mardi 5 mars 2013
Macroéconomie, micropolitique
Macroéconomie, micropolitique
Les données macroéconomiques pour l'Europe sont médiocres, celles pour la France, franchement mauvaises. La croissance 2013 sera quasi-nulle et celle de 2014, à peine meilleure. Le chômage dépasse les 11 % et aucune embellie n'est en vue. La balance commerciale fait apparaître un déficit abyssal (alors que des pays également en crise comme l'Italie ou l'Espagne ont réussi à la redresser). Le budget reste déficitaire et ce déficit restera supérieur aux 3 % requis par les traités européens.
Si rien n'est fait, il en sera de même en 2014, rendant la promesse d'un équilibre en 2017 bien aléatoire alors que l'Allemagne et même l'Italie ont déjà pratiquement atteint l'objectif. La dette, qui représentait la même proportion du PIB (Produit intérieur brut) en Allemagne et en France en 2010, soit 82 %, évolue de manière opposée dans les deux pays : la française aura atteint 95 % en 2014 tandis que notre puissant voisin l'aura abaissée aux environs de 78 %.
Tout ceci devrait donner le sentiment de l'urgence. Il y a le feu à la maison et, comme l'ont avoué successivement François Fillon et Michel Sapin avant de se rétracter précipitamment, nous sommes dans un État en faillite. Certes, la France honore ses engagements et rembourse ses emprunts. Il n'y a pas de risque d'une vraie faillite sur le modèle argentin, mais pour sûr, la France vit au-dessus de ses moyens depuis plusieurs décennies et est surtout riche de... ses dettes ! Une telle situation devrait mobiliser les énergies politiques, y compris celles de l'opposition, à 100 % !
« It's the economy, stupid ! »
Or, qu'observe-t-on ? D'abord une situation de déni invraisemblable, et même insupportable, car c'est prendre les citoyens pour des enfants que de penser qu'ils n'ont pas conscience de la gravité de la situation. Certes, on ne veut pas affoler les masses et inciter encore davantage les Français à se réfugier dans l'épargne de précaution. Mais leur expliquer que les temps ont changé, que des sacrifices sont indispensables, que des dépenses devront être taillées est la mission même d'un homme politique responsable, du moins de qui n'a pas comme but unique et ultime sa réélection.
Or, on constate qu'il n'y a ni pédagogie ni mobilisation des esprits sur ces questions. Bien au contraire, on dépense des trésors d'énergie sur des sujets, certes intéressants, mais mineurs au regard du caractère dramatique de la situation économique et sociale : « Que feront les bambins de l'école primaire entre 12 h et 13 h ou entre 16 h et 17 h ? », « Les vacances d'été seront-elles organisées en deux ou trois zones ? » Pendant ce temps, Mme la Marquise, le bâtiment, pour ne parler que de lui, a perdu 100 000 emplois.
Rarement comme actuellement la politique aura semblé si loin des problèmes réels et concrets. Faut-il rappeler la réponse cinglante de Clinton à l'un de ses conseillers -« It's the economy, stupid ! » - pour rappeler à son interlocuteur que les électeurs américains se prononceraient en fonction de l'état de l'économie et non pas de telle ou telle mesurette politique ?
La situation délicate de nos démocraties, en ce début de XXIe siècle, s'explique en partie par cette incapacité des politiques à parler vrai, à prendre la mesure des changements en cours, à proposer des réformes permettant d'affronter les défis du futur. À l'heure des macrochangements, la micropolitique, la politique à la petite semaine, n'a pas d'avenir et nous conduit droit dans le mur.
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