TOUT EST DIT

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mardi 5 mars 2013

Les promesses de François Hollande au crible de la réalité

Les promesses de François Hollande au crible de la réalité


Dix mois après son élection, François Hollande, selon les derniers sondages en date, « déçoit 2 Français sur 3 ». Un tiers des Français, c’est ce qui pourrait paraître encore le plus étonnant, conserveraient donc leur sympathie au pouvoir en place ? Un bloc d’indégivrablesde gauche, mais qui commence à fondre lui aussi.
Lors de son débat télévisé avec Nicolas Sarkozy, entre les deux tours de l’élection présidentielle, chacun se souvient de la tirade de François Hollande en forme d’anaphore : « Moi président de la République… », qu’il déclina durant trois minutes et demie. Personnellement, je m’attendais à ce que Nicolas Sarkozy lui casse sa figure de style et lui coupe le sifflet. Mais non : le président sortant avait candidement laissé le candidat socialiste étaler jusqu’au bout, couche après couche, sa tartine enfarinée et indigeste. Celle-ci enfin achevée, je me souviens avoir pensé que Nicolas Sarkozy avait peut-être eu raison de le laisser débagouler son couplet. « Moi, président de la République… » En voulant dresser en creux le portrait de son adversaire, Hollande s’était sans doute ridiculisé avec une posture d’orateur aux accents emphatiques et pompiers. Cinq ans auparavant, en n’interrompant pas la colère factice – mais interprétée avec une réelle pugnacité – de Ségolène Royal, le même Sarkozy avait laissé cette dernière s’enferrer toute seule, donnant aux téléspectateurs l’impression d’une mégère inapprivoisable. En judo, cela consiste à utiliser la force et l’élan de l’adversaire pour les retourner ensuite contre lui.
Pourtant, en mai 2012, cette technique n’avait pas fonctionné. La tirade déclamatoire et ampoulée de François Hollande, digne d’un orateur pour comices agricoles sous la Troisième République, avait fait mouche auprès d’une opinion publique versatile et imprévisible.
Lui, président de la République…
Dix mois plus tard, la figure de style exécutée par François Hollande lui revient toutefois en pleine face. Lui, président de la République,nous voyons le chômage augmenter, la récession arriver et l’austérité avancer sur nous à grands pas. Lui, président de la République, le changement qu’il nous annonçait est resté en carafe, remplacé par une aggravation de la crise dans à peu près tous les domaines. Lui président, le redressement promis s’est effacé devant la courbe des déficits, celle-ci continuant de faire l’avion au-dessus de la barre des fameux 3 %. Et la croissance continue elle aussi de patiner sur l’étang gelé des promesses non tenues. Lui, président de la République,c’est l’impuissance, dans les habits du reniement et du mensonge, qui trône à l’Elysée.
« Les promesses ne concernent que ceux qui les croient » disaient en leur temps, avec un cynisme assumé, Charles Pasqua et Jacques Chirac. Le candidat Hollande, lui, pensait de même mais affirmait le contraire à ses électeurs.
Mardi dernier, François Fillon lors de son meeting d’anticipation (voir Présent de jeudi), au cours duquel, brûlant les étapes en même temps que la politesse à Copé et à Sarkozy, il se projetait en 2017, l’ex-Premier ministre avait tout de même décoché à l’actuel chef de l’Etat quelques flèches bien ajustées. « François Hollande se limite à des habiletés tactiques qui ne sont absolument pas à la hauteur des défis que le pays doit relever », fustigeant au passage « la petite France de M. Hollande avec ses petites blagues et ses petites gesticulations, sans ambition, sans audace, sans cap… Normale ! ». Anormalement normale dans un temps où l’économie comme la politique se déglinguent à toute berzingue.
Les habiletés tactiques qu’évoquait François Fillon ont permis à l’ancien élu de la Corrèze de se maintenir durant onze ans à la tête d’un PS qui tanguait de toutes parts. Elles lui ont aussi permis de gagner à l’esbroufe l’élection présidentielle. Mais ces habiletés politiciennes se révèlent désespérément inopérantes, voire néfastes, pour maintenir le pays à flots et plus encore pour le sortir de la tourmente dans laquelle il s’enfonce inexorablement. Les gesticulations de l’amiral Hollande, ex-capitaine de pédalo, ressemblent de plus en plus à des signaux de détresse, tandis que ses promesses se noient sous nos yeux une à une dans les vagues de plus en plus fortes d’une réalité durablement tempétueuse.
Moscovici, ébéniste de la langue de bois
Face à la menace d’un tsunami économique, le président de la République dispose en la personne de Pierre Moscovici d’un ministre des Finances qui, à défaut d’une évidente efficience, s’est affirmé comme un virtuose de la langue de bois. Sur le déficit public supérieur aux 3 %, sur la croissance en décroissance, ou autour des plans de rigueur façon lasagnes au bœuf de cheval qu’il nous concocte, Moscovici exécute à chaque fois de véritables ouvrages d’ébénisterie avec marqueterie décorative, moulures ornementales et bigarrures contreplaquées. Là où certains dénoncent la « trahison des promesses », lui parle de « stratégie gagnante » à long terme. Désindexation du barème sur le revenu, heures supplémentaires refiscalisées, cotisations sur les heures supplémentaires, hausse du forfait des travailleurs indépendants, CSG sur les revenus du capital, hausse des cotisations des retraités, hausse de la redevance TV… Tout un train de mesures relevant de la taxofolie sur lesquelles l’ébéniste de Bercy joue de la guimbarde, du rabot et du racloir pour essayer d’en dissimuler les aspects les plus rugueux. Et éviter que, dans les vides laissés par les promesses évanouies, ne s’installent trop vite le doute et la défiance. Peine perdue : ceux-ci ont déjà gagné « 2 français sur 3 »…  
L’offensive de Marine Le Pen
Nous avons ouvert cet article par une enquête d’opinion. Terminons-le par un autre sondage, censé mesurer la popularité des femmes politiques. En tête, Christine Lagarde (34 %), suivie de Marine Le Pen (31 %). Eh oui, la patronne du Front national devanceNKM (27 %), Rama Yade (27 %), Martine Aubry (21 %), Christine Taubira (21 %), Rachida Dati (19 %), Ségolène Royal (19 %), Valérie Pécresse (17 %), Najat Vallaud-Belkacem (16 %), Cécile Duflot (12 %), Aurélie Filippetti (11 %), Anne Hidalgo (10 %)… Quel que soit l’intérêt de ce genre de palmarès, celui-ci confirme tout de même de façon assez spectaculaire la poussée de popularité dont bénéficie la présidente du Front national. Bruno Jeudy, directeur du JDD où est paru ce sondage, le commentait ainsi : « Lagarde-Le Pen, c’est un peu le match du “oui” à l’Europe contre celle du “non” qui recommence. » Nous sommes effectivement au cœur du sujet. Marine Le Pen, qui prône pour la France le retrait de la zone euro, demande aujourd’hui, à l’instar du Premier ministre britannique David Cameron, l’organisation « d’un référendum pour ou contre la sortie de la France de l’Union européenne ». Rappelant que, lors du premier tour de la présidentielle, elle était arrivée en tête dans 6 286 villes, Marine Le Pen se lance à la conquête des zones urbaines, où elle perçoit « un très fort potentiel de Français abandonnés qui ont cru être les gagnants de la mondialisation mais en sont les perdants : retraités isolés, fonctionnaires démoralisés, étudiants précarisés, commerçants, artisans, professions libérales ». Tous victimes « d’un plan social massif ». Une France silencieuse à laquelle la candidate des « invisibles » entend prêter sa voix. Et désormais sa forte visibilité médiatique.
Les Italiens, en votant la semaine dernière « contre l’euro, contre la corruption, contre le système en place », système d’un capitalisme financier devenu fou, ont indiqué à la présidente du Front national, mieux encore qu’une enquête d’opinion, qu’elle tenait le bon cap. Marine Le Pen affirmait au Figaro de vendredi, « François Hollande c’est le Mario Monti français. Il applique la feuille de route exigée par nos créanciers. » Ce qui oblige les chefs d’Etat qui s’y soumettent trop servilement à se transformer en « liquidateurs » des intérêts nationaux. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal en sont les exemples les plus flagrants.
Sa popularité croissante, Marine Le Pen a pu également la mesurer jeudi dernier au Salon de l’agriculture. « On compte sur vous » lui ont lancé de nombreux participants et visiteurs. La France rurale, avec ses déserts agricoles, fait elle aussi partie de la « France oubliée, celle qui souffre en silence ». En avril dernier, la candidate du Front national avait obtenu, dans les communes de la France profonde, 23 % des suffrages lors du premier tour de l’élection présidentielle. Un sillon que les dirigeants du Front national se sont depuis appliqués à labourer méthodiquement en prévision de la récolte électorale de 2014, aux prochaines élections municipales et européennes… 
Une moisson qui s’annonce prometteuse.

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