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dimanche 15 janvier 2012

S&P : l'Allemagne peut être impactée par les dégradations

Berlin croit au prochain rétablissement des pays dégradés. L'Allemagne conserve son AAA mais pourrait avoir à payer plus dans le cadre du fonds de sauvetage européen. Ce qui pourrait finir par menacer sa note.

De notre correspondant à Berlin.
Berlin a réagi avec sang froid à la décision de Standard & Poor's d'abaisser la note de 9 pays de la zone euro. L'Allemagne, seul pays de l'eurozone à avoir conservé à la fois son AAA et sa perspective stable, dit ne pas avoir été totalement surprise par cette nouvelle, montrant ainsi qu'elle y était préparée et qu'elle ne cède pas à la panique. La première économie européenne a aussi affiché sa solidarité avec la France, son principal partenaire. Cependant, certains députés de la majorité de centre-droit au pouvoir redoutent une augmentation de la facture du sauvetage de la zone euro pour leurs contribuables.
«La France est sur la bonne voie», a ainsi jugé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, ajoutant qu'il ne fallait pas «surestimer» le rôle des agences de notation. Schäuble a avoué «ne pas être complètement surpris» par l'abaissement des notes dans la zone euro. Il a souligné que seule Standard & Poor's avait dégradé la France, alors que les deux autres grandes agences internationales d'évaluation financière, Moody's et Fitch, attribuent toujours, pour l'instant, un «triple A» à la France.

«Nous sommes ensemble sur la bonne voie»

Véritable pilier du gouvernement d'Angela Merkel, le ministre des Finances n'a pas exclu que la décision de Standard & Poor's sur la France puisse avoir un impact en l'Allemagne. «Je crois que nous sommes tous étroitement liés les uns aux autres. Pour cette raison, cela ne nous laisse pas indifférents», a-t-il dit. «Nous savons qu'il y a une incertitude vis-à-vis de la zone euro, a ajouté Wolfgang Schäuble. Nous devons tous ensemble tenir les règles, renforcer la compétitivité, nous le faisons tous ensemble». Il a rappelé les développements positifs dans la zone euro au cours de cette semaine, notamment les placements réussis de dette souveraine italienne et espagnole, et a insisté: «Nous sommes ensemble sur la bonne voie».
A l'instar de son ministre des Finances, la chancelière allemande s'est efforcée de relativiser l'importance de la décision de S&P. «Je souligne qu'il ne s'agit que des décisions d'une agence parmi trois, a-t-elle dit. La décision ne nous a pas totalement surpris après les discussions des dernières semaines». Angela Merkel estime néanmoins que la dégradation de neuf pays de la zone euro par l'agence de notation montre qu'il reste «encore un long chemin avant que la confiance des investisseurs soit rétablie». «Il est cependant aussi visible que nous sommes engagés de façon décidée sur ce chemin d'une monnaie stable, de finances solides et d'une croissance durable», a-t-elle ajouté.
Outre-Rhin, la nouvelle a aussi été accueillie avec sang froid par les milieux économiques. «C'est un coup dur pour les efforts de sauvetage dans la crise de la dette, mais ce n'est pas dramatique. Les rumeurs couraient sur les marchés depuis un certain temps et ce n'est pas une surprise», affirme Marco Bargel, chef économiste de la Postbank. «C'est la solvabilité de l'Italie et de l'Espagne qui sont mises en cause et non celle de la France, ajoute Jörg Kramer, chef économiste de la Commerzbank. C'est pourquoi le refinancement de ces deux pays est décisif». Jörg Kramer estime que les conséquences ne seront pas dramatiques pour la France et de citer en exemple les cas du Japon, qui a perdu son AAA depuis longtemps, et des USA qui «s'accommodent très bien» de leur AA.

L'Allemagne craint un impact pour son propre AAA

Cependant, les députés de la majorité de la chancelière s'inquiètent des conséquences pour l'Allemagne de cette vague de dégradations par Standard & Poor's. Les pays qui viennent d'être dégradés vont refinancer leurs propres dettes sur les marchés à des taux un peu moins bons. Dès lors, les moyens qu'ils peuvent consacrer à l'effort collectif pour abonder un fonds de sauvetage, destiné aux pays de la zone euro en grande difficulté, s'en trouveront réduits. En compensation, dans le cadre de la solidarité en zone euro, l'Allemagne pourrait donc avoir à contribuer davantage au financement de ce fonds. Du fait de cette probable charge financière supplémentaire, le député conservateur (CDU) Klaus Peter Willsch redoute que l'Allemagne perde à son tour son AAA et estime qu'il faut repenser la gestion de la crise de la dette. «Nous devons enfin cesser de soustraire totalement certains pays à leur responsabilité vis-à-vis des marchés en refinançant grâce à des mécanisme d'aide qui mutualisent la dette. Sinon l'Allemagne perdra elle aussi sa notation AAA et le sauveteur de la zone euro croulera lui-même sous le poids que lui fait porter la zone euro», prévient Willsch, membre de la Commission des Finances du Bundestag.
Frank Schäffler, responsable des questions financières du FDP, principal partenaire de coalition de la chancelière, met lui aussi en garde contre les conséquences de la dégradation pour le contribuables allemand. Il juge lui aussi que cette décision alourdira le fardeau de Berlin dans les efforts de sauvetage au sein de la zone euro, et avance même un chiffre: «L'Allemagne ne contribuera plus à 40% au AAA au Fonds européen de stabilité financière (FESF) mais devra porter sa contribution à près de 70%», estime-t-il. Pour Frank Schäffler, les garanties à hauteur de 211 milliards d'euros, votées par le Bundestag, ne suffiront plus. «Cela pèsera aussi à terme sur le AAA allemand», prévient-il. Angela Merkel peut s'attendre à faire face à des vives secousses au Bundestag.

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