TOUT EST DIT

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jeudi 13 septembre 2012

Quand Hollande donne (encore) raison à Sarkozy… (2/2)

Après le traité européen, après le chantier de la compétitivité des entreprises mis sur la table et notamment la question du financement de la protection sociale, après la politique de fermeté à l’égard des camps de Roms, Hollande et son gouvernement donne une nouvelle fois raison a posteriori à Nicolas Sakozy. Cette fois, c’est sur les accords « Compétitivité-emploi » lancés par le précédent président au début de l’année 2012.
L’élection présidentielle arrive et les partenaires sociaux n’ayant pas trouvé un accord, ils décident d’ajourner la négociation en attendant de rencontrer le nouvel exécutif. Début juillet, Jean-Marc Ayrault est définitif: « La négociation compétitivité-emploi, mal engagée, n’est plus à l’ordre du jour », estime-t-il, même si le président ne ferme pas complètement la porte avec une formule alambiquée dont il a le secret et qui permet de ne froisser personne : Si on ne parle plus d’accords « compétitivité-emploi », mais de « plans collectifs de sauvegarde de l’emploi », le fonds du projet est relativement proche : « Une réflexion sur le contrat de travail doit être engagée », estime M. Hollande en ouverture de la conférence sociale, avant d’évoquer « des formules nouvelles (…) pour prévenir les plans sociaux ou en limiter l’impact ». Les partenaires sociaux se montrent cette fois un peu plus prêts à débattre. En même temps, à ce moment-là, les syndicats ne se rendent pas bien compte de ce que le gouvernement a en tête…
Fin août, alors que les mauvaises nouvelles se succèdent sur le front de l’emploi, Jean-Marc Ayrault demande aux partenaires sociaux, lors de l’ouverture de l’université d’été du Medef, d’ »‘accélérer le rythme » sur ces accords, dont le nom est désormais « sécurisation de l’emploi », mais qui restent dans le contenu très proches. Le patron de la CGT, Bernard Thibault, qui comprend alors qu’on lui ressert les fameux accords de « fléxi-sécurité », s’emporte contre Laurence Parisot, la présidente du Medef, qui « veut avoir des accords de compétitivité-emploi, comme ceux préconisés par l’ancien président de la République. Je pense que ça va être très difficile de trouver un accord sur ce terrain là. » Le Medef souhaite en effet des accords impliquant la possibilité de négocier sur le temps de travail. La CGT et FO sont fermement opposés à cette idée. Le gouvernement, pour ne pas se renier trop vite ou trop fort, essaie de contenter tout le monde… et essaie d’appeler un chat un chien ! Jean-Marc Ayrault demande ainsi de » faire en sorte qu’en cas de difficultés, toutes les solutions, toutes les alternatives soient bien prises en compte ». Michel Sapin, le ministre du travail, évoque à son tour une » négociation sur les aspects de la sécurisation des emplois pour les salariés, mais aussi pour les entreprises elles-mêmes ».
Arrive enfin la rentrée et ses mauvaises nouvelles. On parle ici des plans sociaux qui se succèdent et non des sondages. Les postures démagogiques laissent place à un profond désarroi qui ferait de la peine si on ne parlait pas du gouvernement de la France. Cette fois, le gouvernement sort du bois. Michel Sapin est totalement limpide dans son document d’orientation sur le chantier de la sécurisation de l’emploi, qu’il transmet aux partenaires sociaux, en leur demandant de tout faire pour enfin faire avancer ces négociations, qui piétinent. Il écrit en effet : »Renforcer la sécurité de l’emploi – au niveau individuel du salarié dans son parcours professionnel comme au niveau collectif de l’entreprise –, c’est nécessairement concilier : la protection et l’accompagnement des salariés (…), les marges d’adaptation des entreprises (…), particulièrement utiles pour surmonter les chocs conjoncturels ; un haut niveau de dialogue social dans les entreprises », écrit-il. Si le mot de « temps de travail » n’est pas prononcé, personne n’est dupe. Il s’agit bien du même objectif que celui proposé par Nicolas Sarkozy, même s’il s’accompagnerait cette fois de « garanties juridiques » données aux deux parties, et si la durée légale du travail ne serait pas modifiée en droit. «  »Le document relève, par certains aspects, d’une philosophie, telle qu’elle a été défendue dans le cadre des accords de compétitivité-emploi », constate Agnès Le Bot, de la CGT. Les partenaires sociaux ont désormais jusqu’à la fin de l’année pour discuter la question. Sinon l’Etat légiférera. Exactement comme sous Sarkozy.
Comprenons nous bien : nous n’avons qu’à nous réjouir du pragmatisme dont fait preuve, enfin, le nouvel exécutif. Il nous semble néanmoins juste de rappeler la chronologie des faits d’une part et les réactions, horrifiées de la gauche, du PS et de son candidat lorsque Sarkozy avait lancé ce sujet. Cela illustre, encore une fois, les postures électoralistes du candidat Hollande, qui, une fois élu, reprend à son compte une grande partie des propositions de son opposant.  

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