TOUT EST DIT

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mardi 2 octobre 2012

"le temps des larmes" 

 
Le temps des larmes est venu. Il était annoncé depuis longtemps, il s'inscrit dans la logique de la crise économique. Et s'il vient si tard, c'est du fait de l'élection présidentielle qui a reculé de quelques mois les échéances sociales. Ce sursis a donné à certains Français l'impression qu'on exagérait la portée de la crise. Les derniers chiffres concernant le chômage et les premières annonces de plans sociaux importants viennent démentir définitivement cette illusion. Quelle réponse apporte le pouvoir à ces premiers orages ? Un discours moins triomphant que durant l'été. Une politique écrasée par les réalités. Bref, un aveu d'impuissance.
La politique suivie par le gouvernement repose toujours sur les mêmes objectifs : une hypothèse de croissance à 0,8 % pour 2013 et la réduction du déficit à 3 %. Mais même dans les rangs socialistes on estime irréalisable cette ambition. "Objectif intenable", avoue le président de l'Assemblée nationale. Dès à présent on peut donc prévoir que l'effort budgétaire supplémentaire de 37 milliards d'euros prévu pour 2013 sera insuffisant. On en imagine les conséquences fiscales.
Le même accent est toujours mis sur la croissance. Mais c'est un vain mot en la circonstance, puisque le gouvernement ne se donne pas les moyens de l'assurer. Le matraquage fiscal - n'en déplaise à Moscovici - qui frappe l'entreprise va à contresens d'une politique de relance. On semble avoir compris, un peu tard, que les PME sont un agent précieux dans une stratégie de croissance. Mais elles sont dépendantes des grandes entreprises, et l'on frappe et l'on décourage celles-ci.
Quant à l'emploi, la marge de manoeuvre du gouvernement est extrêmement faible. Quel plan social a-t-il le pouvoir de rejeter ? L'ayant compris, il a mis fin à ses rodomontades. Il en est réduit à un rôle d'assistance sociale. Une sorte de Samu social. Le pauvre Montebourg, nommé pour donner de l'élan à l'industrie, passe ses jours et ses nuits à tenter avec un zèle admirable de trouver, quasiment au cas par cas, des solutions propres à réparer sur le terrain les dégâts sociaux provoqués par les difficultés des entreprises. Triste symbole d'une misère...
Le temps de la colère est-il venu avec celui des larmes ? L'exemple de l'Espagne et de la Grèce, parmi les pays dont nous suivons la pente, devrait nous éclairer. Le mécontentement y est très fort, mais l'expression de la révolte n'y est qu'épisodique. Et à chaque pays sa spécificité politique. À cet égard, François Hollande et son gouvernement ont pour eux de n'être en place que depuis peu de temps. Leur plongée dans les sondages ne peut plus guère s'accentuer, ils bénéficient par là même d'un sursis. Mais surtout, ils jouissent d'une précieuse immunité parlementaire, du fait du poids de leur majorité. Celle-ci est certes incontrôlable, mais elle se souderait dans des circonstances mouvementées.
La France est politiquement structurée. L'extrême gauche y est représentée au Parlement. L'extrême droite fait partie depuis trente ans du patrimoine national, et elle est plus dérangeante par son verbe que par son action. On voit mal, dans ces conditions, la colère populaire s'exprimer autrement que sous des formes ponctuelles et éphémères. 
La France n'est pas aujourd'hui dans des dispositions aventureuses.

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