TOUT EST DIT

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dimanche 15 janvier 2012

Le vrai enjeu est européen

Oublions les tintamarres de campagne électorale à la Fillon-Hollande où est toujours vilipendé l’autre, pour le passé, le présent et l’avenir. Oublions aussi les cris d’orfraie des seconds couteaux prompts à accuser les agences de notation de toutes les turpitudes : casser le thermomètre n’a jamais guéri un malade. La dégradation de la note française, avec celle de huit autres États, ouvre deux débats économiquement bien plus sérieux : celui de l’opportunité des politiques de rigueur jusqu’à présent avancées comme seuls remèdes à la crise, et celui des égoïsmes nationaux destructeurs de l’euro et des économies européennes.
Ainsi, dans son analyse sur la France et la zone euro, Standard § Poor’s (pourtant pas une officine d’extrême gauche...) constate qu’un «paquet de réformes ne reposant que sur le seul pilier de l’austérité budgétaire risque de devenir auto-destructeur». Car manquent de vraies initiatives de croissance, capables de ressusciter le dynamisme jusqu’à une relance. Manque surtout une volonté européenne crédible puisque, toujours selon S§P, «l’efficacité, la stabilité et la visibilité des politiques et des institutions européennes n’ont pas été aussi fermes que... nécessaires». S’ajoute une pique adressée à l’Allemagne: S§P révèle que les difficultés actuelles de l’Euroland ont également pour origine « des déséquilibres extérieurs croissants, des divergences dans la compétitivité entre le noyau de la zone euro et sa périphérie». Plus clairement, cela signifie que les champions de l’exportation intra-européenne (l’Allemagne en premier lieu) ont su profiter de toutes les demandes de leurs partenaires pour ensuite leur reprocher de s’endetter à outrance.. et de les punir.
Certes, les considérations des agences de notation ne sont pas paroles d’Évangile. Mais elles traduisent parfaitement, de Washington à Pékin, tout le mal pensé des incapacités européennes, en commençant par la paralysie des dirigeants politiques enferrés dans des schémas passéistes. Car cela saute aux yeux: conserver une monnaie unique signifiera adopter une politique commune, économique, fiscale, budgétaire, sociale à compléter par une «vraie» banque centrale européenne, donc une gouvernance fédérale, forcément solidaire. Mais qui le veut vraiment ? Personne.
Alors, en attendant, les Européens feront comme d’habitude. En bricolant de sommet en sommet des compromis boiteux, alliances de circonstances comprises – pourquoi pas demain Paris et Rome contre Berlin ? – dans l’espoir de retarder les échéances fatales: la fin de l’euro, faute de solidarité européenne, peut-être aussi la fin de l’Union européenne sous sa forme actuelle. Faut-il le dire ?

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