jeudi 13 septembre 2012
Boomerang
En confiant à Emmanuel Sartorius, début juillet, un rapport
d’expertise sur la situation du groupe PSA, le gouvernement avait, dans
l’urgence, réagi face à l’émotion née de l’annonce, par le constructeur
automobile, de la suppression de 8000 emplois en France. Mais
l’opération, uniquement destinée à gagner du temps, risque bien de se
retourner contre l’exécutif. Car, après avoir crié que le plan de PSA
n’était « pas acceptable », le vibrionnant ministre du Redressement
productif, Arnaud Montebourg, ne peut aujourd’hui juger, sans écorner sa
crédibilité, qu’une restructuration est « inévitable ».
François
Hollande en sort, lui aussi, affaibli. Quand il déclare que les pouvoirs
publics « feront tout » pour « réduire l’ampleur des suppressions de
postes », les Français n’entendent qu’une chose : « Nous sommes
impuissants. » Sans le dire ouvertement, le président de la République
reprend, sur le fond, l’aveu, concernant Michelin, qui avait tant coûté à
Lionel Jospin, alors Premier ministre, en 1999. Et sur la forme,
Hollande fait du Sarkozy, tout en ne parvenant pas à se montrer aussi
convaincant. Question de style.
Si le diagnostic du groupe PSA
dressé dans le document transmis au gouvernement n’a, en soi, rien de
surprenant dans la mesure où la surcapacité de l’outil industriel,
l’insuffisante internationalisation et la chute des ventes, notamment en
Europe, dans un marché ultra-concurrentiel, étaient connues, le rapport
Sartorius résume tout ce que la société française compte de blocages :
repli sur soi, manque de vision stratégique à long terme, retard
d’adaptation, fragilité financière, dialogue social déficient…
Plutôt
que de s’arrêter sur les responsabilités, il reste à en tirer les
leçons. S’il veut garder le statut de constructeur mondial qu’il
revendique, le groupe industriel doit, rapidement, se réveiller et, face
à son partenaire General Motors, jouer à fond la carte de l’innovation.
De leur côté, syndicats et organisations patronales doivent prendre
conscience de l’importance d’une refondation des relations sociales qui
ne peuvent plus être basées sur l’affrontement, mais sur le partenariat.
Charge au gouvernement de mettre tout ceci en musique. En quelque
sorte, à ne pas se limiter aux mots, mais à véritablement traiter les
maux.
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