Il bouscule la droite, qui dénonçait un mandat alangui (tout en priant pour que le président n’intervienne pas à Fessenheim). Et il donne un gage à ses alliés ; les écologistes ne pourront pas l’accuser d’avoir oublié ses promesses électorales (même si certains réclament encore la fermeture en 2013 et non en fin de mandat).
L’annonce d’hier procède au moins autant de la tactique politique que de la politique énergétique. En sa qualité de plus vieille installation nucléaire française, Fessenheim est plus qu’une centrale, un symbole. La fermer souligne que gouvernement de droite et gouvernement de gauche ne sont pas équivalents. C’est une rupture supplémentaire avec l’ère Sarkozy.
C’est aussi une victoire des écologistes qui, de poil à gratter qu’ils étaient au cours des années 1980, sont devenus une composante indéniable de la gauche parlementaire. Avoir arraché la fermeture de Fessenheim est leur victoire la plus retentissante. Les Verts alsaciens y sont pour beaucoup, eux qui avaient créé dès 1977 une radio locale (à l’époque clandestine), « Radio Verte Fessenheim », chargée de dénoncer globalement les enjeux, civils et militaires, de la filière nucléaire.
Mais la fermeture de Fessenheim (en vue de laquelle il faudra prendre en compte les salariés et les budgets communaux) ne signifie pas que la France sort du nucléaire. Nombreux sont les socialistes convaincus que l’atome a de l’avenir et que les énergies renouvelables ne peuvent pas relayer à court terme les énergies fossiles.
En ce sens, la fermeture de Fessenheim ménage la chèvre industrielle et le chou environnementaliste. On débranche un site, pas la filière. Les Verts en sont conscients ; c’est pourquoi ils pavoisent sans excès. La fermeture de Fessenheim n’épuise nullement le débat de fond sur le futur du nucléaire en France. S’agissant de la délicate « transition énergétique », on n’est pas encore dans le noyau dur.
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