TOUT EST DIT

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dimanche 9 juin 2013

Buisson : "Sarkozy s'imposera comme l'unique recours"


Artisan de la droitisation de l'UMP, ancien directeur de la rédaction deMinute puis de Valeurs actuelles, le politologue Patrick Buisson, 64 ans, inspira le virage de la fin de campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 sur le thème de l'identité nationale et voulut faire de même en 2012. Cette stratégie a été vivement critiquée par une partie de l'UMP et vaut à M. Buisson – qui continue de conseiller M. Sarkozy – d'être une des personnalités de droite les plus controversées.

La mort de Clément Méric est-elle le symptôme du basculement dans la violence d'une partie de l'extrême droite ?
Patrick Buisson C'est un acte abominable, mais heureusement isolé, qu'on ne peut pas rattacher à un contexte de violence globale. Pour le reste, le climat de tension que la gauche dénonçait sous Sarkozy n'a pas disparu, c'est le moins qu'on puisse dire, avec l'élection deFrançois Hollande.
Comment interprétez-vous la mobilisation massive de La Manif pour tous ?

La France des invisibles est devenue visible. A travers La Manif pour tous, cette France a accédé à une conscience civique et politique. Nul ne peut mesurer l'impact qu'aura cette révolution culturelle. Nous sommes dans cette phase que décrivait Lénine de politisation de catégories jusque-là réfractaires ou indifférentes à l'égard de la chose publique. Regardez ce qui s'est passé avec les catholiques qui, en opposant la loi morale reliée à la transcendance comme légitimité supérieure à la loi, se sont redécouverts pleinement chrétiens et pleinement actifs contre la prétention de César de se substituer à Dieu. Il y a là incontestablement comme un écho à l'appel lancé par Nicolas Sarkozy lors de son discours du Latran en 2007 : "La France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d'affirmer ce qu'ils sont et ce en quoi ils croient." D'une certaine manière, ce mouvement aura été la première manifestation de ce qu'on peut appeler un populisme chrétien.
Dans une crise économique aussi grave, la mobilisation de la droite n'est-elle pas outrancière ?
La place symbolique accordée par le pouvoir à cette réforme a été perçue par beaucoup comme un non-sens. La faible consommation du pacs par les homosexuels aurait dû interpeller le législateur sur la réalité d'une quelconque demande en ce domaine. Malgré cela, François Hollande a voulu en faire un marqueur politique. Du coup, il a mis simultanément en évidence l'activisme sociétal de la gauche et sa faillite sociale. Un fort ressentiment s'est développé dans les catégories populaires à l'égard de l'exécutif, qui est apparu avant tout préoccupé de donner satisfaction aux revendications purement idéologiques d'une minorité de privilégiés appartenant à la classe urbaine dominante. La fracture sociale passe aussi par là.
Quels enseignements la droite doit-elle en tirer pour revenir aupouvoir ?
Il y a un continuum parfait entre la campagne de Nicolas Sarkozyengagée en février 2012 sous la bannière des valeurs et la mobilisation, un an plus tard, de centaines de milliers de Français sur des questions sociétales dont on disait qu'elles ne passionnaient personne. La synergie dialectique créée par le candidat Sarkozy a rendu à ce peuple la fierté de se battre pour autre chose que des intérêts catégoriels. Elle lui a du même coup redonné une suprématie morale. En ce sens, la présidentielle n'a pas été un échec, mais une défaite fondatrice.
Cette ligne droitière est contestée à l'intérieur même de l'UMP. Est-elle la seule efficace pour battre la gauche ?
Une récente enquête de l'IFOP pour la Fondation Jean-Jaurès atteste de l'émergence de cette droite des valeurs portée par un haut niveau d'adhésion de l'opinion. D'aucuns persistent à garder les yeux grand fermés sur ce mouvement de fond. Ils voudraient vite refermer la parenthèse du sarkozysme et de La Manif pour tous. Ils rêvent d'un retour à ces temps où la droite n'était qu'une moindre gauche ou, pourreprendre le mot de Muray, une "petite gauche de confort". Avec cette mécanique implacable si bien décrite par Mark Twain : "Les gens de gauche inventent des idées nouvelles ; quand elles sont usées la droite les adopte." Ce ressort-là est cassé. On ne reviendra pas à la case ante Sarkozy. Ceux qui voudraient à nouveau faire de la gauche et desmédias les arbitres de la stratégie de la droite mènent un combat d'arrière-garde
N'est-ce pas courir encore et toujours après le Front national ?
J'invite ceux qui prétendent combattre mieux que d'autres le FN à un peu de modestie. Car enfin la seule stratégie qui a fait reculerélectoralement le FN, c'est celle du candidat Sarkozy en 2007 quand il s'est réapproprié les thèmes de la nation, de l'identité et du travail. La droite ne peut espérer reconquérir durablement le pouvoir que si elle parvient à construire une offre politique qui prenne en charge la souffrance sociale. Nous en sommes à ce point décrit dans les années 1970 par le Prix Nobel d'économie Georges Stigler, dont les travaux ont montré que l'autorité régulatrice – l'Etat-providence – sous l'emprise des groupes de pression, n'était plus garante de l'intérêt général. Et que les pauvres étaient plus désarmés encore sur le marché politique où se distribue la manne des fonds publics que sur le marché économique. C'est à cette France du travail et de la relégation, sous-consommatrice de prestations sociales, que la droite doit s'adresser en priorité. Sans se laisser intimider par ceux qui voudraientfaire des légitimes aspirations des catégories populaires la propriété du seul Front national afin de les disqualifier. Le patriotisme, le protectionnisme, le conservatisme en matière de moeurs sont des valeurs historiques de la tradition ouvrière.
Le discours économique traditionnel de la droite est-il toujours pertinent ?
La crise doit amener la droite à repenser son rapport à l'économie. Il n'y a pas d'économique pure. L'économique est toujours le reflet d'une métaphysique. On est passé d'un capitalisme entrepreneurial qui, en osmose avec l'éthique chrétienne, conférait une valeur morale au travail, à l'investissement à long terme, à l'ascétisme et la satisfaction différée à un capitalisme financier qui privilégie la pulsion et la compulsion, le court-termisme et la jouissance instantanée. La crise économique actuelle est en réalité une crise de civilisation, celle d'une forme de capitalisme qui favorise des comportements humainement, socialement et économiquement destructeurs. C'est la réflexion qu'avait amorcée Nicolas Sarkozy dans son discours de Toulon en septembre 2008. Elle doit maintenant être menée à son terme.
Qui, à droite, peut tenir ce discours ? François Fillon, Jean-François Copé ou Nicolas Sarkozy ?
Aujourd'hui, il n'y a en France qu'un homme d'Etat, c'est Nicolas Sarkozy. Face à la dynamique du FN, toute autre candidature que la sienne exposerait la droite au risque d'une élimination au premier tour. Il est le seul en capacité de rassembler. C'est pourquoi sa candidature s'imposera naturellement comme l'unique recours. Pour peu qu'il sacherenouer son dialogue singulier avec le peuple français et avec son histoire. Et sur ce point, je n'ai aucun doute.
Pensez-vous, comme une majorité de sympathisants de l'UMP, qu'il faille s'allier avec le FN ?
La question qui se pose n'est pas celle des alliances mais de l'attractivité électorale. L'homogénéité croissante des électorats-cibles, notamment dans la "France périphérique" fait que l'UMP et le FN sont plus que jamais en situation de concurrence.
Pourquoi avez-vous pronostiqué un échec de Nathalie Kosciusko-Morizet aux municipales à Paris ?
Ce n'est pas un pronostic, c'est un constat. Londres et Rome ont été reprises à la gauche en 2008 par des candidats incarnant une franche alternative.

JE NE PENSE PAS QUE CE SOIT LE MIEUX INSPIRÉ POUR CONSEILLER 
QUICONQUE, IL DVRAIT LA METTRE EN VEILLEUSE

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