Après
le traité européen, après le chantier de la compétitivité des
entreprises mis sur la table et notamment la question du financement de
la protection sociale, après la politique de fermeté à l’égard des camps
de Roms, Hollande et son gouvernement donne une nouvelle fois raison a
posteriori à Nicolas Sakozy. Cette fois, c’est sur les accords «
Compétitivité-emploi » lancés par le précédent président au début de
l’année 2012.
L’élection présidentielle arrive et les partenaires sociaux n’ayant
pas trouvé un accord, ils décident d’ajourner la négociation en
attendant de rencontrer le nouvel exécutif. Début juillet, Jean-Marc
Ayrault est définitif: « La négociation compétitivité-emploi, mal
engagée, n’est plus à l’ordre du jour », estime-t-il, même si le
président ne ferme pas complètement la porte avec une formule alambiquée
dont il a le secret et qui permet de ne froisser personne : Si on ne
parle plus d’accords « compétitivité-emploi », mais de « plans
collectifs de sauvegarde de l’emploi », le fonds du projet est
relativement proche : « Une réflexion sur le contrat de travail doit
être engagée », estime M. Hollande en ouverture de la conférence
sociale, avant d’évoquer « des formules nouvelles (…) pour prévenir les
plans sociaux ou en limiter l’impact ». Les partenaires sociaux se
montrent cette fois un peu plus prêts à débattre. En même temps, à ce
moment-là, les syndicats ne se rendent pas bien compte de ce que le
gouvernement a en tête…
Fin août, alors que les mauvaises nouvelles se succèdent sur le front
de l’emploi, Jean-Marc Ayrault demande aux partenaires sociaux, lors de
l’ouverture de l’université d’été du Medef, d’ »‘accélérer le rythme »
sur ces accords, dont le nom est désormais « sécurisation de l’emploi »,
mais qui restent dans le contenu très proches. Le patron de la CGT,
Bernard Thibault, qui comprend alors qu’on lui ressert les fameux
accords de « fléxi-sécurité », s’emporte contre Laurence Parisot, la
présidente du Medef, qui « veut avoir des accords de
compétitivité-emploi, comme ceux préconisés par l’ancien président de la
République. Je pense que ça va être très difficile de trouver un accord
sur ce terrain là. » Le Medef souhaite en effet des accords impliquant
la possibilité de négocier sur le temps de travail. La CGT et FO sont
fermement opposés à cette idée. Le gouvernement, pour ne pas se renier
trop vite ou trop fort, essaie de contenter tout le monde… et essaie
d’appeler un chat un chien ! Jean-Marc Ayrault demande ainsi de » faire
en sorte qu’en cas de difficultés, toutes les solutions, toutes les
alternatives soient bien prises en compte ». Michel Sapin, le ministre
du travail, évoque à son tour une » négociation sur les aspects de la
sécurisation des emplois pour les salariés, mais aussi pour les
entreprises elles-mêmes ».
Arrive enfin la rentrée et ses mauvaises nouvelles. On parle ici des
plans sociaux qui se succèdent et non des sondages. Les postures
démagogiques laissent place à un profond désarroi qui ferait de la peine
si on ne parlait pas du gouvernement de la France. Cette fois, le
gouvernement sort du bois. Michel Sapin est totalement limpide dans son
document d’orientation sur le chantier de la sécurisation de l’emploi,
qu’il transmet aux partenaires sociaux, en leur demandant de tout faire
pour enfin faire avancer ces négociations, qui piétinent. Il écrit en
effet : »Renforcer la sécurité de l’emploi – au niveau individuel du
salarié dans son parcours professionnel comme au niveau collectif de
l’entreprise –, c’est nécessairement concilier : la protection et
l’accompagnement des salariés (…), les marges d’adaptation des
entreprises (…), particulièrement utiles pour surmonter les chocs
conjoncturels ; un haut niveau de dialogue social dans les
entreprises », écrit-il. Si le mot de « temps de travail » n’est pas
prononcé, personne n’est dupe. Il s’agit bien du même objectif que celui
proposé par Nicolas Sarkozy, même s’il s’accompagnerait cette fois de
« garanties juridiques » données aux deux parties, et si la durée légale
du travail ne serait pas modifiée en droit. « »Le document relève, par
certains aspects, d’une philosophie, telle qu’elle a été défendue dans
le cadre des accords de compétitivité-emploi », constate Agnès Le Bot,
de la CGT. Les partenaires sociaux ont désormais jusqu’à la fin de
l’année pour discuter la question. Sinon l’Etat légiférera. Exactement
comme sous Sarkozy.
Comprenons nous bien : nous n’avons qu’à nous réjouir du pragmatisme
dont fait preuve, enfin, le nouvel exécutif. Il nous semble néanmoins
juste de rappeler la chronologie des faits d’une part et les réactions,
horrifiées de la gauche, du PS et de son candidat lorsque Sarkozy avait
lancé ce sujet. Cela illustre, encore une fois, les postures
électoralistes du candidat Hollande, qui, une fois élu, reprend à son
compte une grande partie des propositions de son opposant.
jeudi 13 septembre 2012
Quand Hollande donne (encore) raison à Sarkozy… (2/2)
Vous avez dit
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