le nouveau « mauvais coup » que le pouvoir socialiste s’apprête à faire à nos armées ? Cela aurait de la gueule et provoquerait à coup sûr ainsi un véritable électrochoc au sein de l’opinion, mais je ne suis pas sûr qu’un seul en ait le courage et l’audace !

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