TOUT EST DIT

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vendredi 29 mars 2013

Gagner du temps

Gagner du temps


Face à une défiance inédite, François Hollande aurait été coupable d'éviter cet exercice télévisuel. S'y prêtant, il savait qu'un oral, même porté à soixante-treize minutes, ne suffirait pas à refaire le monde et à redonner espoir aux chômeurs, aux investisseurs et aux contribuables.
Il est même à craindre pour lui que la rareté de ses interventions - c'était la première depuis sept mois - et la solennité d'un événement savamment préparé ne mettent en relief, par contraste, des explications un peu laborieuses et une vision un peu éparpillée.
François Hollande était attendu sur le terrain de la pédagogie, celui qui démontre qu'il domine son sujet et sait où l'on va. Il se devait de dissiper les malentendus qui créent des inquiétudes catégorielles et un attentisme général. Enfin, au-delà des correctifs nécessaires, on attendait qu'il frappe un grand coup en annonçant des réformes structurelles.
Pédagogue ? François Hollande est assez habile pour situer ses dix mois dans un continuum de dix ans, pour montrer que c'est pire ailleurs. Il compte toujours sur une conjonction vertueuse, dans les mois qui viennent, entre les décisions votées : les emplois d'avenir, le contrat de génération, le pacte de compétitivité, le financement des entreprises, la flexi-sécurité de l'emploi.
Dans son explication de texte, le Président confirme son cap de la rigueur en prenant un engagement sur la dépense publique : l'État dépensera moins en 2014 qu'en 2013.
Rassurant ? Oui, pour les patrons à qui il promet un allégement de la fiscalité sur la transmission d'entreprises. Rassurant pour son aile gauche puisqu'il trouve le moyen de tenir son engagement sur le fameux 75 % sans effrayer le dirigeant concerné : c'est l'entreprise qui paiera lorsque la rémunération dépassera un million d'euros annuel.
Rassurant pour le contribuable : François Hollande s'engage à ce qu'il n'y ait plus de surprise fiscale supplémentaire. Il assure les familles qu'il n'y aura pas de fiscalisation des allocations familiales, seulement un plafonnement pour les plus aisées. Rassurant pour les petits retraités. Rassurant pour les demandeurs d'emploi en mettant l'accent sur la formation.
Rassurant pour les militaires en préservant un niveau de Défense permettant de répondre à nos missions de protection, de dissuasion et d'intervention rapide. Rassurant pour le consommateur en confirmant l'effort en faveur du bâtiment, en pesant sur les loyers, le prix du gaz ou les frais bancaires, et en annonçant un déblocage de la participation pendant six mois.
Ambitieux ? Deux ans pour redresser, trois ans pour nous dépasser, dit-il. François Hollande est resté assez évasif sur la loi de décentralisation, pour le moins discret sur la réforme fiscale, imprécis sur la réforme de l'État. Impopulaire pour impopulaire, autant les faire ! Quitte à recourir aux ordonnances si sa majorité ne suit pas. En étant directif, réactif et précis, comme pour le Mali.
Même quand il dit sa confiance et sa détermination, François Hollande reste un président tiraillé entre rigueur et vigueur, entre court et long terme. Les Français veulent du travail, du pouvoir d'achat et un État plus efficace et moins coûteux. Lui, compte sur le temps. Un peu pédagogue, un peu rassurant, un peu ambitieux : tout au plus a-t-on assisté, hier soir, au modeste début d'une longue tentative de reconquête.

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