Après le traité européen, après le chantier de la
compétitivité des entreprises mis sur la table et notamment la question
du financement de la protection sociale, après la politique de fermeté à
l’égard des camps de Roms, Hollande et son gouvernement donne une
nouvelle fois raison a posteriori à Nicolas Sakozy. Cette fois, c’est
sur les accords « Compétitivité-emploi » lancés par le précédent
président au début de l’année 2012.
Dimanche soir, François Hollande a relancé le chantier de la
« flexi-sécurité » et souligné l’urgence qu’il y avait pour les
partenaires sociaux d’aboutir à un accord. Dimanche 8 septembre, le chef
de l’Etat a évoqué, lors de son intervention sur TF1, la nécessité de
« réformer le marché du travail, pour que ce soit plus souple et en même
temps plus protecteur ». Pour ce faire, il juge qu’il pourrait être
possible aux entreprises « de recourir au travail partiel en cas de
période difficile », si cela se fait « dans le dialogue social ». Dans
le fond comme dans la forme, il devient Sarkozyste : si patronat et
syndicats ne se sont pas mis d’accord d’ici la fin de l’année, l’état
prendra ses responsabilités. Autrement dit, il y aura une loi. Du
Sarkozy pur sucre.
L’idée est naturellement reprise par le premier ministre : mardi 10
septembre, au micro d’Europe 1, notre gentil premier ministre chargé de
l’après-vente et du paratonnerre présidentiel, a estimé nécessaire de
« trouver un compromis (…) : Il faut donc donner des garanties aux
salariés, et en même temps savoir tenir compte de certaines réalités. »
Si le mot n’est pas prononcé, le couple exécutif évoque bel et bien le
concept de « flexi-sécurité », qui tente d’associer une plus grande
flexibilité salariale en échange d’une plus grande sécurité en matière
d’emploi. Un discours qui n’est pas sans rappeler celui tenu début 2012
par… Nicolas Sarkozy, qui avait lancé une négociation en la matière au
début de l’année. Retour sur les mensonges, faux semblants, postures et
impostures de la majorité sur cette question, pourtant cruciale.
Un chantier lancé par Nicolas Sarkozy : Sarkozy avait en effet lancé,
à la fin janvier, une grande négociation baptisée « accords
compétitivité-emploi ». Il s’agissait, selon les mots du
président-candidat d’alors, de demander « aux partenaires sociaux de
négocier ces accords compétitivité-emploi dans les deux mois qui
viennent », afin qu’ »une majorité de salariés » puisse se mettre
« d’accord dans une entreprise pour décider leur durée de travail, de
privilégier le salaire sur l’emploi… ». Une solution de souplesse aux si
rigides 35 heures puisque ce dispositif permettait de moduler le temps
de travail en fonction de l’activité, en utilisant le salaire comme
variable d’ajustement (et non pas l’emploi). Une négociation saluée par
le MEDEF et la CFDT qui se disent prêts à négocier, au contraire de la
CGT et de FO.
Hollande entre « faux prétexte » et renégociation : La gauche est
alors vent debout contre cette idée, et le fait savoir. « Il faut que
les salariés le sachent, il n’y aura plus de code du travail, il n’y
aura plus de loi qui les protégera », s’était emporté Benoît Hamon,
alors porte-parole du PS, à cette annonce. Le candidat socialiste,
François Hollande, évacuait la question : « La compétitivité est un faux
prétexte. Ce n’est pas en baissant de quelques points les cotisations
patronales qu’il y aura quelque progrès que ce soit pour notre commerce
extérieur », jugeait-il. Pire, lors d’une visite à Gandrange, fin
février, il tançait « ces accords qui sont discutés dans un moment qui
tombe parfaitement mal ». Mais plutôt que de les abroger, il promettait :
« Ils ne verront pas le jour et nous aurons à cœur de faire en sorte
que les syndicats puissent négocier dans de bonnes conditions des
accords sans avoir à remettre en cause la durée légale du travail, parce
qu’en l’occurrence, c’est ça qui est recherché. »
jeudi 13 septembre 2012
Quand Hollande donne (encore) raison à Sarkozy… (1/2)
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