vendredi 29 mars 2013
Hollande fait son service après-vente
Une confession? Une boulette? Une prise de hauteur? Hier, sur France 2, alors qu’il tentait de vendre son pouvoir de persuasion en Europe, François Hollande a eu un peu de mal à trouver les mots pour se définir : «C’est mon rôle, non pas parce que je suis un président socialiste, d’ailleurs je ne suis maintenant plus un président socialiste, je suis le président de tous les Français, je suis le président de la France.» Comme si le chef de l’Etat avait acté hier soir une transformation, un changement. Pensait-il à sa stature ? Ou à sa politique ? En tout cas, hier, Hollande a surtout cherché à rassurer. Sur un cap : le retour de la croissance. Et son objectif : la baisse du chômage. «Je serai jugé sur un seul critère : est-ce que j’ai fait avancer la France? […] Est-ce que j’ai réussi à faire diminuer le chômage ?»
Chapelet. Les Français qui espéraient hier pouvoir comprendre les raisons de cette crise inouïe qui n’en finit pas de durer, en seront pour leur frais. Hollande a totalement manqué le début de son émission. Plutôt que de recontextualiser cette crise européenne et française et en donner une explication pédagogique, le chef de l’Etat a récité d’emblée toute la boîte à outils de sa politique économique : le contrat de génération, la création de la BPI, le pacte de compétitivité, le marché de l’emploi… Un long et fastidieux chapelet de mesures. Comme si Hollande s’était fixé une obligation: convaincre les Français qu’il y a bien une politique économique en route. Non, il n’attend pas les bras croisés le retour hypothétique de la croissance. Car, reconnaît-il, si «on l’attend, pas sûr qu’elle revienne.» «Il faut aller trouver de la croissance par nous-même par nos leviers». Et de qualifier toutes ces mesures«d’exceptionnelles». Cerise sur le gâteau, il annonce pour la première fois un «choc de simplification administrative» : «Aujourd’hui, une entreprise - petite - est obligée d’envoyer 3 000 informations par an à l’administration. Demain, il faut réduire deux fois, trois fois ce chiffre». A quand les premiers résultats? Hier, il a redit sa volonté d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année. Et annoncé pour la première fois qu’il espérait un retour de croissance avant la fin de l’année. Il a juste confessé avoir, au début de son quinquennat, sous-estimé la gravité la crise.
A défaut de tracer de nouvelles perspectives, Hollande a déminé plusieurs dossiers inflammables. Il a d’abord annoncé que la taxe sur les 75% serait payée par les entreprises, et non par les ménages. Les allocations familiales ? «Pas de fiscalisation des prestations familiales, parce que c’est absurde». Mais «que les plus hauts revenus aient les mêmes allocations, non ! Ça sera revu». La réforme des retraites ?«Comme on vit plus longtemps, il va falloir avoir des durées de cotisation plus longues». La hausse des impôts ? «En 2013, pas d’efforts supplémentaires pour les Français en 2014, il n’y aura aucune autre augmentation d’impôts», à l’exception de celle de la TVA pour financer le pacte de compétitivité. Enfin, grosse surprise, il sanctuarise pour cinq ans le budget de la défense au niveau de 2013.
L’émission s’étire, les sujets de société arrivent sur le tapis. Frigide Barjot et sa cohorte de manifestants ont-ils fait vaciller le Président sur le mariage pour tous ? Hollande a redit son engagement en faveur du mariage et de l’adoption pour tous les couples. Mais il a bien pris soin de circonscrire ce périmètre, sans l’épineuse question de la procréation médicalement assistée(PMA). Bottant totalement en touche sur cette question en affirmant qu’il «respecterait» l’avis du comité national consultatif d’éthique, attendu à la fin de l’année. Et si ledit comité dit non ? Pareil, il respectera. Il y a six semaines, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, assurait pourtant que cet avis «n’engage en rien le gouvernement». Sur le non-cumul des mandats, qui met sa majorité en émoi, Hollande a mis fin à un suspense de dix mois sans dissiper entièrement le flou. Le texte, interdisant le cumul d’un mandat de député ou de sénateur avec la présidence d’un exécutif local, «sera au Conseil des ministres la semaine prochaine, devant le Parlement le plus vite possible et appliqué avant la fin de mon mandat».
Couacs. Le sort des parlementaires réglé, Hollande est passé à ses ministres. Et, une fois de plus, comme lors de ses vœux de janvier, il a sévèrement condamné les couacs. «Vous ne pouvez pas, quand les temps sont durs pour les Français, commettre la moindre erreur, la moindre expression malheureuse. Je le répète, comme un avertissement.» Face aux ministres qui se chamaillent et aux Français qui se divisent, il a posé en président de la «réconciliation».Réaffirmant sa légitimité sortie des urnes il y a dix mois et refusant le discours des efforts pour les efforts. «Bien sûr une partie du pays ne m’apprécie pas. Et alors ? C’est le jeu démocratique, j’ai suffisamment d’expérience pour ne pas être affecté, a-t-il assuré, balayant les critiques et les attaques. Je veux faire réussir mon pays. J’ai le cuir solide et le sang froid. Pourquoi faire du sang et des larmes ? Il faut donner de l’espoir au contraire !» Hollande chef de guerre économique a conclu : «Je suis en ordre de bataille, je suis le chef de cette bataille. J’avance.»
OUI, MAIS OÙ ?
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