TOUT EST DIT

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vendredi 22 mars 2013

Comment rebondir ?

Comment rebondir ?  

Par bonheur pour la Politique avec un grand « P », la démission du ministre du Budget Jérôme Cahuzac n'a pas pollué le débat de censure, hier, à l'Assemblée. Conscients qu'ils ont plus à perdre collectivement qu'à gagner individuellement, les députés n'ont pas voulu en rajouter. En attendant d'en évaluer l'impact sur l'opinion et l'exécutif, le respect, assez partagé, de la présomption d'innocence, a permis un échange digne et de qualité.
La question n'était pas de savoir si la motion de censure, votée par une droite unanime, serait repoussée. En l'absence de suspense, elle était de se demander à qui elle profite. En la déposant quelques mois seulement après l'arrivée de la gauche, l'UMP, et surtout Jean-François Copé, en quête de légitimité pour la présidence du parti, a marqué un point, mais pris un risque.
L'addition de mesures impopulaires produit une image assez pitoyable du bilan provisoire de la majorité. Mais l'accumulation des mauvais chiffres, et la liste des mesures réclamées d'urgence, mais jamais prises, condamne autant les dix ans de droite que les dix mois de gauche. C'est pour éviter de s'entendre resservir la France en faillite de François Fillon que certains préféraient attendre.
Pour la majorité, cette motion était un danger et une opportunité. Le danger de se voir affaiblir un peu plus, au moment où l'accident Cahuzac, le meilleur d'entre nous, comme disait Jacques Chirac d'Alain Juppé, plombe l'ambiance. Et une opportunité pour redonner du sens à sa politique.
Jean-Marc Ayrault, qui captive rarement par ses talents d'orateur, a su, tout jugement de fond mis à part, prendre de la hauteur et donner du souffle et du sens au fatras des fausses annonces et des vraies décisions. Avec neuf mois de retard, il a prononcé, hier, et à la première personne, « son » discours de politique générale.
À quelques conditions
Pour reconquérir l'opinion, il en faudra davantage. Le gouvernement devra corriger certaines erreurs : personne ne comprend la confiscation d'une part salariale par la refiscalisation des heures supplémentaires, le relèvement de la TVA sur le bâtiment qui gèle le marché ou un encadrement des emplois de services qui détériore l'embauche et la qualité de vie.
Il devra clarifier sa fiscalité : comment admettre que l'on alourdisse un jour le fardeau des entreprises et qu'on leur propose, le lendemain, un crédit d'impôt d'égale ampleur ? Les Français veulent un engagement lisible du Premier ministre sur une stabilisation, plus tard sur une baisse, des prélèvements. Jean-François Copé a raison de souligner le risque de révolte fiscale.
Il devra enfin maîtriser sa communication. Revers de la concertation, chacun y va de son idée, de son coup de sonde, de sa petite fuite pour exister. L'opinion n'en peut plus de prendre, chaque matin, une douche de milliards sans savoir si ce sont des hypothèses, des décisions ou des redites. Il est grand temps de remettre de l'ordre dans la communication ministérielle.
Enfin, et surtout, il faudra des résultats. Tant que la France ne se sera pas remise à créer de l'emploi, les Français douteront de cette politique. Sans cela, la meilleure com' ne sert à rien. C'est quand on prouve son savoir-faire que l'on peut le faire savoir. Hier n'était qu'un début.

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