TOUT EST DIT

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dimanche 9 juin 2013

Cette fâcheuse et nuisible vérité qui infeste notre pays...

Cette fâcheuse et nuisible vérité qui infeste notre pays...



S'ils vivent depuis longtemps en concubinage, la politique et le mensonge font de moins en moins bon ménage. Pour ne l'avoir pas compris, M. Copé a fait, ces jours-ci, beaucoup rire à ses dépens.
Le politicien est à l'opposé de l'homme d'État. Le premier s'essouffle à suivre le peuple ; le second, altier, le devance. Tout le monde n'étant pas de Gaulle un certain 18 juin, notre classe politique est surtout entre les mains de professionnels du cynisme qui clament en public le contraire de ce qu'ils murmurent en privé. C'est le syndrome Copé qui les amène à dresser des barricades pour des causes dont ils se contrefichent.
M. Copé est un cas d'école. L'une des incarnations vivantes, avec M. Fabius, Mme Aubry et tant d'autres, de la politique à l'ancienne. Voilà un homme qui a mené campagne, jugulaire au menton, contre le "mariage pour tous" alors que, quelques mois auparavant, comme l'a dévoilé M. Bern, journaliste au-dessus de tout soupçon (1), il en faisait l'éloge devant témoins. Le farceur !
Encore une "exception française" : nos politiciens sont pressés d'en finir avec cette "fâcheuse et nuisible vérité qui infeste notre pays", pour reprendre la délicieuse formule de Mark Twain dans L'art de mentir.
Bran pour la morale ! Cette conception de la politique s'apparente à celle d'un commerçant en gros : il y a une demande, il faut donc une offre que l'on bâclera au plus vite. Que demande le peuple ?
Le ridicule n'ayant jamais tué, le "président" auto-proclamé de l'UMP se remettra de cette révélation, même si ses pauvres explications n'ont convaincu personne. Il n'est pas le premier à avoir menti et il ne sera pas le dernier. Mais il illustre parfaitement la pratique du double discours qui, sous la droite comme sous la gauche, a discrédité la politique et tiré le pays vers le bas. Il y a pourtant des vérités qu'il est urgent de faire éclater, des vérités qu'on aimerait entendre sortir des bouches autorisées sur notre système économique ou sur notre modèle social qui fait eau de toutes parts.
Notre prétendu modèle est une usine à gaz qui n'est bonne qu'à fabriquer de l'assistanat. Tout occupé qu'il est par la redistribution, il en a oublié la production, comme le montre la désindustrialisation de la France commencée dans les années 2000 avec les 35 heures et qui se poursuit, depuis, lentement mais sûrement.
Les braillards de la France seule ont beau nous expliquer que c'est la faute à l'euro fort et qu'en revenant au franc faible nos exportations cesseront de s'écrouler, ils n'abusent que les gogos. Pourquoi, en ce cas, le taux de change de la monnaie unique n'est-il pas un obstacle pour les exportations allemandes, qui restent florissantes ?
Pour échapper aux réformes de structure qui passent par la réduction des dépenses publiques puis par la baisse des prélèvements obligatoires, la France a l'art de s'accrocher aux sornettes et aux mensonges que lui serine la pensée dominante, celle de la "gauche divine" qu'inculquent tant d'enseignants à nos enfants et tant d'idéologues aux esprits faibles. Si l'on veut de la croissance, il ne faut pas la décréter mais libérer l'économie.
Foin des impostures ! Les solutions, on les connaît. Mais, pour les mettre en oeuvre, il faudrait cesser de se mentir à soi-même et oser reprendre à notre compte la désormais célèbre déclaration d'Angela Merkel expliquant le déclin de notre Vieux Monde : "L' Europe représente actuellement à peine plus de 7 % de la population mondiale, elle produit 25 % du PIB et doit financer 50 % des dépenses sociales mondiales."
M. Hollande ne poussera jamais la transgression jusqu'à répéter ça. En attendant, il a quand même laissé entendre que la France était arrivée au bout de son modèle avant de commencer à tailler dans les dépenses sociales en ne taxant bien sûr que les riches, saints Sébastien de son quinquennat. En décidant d'abaisser une nouvelle fois le plafond du quotient familial, il a pris un risque qui devrait lui coûter bien plus cher politiquement qu'il ne lui rapportera financièrement. Déjà, la moitié de l'argent récupéré (1 milliard) a été attribué à la Corse, ainsi récompensée pour sa stratégie de la sébile dans une main et du pain de plastic dans l'autre.
De même, la remise en question du statut d'autoentrepreneur, réclamée par les artisans qui dénoncent une concurrence déloyale, pourrait coûter plus qu'elle ne rapportera au fisc en précipitant dans le chômage et l'assistanat beaucoup de Français en difficulté qui tentaient de s'en sortir en s'accrochant à cette bouée de sauvetage.
Mais ce ne sont là que des zakouski avant que le pouvoir, acculé, entre dans le dur en cherchant enfin des économies là où il peut en faire : les retraites avec leurs scandaleux régimes spéciaux, la pétaudière de l'indemnisation chômage et de la formation professionnelle, fromage à syndicats. Dans ce domaine aussi, comme dirait M. Bern, nos politiciens mentent. En privé, la gauche et la droite portent le même diagnostic : "On ne peut plus continuer comme ça."
Puisse le pouvoir, pour une fois, parler et agir vrai.
1. Lors de l'émission "Salut les Terriens !", de Thierry Ardisson, le 1er juin, sur Canal +

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