Cette léthargie, nous l’avons déjà connue dans le passé.
Après la victoire de 1918, nous nous sommes reposés sur nos lauriers. Nous avons voulu croire, contre toute évidence, que la paix était définitive. Lorsque nous avons ressenti quelques doutes, nous avons construit une ligne Maginot. Mais c’était illusion que de s’abriter derrière une muraille. En face, on travaillait 60 heures par semaine. En France, on instaurait les 40 heures, on construisait moins d’avions, on avait gardé la vieille tactique du char de combat en appui de l’infanterie, quand les Allemands forgeaient les divisions blindées qui attaquaient massivement.
Nous avons été pulvérisés, mais nous nous sommes ressaisis dans la Résistance et la France Libre, qui nous valurent de faire partie des vainqueurs et… d’obtenir ce siège avec droit de veto au Conseil de sécurité de l’Onu. Nous avons alors cru que nous étions redevenus définitivement une grande puissance. Mais nous nous sommes épuisés dans d’inutiles et tristes guerres coloniales. Il est vrai cependant que nous avons courageusement reconstruit le pays au cours des Trente glorieuses.
Par-delà les sensibilités politiques
Mais nous avons dérapé : « Trois décennies de vie à crédit qui ont dilapidé le formidable héritage des trente années précédentes ! », s’exclame Nicolas Baverez. Qui en porte la responsabilité ? La droite et la gauche, pendant cette période, ont gouverné chacune quinze ans. Nous sommes donc tous responsables et nous devons tous, aujourd’hui, participer au règlement des dettes accumulées et aussi nous réformer pour ne plus nous mettre dans une telle situation.
Pour cela, il faut sortir de nos illusions. « La France était un pays riche et prospère. Elle ne l’est plus… Tous les moteurs de l’activité sont au point mort… La consommation est bridée par les nécessaires hausses d’impôts, l’investissement stagne, les exportations s’écroulent, la croissance est à l’arrêt… » Ne pensons pas dès lors que nous allons retrouver nos aises d’avant la crise sans passer par des années d’épreuves. Voilà le triste constat de l’économiste.
Alors que faire ? Nous prendre en main, agir car « l’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire », disait Bergson. Aujourd’hui, cela signifie réformer l’État, garant des enjeux de l’avenir. Refonder l’entreprise, lieu de création d’emplois, de richesses pour le pays, et améliorer sa compétitivité. Pour y parvenir, il faut retrouver une volonté de vivre ensemble et donc éviter la fuite des élites, l’exclusion des jeunes. Accepter les contraintes qu’exige de nous la construction de l’Europe.
Il faut cesser de rêver de protectionnisme ou de fermetures de frontières, ce dont il a été fortement question lors de la dernière campagne électorale. Il faut oser affronter le vent du large dans un effort qui mobilise tous les citoyens, par-delà les diverses sensibilités politiques, et ne pas oublier que « le péril s’évanouit lorsqu’on le regarde en face » (2).
(1) Éditions Fayard.
(2) Chateaubriand, cité par l’auteur.
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